Bilbao ne l'a pas volé

Finaliste de la Ligue Europa après avoir écarté le Sporting Lisbonne en demi-finale (2-1, 3-1), l'Athletic Bilbao est la révélation de la saison pour plusieurs observateurs, dont Arsène Wenger ou Pep Guardiola. Tombeurs du Paris Saint-Germain en poule mais surtout de Manchester United et de Schalke 04 pour se qualifier dans le dernier carré, les Basques s'illustrent par leur qualité de jeu, porté vers l'avant. Avec Marcelo Bielsa aux commandes, ils ont trouvé un guide qui a imposé sa patte. Et un style qui fait l'unanimité.

L'Athletic a inscrit deux buts en moyenne par match en Ligue Europa, faisant trembler les filets à chaque fois. Mais en contrepartie, il est aussi la plus mauvaise défense. On ne renie pas sa nature. Des redoublements de passes et des enchaînements entre joueurs offensifs sont légion. Avec le toque cher aux Espagnols, les Bilbayens privent de ballons l'équipe adverse. Leur milieu de terrain impressionne par sa maîtrise et le jeu se situe beaucoup sur les côtés pour chercher des positions de centres. Leurs actions vont souvent au bout, avec un record de tirs et de tentatives cadrées dans la compétition cette saison.

Pour cela, les onze joueurs tirent dans le même sens et dépensent leur énergie sans compter. L'équipe est intelligente et sait gérer lorsqu'elle est en position moins favorable. Durant la seconde période face au solide bloc du Sporting, les Espagnols ne se sont pas jetés à l'abordage, alors qu'un but encaissé les aurait probablement condamnés. Ils ont également été gestionnaires au retour contre Manchester United, après avoir gagné le premier acte (2-1). Pour autant, la victoire a été au rendez-vous ces deux fois. Leur pression s'est faite croissante au fil des minutes, en demi-finale retour, pour faire la décision. Bilbao est aussi poussé par son public, qui n'a plus vu de défaite en Ligue Europa depuis neuf rencontres. Mais il n'aura pas cet avantage à Bucarest le 9 mai.

Si la formation d'El Loco exprime ses qualités collectivement, elle peut aussi s'appuyer sur des individualités. Ses jeunes pépites comme Iker Muniain ou Ander Herrera sont convoités par les ténors européens. L'homme providentiel est toutefois Fernando Llorente. L'attaquant international, potentiel titulaire avec l'Espagne à l'Euro, a signé le but de la qualification pour la finale mais aussi de deux passes décisives dans ce même match. "C'est le moment le plus important de ma carrière", a-t-il déclaré. "C'est la première fois que (je) pleure dans un stade de football". Llorente totalise 7 réalisations en 14 rencontres de Ligue Europa et a répondu présent dans les grands rendez-vous, marquant à l'aller et au retour contre MU.

Le Roi Lion, auteur de 29 buts en 48 matchs toutes compétitions confondues cette saison, a le profil idéal pour être à la pointe du jeu basque. Outre sa présence à la finition, son rôle de pivot est essentiel. En remise pour ses coéquipiers, comme lors de l'ouverture du score face à Lisbonne, ou dans le jeu aérien. Culminant à 1m95, il prend la majorité des ballons dans les airs. Plus étonnamment au vu de son gabarit, il est aussi capable de faire la différence individuellement, notamment sur des contrôles orientés redoutables. Les défenseurs du Sporting ont été surpris à plusieurs reprises par la dextérité d'un leader de vestiaire reconnu.

Davantage homme de l'ombre, Javi Martinez est aussi un maillon essentiel de Bilbao, dans l'axe de la défense. Le joueur de 23 ans était absent en demi-finale aller et au Parc des Princes, pour deux des trois défaites de la saison en C3. Le champion du monde 2010 était principalement milieu défensif mais s'est bien adapté à son nouveau poste en stabilisant le collectif espagnol. Il apporte aussi sa qualité technique dans la relance. Marcelo Bielsa peut ainsi s'appuyer sur des bons joueurs à tous les postes. De plus, aucun ne sera suspendu pour la finale. Sauf blessure, ils seront tous au rendez-vous pour tenter d'accrocher un premier sacre européen. Comme une récompense d'une saison accomplie.