Les Bleus n'ont plus connu le grand frisson depuis un bail mais il ne faut pas s'en faire pour eux

C'est un autre tournoi qui commence. Cette fois, pas de porte de secours, pas de filet de sécurité : "Win or go home", comme l'a annoncé Yohan Cabaye. France-Irlande, un match couperet, un 8e de finale qui n'aura absolument rien à voir avec la phase de poules. Les jambes des Bleus ont tremblé en ce début d’Euro, notamment pour le match d'ouverture face à la Roumanie (2-1). Ont-ils les épaules pour dominer la pression d'un match sans retour ?

Sept des onze joueurs qui débuteront dimanche ont disputé au moins quelques minutes du 8e et/ou du quart de finale de la dernière Coupe du monde au Brésil. Ce ne fut pas une immense réussite pour la plupart d’entre eux et certains ont semblé plier sous le poids du contexte. A commencer par Blaise Matuidi, Olivier Giroud ou Patrice Evra dont les rendements ont grandement diminué sitôt la phase de poule achevée. Ils ont une excuse, la France a perdu l’habitude de ces matches couperets.

Depuis sa finale du Mondial 2006, elle n’a disputé que trois matches dans le tableau final d’une grande compétition. Pour une seule victoire (Nigeria, 2-0, 8e de finale de la Coupe du monde 2014). A l’Euro ? La France n’a plus remporté le moindre match à élimination directe depuis sa finale à Rotterdam face à l’Italie (2-1, a.p.) le 2 juillet 2000.

Face aux Super Eagles, lors du 8e "brésilien", Paul Pogba avait ouvert la marque de la tête et Antoine Griezmann poussé Yobo à un "csc". Les deux stars des Bleus, dont le rendement reste insuffisant dans cet Euro, ont déjà démontré leur capacité à porter l’équipe de France dans les matches qui comptent. C’est ce que Didier Deschamps attend d’eux désormais. D’autant que le Madrilène a prouvé cette saison sa capacité à scorer dans les grands rendez-vous. Ses trois buts ont sorti le Barça et le Bayern Munich en quart et demi-finale de la Ligue des champions.

Et les autres ? Patrice Evra a un palmarès long comme le bras et c’est davantage son niveau de jeu depuis le début de l’Euro que l’éventuelle pression de ce 8e de finale qui génère le plus d’interrogations. Bacary Sagna a disputé une demi-finale de Ligue des champions cette année et s’est montré à son avantage en quart face au PSG. Hugo Lloris a disputé plusieurs matches couperets avec Lyon en C1 et s’est montré à la hauteur avec les Bleus au Brésil. Les Gunners Laurent Koscielny et Olivier Giroud partagent un riche passé commun à Arsenal. En Bleu, ils ont souvent été considérés comme des solides remplaçants. Exemplaires depuis plusieurs mois en sélection, il leur reste à signer une grosse performance dans un match à quitte ou double.

Ce dimanche, N'Golo Kanté et Dimitri Payet vont, eux, disputer le match le plus important de leur carrière. Si le premier a joué le titre en Premier League cette saison, si le second a disputé quelques matches de Ligue des champions avec l'OM et Lille, ils n'ont jamais été confrontés à une telle pression dans un grand tournoi international.

Didier Deschamps doit-il s'en inquiéter ? On ne peut présumer de rien mais la pression semble glisser sur les deux hommes depuis le début de l'Euro. Ils ont tenu la France durant le premier tour et notamment lors du match d'ouverture quand les jambes de leurs coéquipiers tremblaient. Les deux hommes les plus inexpérimentés du onze sont aussi les moins enclins à la tremblote depuis le début de la compétition. C’est d’eux, de leur insouciance, que les Bleus, plus expérimentés, doivent paradoxalement s’inspirer.