Une cicatrice à fermer

Depuis 1988 ils l'attendent. Disputant l'Euro à deux reprises dans leur histoire, les Irlandais ont une nouvelle occasion de participer à cette compétition qu'ils n'ont pas jouée depuis 23 ans. Mais pour cela, ils doivent de nouveau passer par des barrages. Des play-offs qui leur ont rarement réussi. Depuis 96, ils y ont été éliminés à quatre reprises, et n'ont franchi qu'une fois cette étape, en 2001, pour la Coupe du monde au Japon et en Corée.

Le dernier échec en date de la sélection menée par Giovanni Trapattoni ne nous est pas inconnu. C'était en 2009, au Stade de France, contre l'équipe de France. Les Bleus avaient égalisé dans les prolongations du match retour par la tête de William Gallas, bien servi par Thierry Henry, auteur d'un contrôle de la main. Un choc. Un traumatisme. Une blessure. Les expressions ne manquent pas pour expliquer ce que les Irlandais ont ressenti il y a deux ans. Tous les medias du pays en avaient largement fait l’écho. Aujourd’hui, ils n’hésitent d’ailleurs pas à reparler de cet évènement avant la rencontre contre l’Estonie.

Les acteurs concernés, eux, ont-ils fait le deuil de ce résultat ? Ils ne l’ont en tout cas pas non plus oublié. Stephen Kelly, cité par l'Irish Times, se dit encore "désespéré" par l'issue de la rencontre. Et enchaîne : "Cette cicatrice n'est pas refermée." Le défenseur central Sean St Ledger ressort à son tour ses mauvais souvenirs dans les colonnes de l'Irish Independent. "Après la rencontre, toute le monde parlait des théories du complot, pourrait-il y avoir eu de la corruption ? s'interroge-t-il. Avec tout ce qu'il s'est passé à la Fifa récemment, on ne sait jamais. Cette question restera sans réponse."

Pour les Irlandais, pas question pour autant de rester focaliser sur cette rencontre. Mais plutôt d'utiliser leurs souvenirs pour se motiver. C'est ce que note Simon Cox dans The Guardian : "Nous prendrons cela comme inspiration afin de l'emporter." Le joueur de Fulham, Stephen Kelly n'oubliera pas non plus, pour le bien de sa sélection : "C'est frais dans nos esprits et nous ne tenons à pas laisser quelque chose comme cela se produire de nouveau." Passer outre cet évènement en le gardant en mémoire, c'est le discours des joueurs de l'Eire qui se déplacent vendredi en Estonie.

"Mais maintenant c'est terminé, coupe l'adjoint du sélectionneur, Marco Tardelli. Il faut rester focalisés sur notre match parce qu'il est très important." La pression vient de tous les côtés sur les joueurs de l'Eire. "Cela fait très longtemps que nous n'avons pas joué les championnats d'Europe, c'est une énorme occasion pour nous. Et c'est ce que tout le monde attend dans notre pays ", remarque Robbie Keane qui évolue à Los Angeles. "Pour certains joueurs, c'est le match de leur vie", renchérit Tardelli.

Face à cette énorme pression, les joueurs paraissent lucides. Pour le défenseur Paul Shane : "Nous avons faim d'une qualification pour un tournoi majeur. Et nous adoptons la bonne attitude afin de ne pas être battus." Même s'ils sont placés en tant que favoris face à la maigre sélection estonienne, les Irlandais restent très concentrés. "Ce sera très difficile", souligne simplement Shay Given. Lui et ses coéquipiers savent bien que tout peut arriver dans ce type de rencontre. Assurément, ils ne laisseront pas un coup du mauvais sort leur voler leur qualification. La dernière injustice, les Celtes espèrent d'ailleurs la rayer définitivement de leur mémoire. Et cela, comme l'indique St Ledger, seule une victoire contre l'Estonie le permettra.