Bleus - Lloris, capitaine par l'exemplarité

"Les leaders ne sont pas ceux qui parlent, mais ceux qui sont fiables." Début juin, Christian Gourcuff nous donnait sa définition propre du leader. Elle s'appliquait alors à Laurent Koscielny mais elle permet aussi de mieux comprendre pourquoi Hugo Lloris va porter pour la 55e fois le brassard de l'équipe de France dimanche et devenir le capitaine le plus capé de l'histoire des Bleus. C'est d'abord sa fiabilité qui l'a installé au rang de capitaine en novembre 2010 pour une victoire en amical en Angleterre (2-1).

"Un vrai choix, pas par défaut", avait prévenu Laurent Blanc lors de l'intronisation du jeune portier. C'est Claude Puel qui lui avait confié son premier brassard chez les professionnels à Lyon : "Pour sa grosse maturité malgré son jeune âge, sa bonne analyse et son talent", nous avait détaillé son ancien coach à l'OL. Son capitanat s'est toujours accompagné d'un doute : est-il un meneur d'hommes ? Est-il un aboyeur capable de remettre le collectif dans le bon sens ? Chez les Bleus, son style tranche avec celui d'un Patrice Evra, capitaine en Afrique du Sud. Bavard, la langue bien pendue, Tonton Pat pouvait parfois friser l'arrogance. Chez Lloris, tout est soupesé, calculé. Ses conférences de presse ne déclenchent pas la fièvre, c'est plutôt encéphalogramme plat.

"C'est sûr que ce n'est pas un bon client pour vous, les journalistes", s'est amusé Frédéric Antonetti, qui l'a lancé chez les professionnels à Nice, lorsqu'on lui a posé la question. "Mais c'est parfait pour un entraîneur. Je ne dirais pas qu'il fait de la langue de bois. Il dit l'essentiel." Et dans le vestiaire ? "C'est pareil", affirme le technicien corse. "Il parle peu mais on l'écoute." Noël Le Graët, son président à la FFF, trace le même sillon : "Pour être un meneur d’hommes, il ne faut pas hurler, il faut être respecté. Il dit peu de mots mais ils sont justes. Il est extrêmement réfléchi."

Lloris a porté le brassard lors de 69% de ses matches avec les Bleus (78 sélections), un record partagé avec un certain Michel Platini. Comme l’ancien meneur des Bleus, il a toujours été régulier dans ses performances même s’il n’a jamais porté le collectif comme lui. Le Niçois n'a coûté aucune victoire aux siens. Il y eut bien ces deux boulettes en Biélorussie en septembre 2013 mais sans conséquence (victoire 2-4). Rappelons qu'il souffrait alors d'une gastro-entérite. "Son autorité vient d'abord de son exemplarité, il est irréprochable", a continué Antonetti. "Même à Nice, lorsqu'il était très jeune, c'était un leader par son exemplarité avec un haut niveau de réflexion."

Depuis un mois, lorsque les joueurs de l'équipe de France sont invités à révéler qui sont les leaders du groupe, trois noms reviennent régulièrement sur le tapis : Patrice Evra, Blaise Matuidi et Hugo Lloris. Si le portier des Bleus a sauvé les siens face à la Roumanie d'un réflexe crucial, les deux autres ont connu de grosses turbulences depuis dix jours. Voilà pourquoi les "22 joueurs ont une grande admiration pour lui", selon Le Graët. Voilà pourquoi il va dépasser dimanche, à 29 ans, Didier Deschamps et devenir le recordman du nombre de brassards dans l'histoire des Bleus.