Euro 2024 | Finale Espagne - Angleterre | Gareth Southgate poursuivi par la chance ? Encore faut-il savoir en profiter

L'Angleterre est en finale de l'Euro 2024, ce dimanche au stade olympique de Berlin (21h), contre l'Espagne. D'accord, elle s'est faufilée jusque-là en surfant sur les circonstances. Mais la chance, cet allié qu'il faut savoir dompter, n'y est pas pour grand-chose finalement. Car pour son sélectionneur, Gareth Southgate, c'est un peu devenu une habitude.

Gareth Southgate lors de Angleterre - Slovaquie à l'Euro 2024

Crédit: Getty Images


On pourrait interpréter ceci comme l'un des signes de la mégalomanie de l'Empereur. Il se pensait choisi par le destin et entendait s'entourer d'hommes que la fortune favorisait eux aussi. Une autre lecture est néanmoins possible, celle d'un pragmatique qui avait observé que le succès vient d'abord à ceux qui savent saisir leur chance, au singulier comme au pluriel.
Cette loi peut aussi bien s'appliquer aux terrains de football qu'aux champs de bataille. L'animal de compagnie que la vox populi prête à Didier Deschamps miaule depuis longtemps. Ce dont on parle moins, c'est de l'intelligence avec laquelle Deschamps a su se servir de sa protection. Il n'en va pas autrement pour Gareth Southgate, comme il n'en est pas allé autrement pour tous les entraîneurs de sélection parvenus au sommet de leur profession. Or ce talent-là pourrait bien être le plus important de tous : être capable de saisir la balle au bond, avec le même calme et la même maîtrise que Zidane contrôlait celles qui lui tombaient du ciel.
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Harry Kane sorti par Gareth Southgate lors du match entre l'Angleterre et le Danemark à l'Euro 2024

Crédit: Getty Images

Les Three Lions, ces petits chatons...

Chanceux, ce n'est pas la première fois que Southgate l'a été dans sa carrière de sélectionneur. Par Dieu sait quel alignement des planètes, l'Angleterre voit souvent s'ouvrir des boulevards devant elle dans les grandes compétitions. Si sortir des phases de groupe est une formalité pour elle, c'est aussi parce que, comme cette fois encore, les poules dans lesquelles la place le tirage au sort ne ressemblent en rien à celle dont avait par exemple hérité son adversaire de dimanche, qui avait dû affronter deux autres favoris potentiels, la Croatie et l'Italie, pour passer en huitièmes de finale ; après quoi les Espagnols avaient dû se coltiner le pays-hôte et la France pour composter leur billet pour Berlin.

Les Anglais, eux, comme d'habitude, ne s'étaient mesurés qu'à des adversaires largement à leur portée : Slovénie, Danemark et Serbie, après quoi, la route est libre, ladies et gentlemen ! - Slovaquie, Suisse et Pays-Bas. On en entend même dire que si les Three Lions ont parfois ressemblé à des petits chatons pendant ce tournoi, c'est précisément parce qu'il était attendu d'eux qu'ils balaient ces adversaires, et que cela les avait crispés, comme ces joueurs de tennis dont le bras raccourcit lorsqu'il faut servir pour le match.
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Declan Rice, Trent Alexander-Arnold, et Jarrow Bowen à l'issue de la courte victoire de l'Angleterre face à la Serbie à l'Euro 2024

Crédit: Eurosport

Déjà vernis en 2020

Il en était allé de même en 2020, quand, suite à la géniale idée de l'UEFA de faire se tenir les matches dans onze pays différents en plein COVID, l'Angleterre avait eu l'immense avantage de jouer chez elle tandis que ses adversaires devaient sillonner l'Europe au sens le plus large, puisque l'Azerbaïdjan en faisait partie.
Southgate et les siens, eux, n'eurent à effectuer qu'un court déplacement à Rome pour y affronter l'Ukraine (mais quel bol, tout de même !) en quarts de finale. Les Danois qu'ils battirent difficilement 2-1 en demies à Wembley étaient encore à Bakou quatre jours plus tôt. Coupe du monde de 2022, groupe des Anglais : Etats-Unis, Iran, Pays de Galles. Celle de 2018 ? Belgique, certes, mais aussi la Tunisie, qui ne s'inclina qu'après Harry Kane avait obtenu dans le temps additionnel un de ces pénaltys que lui seul semble savoir faire siffler par les arbitres. Et Panama. Pauvre Panama.

L'arbitrage et la VAR PERPETUENT LE MYTHE

S'il n'y avait que les tirages au sort. Même les blessures peuvent arriver à bon escient. Si Harry Maguire avait été disponible, nous n'aurions pas vu Marc Guéhi s'imposer au coeur de la défense de l'Angleterre comme William Saliba l'a aussi fait au coeur de celle des Bleus. L'arbitrage. Celui de cet Angleterre-Pays-Bas, mon Dieu. La VAR qui intervient et force la main de M. Zwayer pour adjuger qu'une faute avait été commise sur Kane, encore, toujours lui, par le malheureux Dumfries qui essayait juste de bloquer un tir qui manqua d'ailleurs la cible, Bukayo Saka ayant contrôlé le ballon du bras deux secondes plus tôt. Le second carton jaune qu'aurait dû prendre un Jude Bellingham particulièrement sur les nerfs après avoir botté le ballon alors qu'un coup-franc avait été sifflé.
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Marc Guehi félicite Ollie Watkins pour son but lors de Angleterre - Pays-Bas demi-finale de l'Euro 2024

Crédit: Getty Images

On pourrait continuer longtemps ainsi. Mais ce qu'on oublierait si l'on continuait ainsi, c'est que ce qu'on dirait de l'Angleterre, on pourrait aussi le dire de presque toutes les équipes nationales devenues championnes du monde ou de leur continent. Plus on va loin, plus la chance vous accompagne, et vice versa. France 98. Le mythe ; et les coups de bol ; et les miracles. Thuram. Ronaldo.  Italie 2006. Argentine 2022. Emi Martinez, averti par M. Marciniak après le troisième tir au but des Bleus quand il aurait dû l'être dès le premier. Tous, nous aurons nos exemples, ce qui est normal. Le sort de matches qui se jouent en 90 minutes se décide en fractions de seconde.

Plus que du fighting spirit ?

Ce qu'on reproche à Gareth Southgate, en fait, ce n'est pas d'avoir de la chance, même s'il en a. C'est de savoir l'exploiter. Son Angleterre frustre. On la voudrait dominante, expansive, séduisante, car si elle a largement les moyens de l'être, elle ne le montre que rarement : dans ce tournoi, lors de deux premières mi-temps, contre la Serbie et les Pays-Bas, et c'est tout. Les Lions finissent toujours par s'en sortir, mais par un trou de souris. On est en droit d'attendre mieux, peut-être ?  
Oui et non, car jamais dans son histoire l'Angleterre n'a atteint deux finales et trois demi-finales de grands tournois - quatre en comptant la Nations League - en l'espace de six ans (*). Elle l'a fait en ne montrant jusqu'à présent pas grand-chose d'autre que ce qu'on attend d'elle depuis toujours, à commencer par de la combativité. Elle s'accroche. Elle souffre et sait souffrir au point qu'on se demande si elle ne serait pas un peu masochiste. Ce n'est pas aux audacieux que la fortune sourit en premier, c'est à ceux qui, lorsqu'elle s'approche d'eux, savent lui ouvrir les bras. 
 
(*) Seules l'Allemagne, deux fois, la première comme RFA, l'Espagne et l'URSS ont joué deux finales de l'Euro consécutives, comme l'Angleterre le fera dimanche
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