Le miracle Hodgson

En décembre 2007, quand Roy Hodgson prend à 60 ans la succession de Lawrie Sanchez, la nouvelle ne fait pas les gros titres. Fulham semble promis à la relégation et son entraîneur à l'anonymat né de son exil européen et d'une unique expérience mitigée d'entraîneur en Angleterre, à Blackburn (1997-98). Malgré des séjours réussis en Suède et à l'Inter Milan (avec qui il a déjà disputé une finale européenne) ou comme sélectionneur en Finlande et en Suisse, il a chez lui une image de quasi-débutant.

Ses trois saisons à Fulham seront conclues par autant de miracles: le maintien, la 7e place du championnat, plus haut classement de l'histoire du club, et l'Europa League. Le parcours européen, entamé dans l'anonymat des tours préliminaires estivaux, est incroyable: le Shakhtar Donetsk, la Juventus Turin, Wolfsburg et Hambourg sont tombés. Unaniment crédité de ce succès, Roy Hodgson a été nommé entraîneur de la saison par ses pairs. La Grande-Bretagne bruisse de sa prochaine destination: la succession de Rafael Benitez à Liverpool, la sélection britannique pour les jeux Olympiques de Londres.

La première réussite d'Hodgson est d'avoir choisi ses joueurs: des footballeurs animés d'une soif de revanche après une expérience ratée dans des clubs plus nantis, ou en quête d'exposition. Les cadres sont dans le premier cas: le capitaine Danny Murphy (Tottenham), le feu follet irlandais Damien Duff (Newcastle), le buteur Bobby Zamora (West Ham), le stabilisateur du milieu Dickson Etuhu (Sunderland), le rempart de la défense Aaron Hughes (Aston Villa). D'autres entrent dans la deuxième catégorie: l'autre défenseur central Brede Hangeland, l'ailier offensif américain Clint Dempsey.

Le deuxième apport de Hodgson est tactique: chacun de ses entraînements est pensé en fonction des adversaires. Fulham sait jouer avec ses moyens: elle résiste sans paniquer à la pression d'un rival plus fort, ne répugne pas à balancer de longs ballons vers Zamora mais peut aussi "envoyer du jeu" quand son adversaire lui en laisse la liberté. Hodgson se décrit comme un entraîneur "minutieux, orienté vers les joueurs, mettant l'accent sur la préparation et la tactique". Son attaquant hongrois Zoltan Gera résume: "Il est suprêmement intelligent".