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2011, l'odyssée des Bleus

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 17/11/2011 à 09:54 GMT+1

Quatre journalistes de la rédaction tirent chacun une leçon de l’année 2011 de l’équipe de France. Riche, brouillonne, efficace sur le plan des résultats mais inquiétante quant au niveau de jeu et à la récurrence de certains comportements.

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Crédit: Eurosport

L'AGE DU CAPITAINE
Par Philippe DA COSTA
Running gag. C'est sans doute le mot le plus adapté pour décrire la gestion du brassard de capitaine chez les Bleus cette année. A chaque rassemblement, la question s'est posée. A chaque rassemblement, Laurent Blanc a minimisé son importance, retardé l'échéance. L'heureux élu devait être connu en juin. Tous les regards se tournaient alors vers Alou Diarra, capitaine à huit reprises avec Blanc donc quatre en 2011 (Brésil, Croatie, Biélorussie, Albanie). Finalement, ses performances l'ont écarté de la course et sa candidature est définitivement tombée aux oubliettes lors de sa première titularisation sans brassard face aux USA. Hugo Lloris avait d'ailleurs pris le relais dès septembre (Roumanie, Albanie, Bosnie, USA et Belgique). Un choix qui s'apparente à un choix par défaut. Blanc a reconnu lui-même après la Belgique qu'il y avait des "positions plus stratégiques" pour le faire. Karim Benzema a illustré ce propos d'une phrase on ne peut plus claire ("Je ne l'entends pas, il est gardien et moi je suis devant"). Blanc attend-t-il le retour de Philippe Mexès? Qu'une figure se révèle? Peut-être. Toujours est-il que la France a connu cinq capitaines en 2011 (Abidal, Nasri et Mandanda en plus des deux autres) dont un (Abidal) ne se "sent pas de le faire" et qu'elle en est toujours au même point. Cette absence de candidat légitime pour le poste fait écho à celle d'un leader charismatique. Aujourd'hui, qui incarne le visage de cette équipe si ce n'est... Blanc lui-même? Qui a les épaules assez larges, le verbe assez haut mais clair, l'expérience nécessaire et un statut d'incontournable sur le terrain pour mener la troupe, taper du poing sur la table et se faire le relais du sélectionneur sur la pelouse? A sept mois de l'Euro, personne ne réunit l'ensemble de ces qualités chez les Bleus. Une équation qu'il faudra pourtant bien résoudre avant d'entreprendre le voyage en Pologne et en Ukraine.
BLANC, TOUJOURS DANS LES PETITS PAPIERSPar Maxime DUPUIS
L'héritage de Raymond Domenech. Laurent Blanc sait mieux que quiconque de quoi il s'agit. Le sélectionneur de l'équipe de France a dû ramer durant de long mois pour éloigner le spectre de Knysna. Mais quoi qu'il fasse, quoi qu'il dise, les références à l'Afrique du Sud sont récurrentes. Laurent Blanc a fini par s'en accommoder. Il n'a pas le choix. De Clairefontaine à Donetsk, en passant par Minsk ou Bucarest, le sujet est régulièrement remis sur le tapis. La réponse n'évolue pas d'iota : "La cicatrice sera toujours là. Il faut vivre avec". Mais l'héritage de Raymond Domenech ne présente pas que des désavantages. On l'a vu lors de l'année civile écoulée, la première de l'ancien libéro à la tête des Bleus. Que retenir de ces onze derniers mois ? La qualification pour l'Euro, la série d'invincibilité des Tricolores, la réintégration de Patrice Evra et Franck Ribéry, le tâtonnement pour le brassard et une certaine remise en ordre de la maison. Sur la forme, le constat est bien plus mitigé. En 2011, le chantier du jeu et des automatismes n'a pas avancé aussi vite que souhaité. Laurent Blanc l’admet, se défend avec honnêteté, mettant en avant les difficultés de sa mission. Et si l'état de grâce est aujourd'hui terminé, Blanc bénéficie tout de même d'une indulgence médiatique et populaire dont peu de sélectionneurs ont profité avant lui. Cela tient évidemment aux raisons exprimées plus tôt, à la carrure de l'homme, son passé et son aura. Mais aussi à qui vous savez. Raymond Domenech a tout fait pour se rendre antipathique. Laurent Blanc est aux antipodes de son prédécesseur. Et la France du football lui en est reconnaissante. D'où ce "confort" relatif, qui n’aura cependant plus cours en juin prochain. Il est désormais urgent d’avancer. Pour les Bleus. Pour Blanc.
LES EGOS, LES ACTES ET LES PAROLESPar Gil BAUDU
A Clairefontaine, toutes les têtes n'ont pas dégonflé. Certaines ont même encore tendance à dépasser. Pas nécessairement celles qui crèvent l'écran sur le rectangle vert. Plutôt celles, déjà connues, qui s'étaient "illustrées" en Afrique du Sud. Laurent Blanc le sait : la guerre des egos ne se gagne pas en quelques mois. Même quand les règles de bonne conduite sont couchées sur papier, dans une charte signée par les joueurs eux-mêmes. En 2011, les rendez-vous médiatiques avec les Bleus ont encore été le théâtre de quelques sorties "savoureuses", assez symptomatiques. Le dernier rassemblement a illustré à merveille l'idée que les fantômes de Knysna n'étaient pas tout à fait envolés. Quand Alou Diarra envoie les journalistes sur les roses sous prétexte qu'il "n'aime pas parler" ou qu'il "n'était pas réveillé", il le fait avec une arrogance et un mépris d’une autre époque. En réalité, le Marseillais n'a pas aimé certaines questions. Il n’a pas aimé qu’on l’interroge sur son statut en Bleu, forcément chahuté par ses difficultés phocéennes. Il l'a fait savoir. Au risque d'écorner son image et, par là même, celle de sa sélection nationale. Franck Ribéry et Florent Malouda n'ont pas non plus redoré leur blason lorsqu'ils se sont disputés le couloir gauche par micros interposés. Samir Nasri ? Pas mieux. En étalant ses états d'âme dans la presse, en exigeant plus de transparence de son sélectionneur, le néo-Citizen s'est mis tout seul en porte-à-faux. Lui, au moins, a su "répondre sur le terrain", pour reprendre les termes de Blanc : il a transformé le penalty de la qualification pour l'Euro. Mais pour Nasri comme pour les autres Bleus, les paroles n'ont de légitimité que si elles sont suivies d'actes. Que si les "je" se mettent au service du jeu. Depuis Knysna, ça coule de source.
ENTRE RIBERY ET MALOUDA, CHOISIR NASRIPar Cédric ROUQUETTE
Deux fils rouges simultanés de l’année 2011, deux feuilletons apparemment différents. Premier feuilleton: qui doit être titulaire à gauche ? Malouda a commencé l’année, drapé de sa légitimité de rescapé de Knysna. Ribéry lui a succédé sur choix du président à partir de juin. L’un et l’autre ont pourtant déçu, à chaque fois ou presque. Le bilan de l’année pour ces deux hommes est celui de chances multiples données qu’ils n’ont pas su saisir. Blanc a les mains libres pour chercher une alternative, comme il a commencé à le dire. Deuxième feuilleton : l’effacement de Samir Nasri. Sans Gourcuff dans les pattes, et doté d’une certaine avance sur Martin, l’ex-Minot s’est pris les pieds dans le tapis à chaque fois qu’il a été aligné dans l’axe, en position de meneur de jeu. Or, à Manchester City, comme il le faisait régulièrement à Arsenal, Nasri est devenu un joueur de couloir gauche. C’est en partant d’un côté qu’il a réalisé, de loin, ses meilleurs matches sous le maillot tricolore lors des soirs de vérité contre l’Albanie (3-0) et la Bosnie (1-1). Il est certainement temps de tirer des constats convergents sur ce dossier, de libérer Nasri de ce rôle de numéro 10 qui le rend nerveux et de l’installer à gauche où les anciens ont perdu toute fraîcheur. S’il a deux fois moins de chances de se montrer que Malouda et Ribéry, cela pourra peut-être suffire pour qu’il mette tout le monde d’accord.
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NASRI JTWEB

Crédit: Eurosport

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