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FIFA 23 - Omar Da Fonseca : "Quand Lionel Messi va arrêter le foot, on va tous pleurer"

Cyril Morin

Mis à jour 30/09/2022 à 10:09 GMT+2

Alors que le célèbre jeu FIFA 23 sort ce vendredi, EA Sports a décidé de changer les choses. Exit Hervé Mathoux, place au duo Omar da Fonseca – Benjamin Da Silva. L'Argentin a pris le temps d'évoquer pour Eurosport ce nouveau monde qu'il découvre, ses inspirations en matière de commentaire et son amour pour Lionel Messi. A sa manière : toujours imagée.

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C'est toujours un évènement. Ce vendredi, c'est un nouvel opus du joyau d'EA Sports qui voit le jour : FIFA 23. Avec une nouveauté. Hervé Mathoux, commentateur historique de la franchise depuis 2007, laisse sa place à un duo détonant : Benjamin Da Silva et Omar da Fonseca. Le duo de beIN Sports, notamment connu pour sa couverture de LaLiga, a décidé de relever le défi.
Complices, les deux hommes ont su trouver un équilibre au commentaire qui a attiré le géant américain au moment de refaire son casting de commentateur. Et que les fans se rassurent, les saillies poétiques d'Omar da Fonseca sont bien au rendez-vous. L'Argentin a accepté de revenir sur ce nouveau défi qui s'offre à lui mais également d'évoquer son amour, éternel, pour le jeu et pour le football. Entretien buena onda.
Comment vous vous êtes retrouvé à commenter sur Fifa 2023 ?
Omar Da Fonseca : La première fois que les gens d'Electronic Arts m'ont contacté, c'était au début de l'année 2020. L'hiver avant le confinement. On m'a appelé en me disant des choses très flatteuses, en m'expliquant notamment qu'ils avaient fait des sondages qui me désignaient plus ou moins. Ma première réaction, ça a été de dire : 'mais vous savez que je suis le plus vieux de tous ?'. J'avais évidemment déjà entendu parler de FIFA via mes enfants et mes petits-enfants. Mais je n'ai jamais joué ! Donc, au tout début, j'étais assez réservé.
Et, finalement, l'enregistrement aura duré plus d'un an. Vous avez une idée du temps passé en studio ?
ODF : J'ai une idée via des chiffres qu'on m'a communiqués. Je crois que c'était 7 000 textes, 200 ou 300 heures d'enregistrement. En tout cas, c'était très long. On a commencé en juillet 2021. On a répété des heures et des heures. Parfois avec des sessions de 5h, parfois 4h, parfois 2h. Et, minimum, trois fois par semaine ! Je vous avoue que je ne m'attendais pas à ça. J'avoue que, parfois, j'ai eu des moments de faiblesse (rires).
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Omar Da Fonseca et Benjamin Da Silva, le nouveau duo de commentateurs de FIFA 23 (crédits : KICKPUSH Agency)

Crédit: DR

Est-ce qu'on vous a donné carte blanche ? C'était de l'improvisation ou vous avez écrit vos répliques ?
ODF : Le pourcentage de répliques écrites est quand même beaucoup plus important. Au début, j'étais plutôt réservé mais au fur et à mesure, on a pris confiance avec toute l'équipe. Petit à petit, j'ai commencé à proposer d'autres choses, des choses à mon goût. Disons que j'étais beaucoup plus libéré quand je ne devais pas que lire, quand mon imaginaire me permettait de faire ce que je fais de manière générale. Mais je comprends les contraintes : sur une action, on rentre dans des outils hyper pointus. Il faut qu'une phrase colle parfaitement à l'action, que ça soit adapté au joueur utilisé, aussi. Ils nous ont laissé dans le mystère jusqu'à présent donc on n'a jamais vraiment eu de retours. Ils nous ont quand même envoyé le jeu mais je n'ai pas encore joué.
Vous n'allez pas vous y mettre ?
ODF : Je ne sais pas (rires). Pour moi, c'était l'occasion de découvrir autre chose. Des gens m'ont expliqué que FIFA allait me rendre plus populaire mais je n'ai pas fait ça pour ça. Je l'ai fait aussi de manière un peu orgueilleuse : qu'un vieux monsieur étranger comme moi puisse faire le commentaire du jeu phare de football en France, c'est une petite fierté. Il y a aussi un aspect financier que je ne cache pas. Moi, je suis Argentin, je n'ai aucun tabou à dire quoique ce soit.
Une séquence a déjà fuité concernant Fifa 23 : on vous entend célébrer un but de Messi avec la fameuse phrase "sortez les pyjamas et allez-vous coucher". C'est votre phrase préférée ? Ou la plus marquante, celle que les gens vous sortent à chaque fois ?
ODF : Le plus étrange pour moi, c'est que ce sont beaucoup de jeunes ou des femmes qui me parlent de ça. Je suis assez étonné de l'ampleur de tout ça. Et il n'y pas qu'une phrase qu'on me répète. Un jour, on me parle de la phrase sur Piqué, un jour on me rappelle que j'ai chanté Aznavour, les jeunes me parlent de "l'amour sans préliminaire". Disons qu'il y a une dizaine de phrases qui reviennent plus ou moins. Mais je n'ai pas de préférée, j'essaie d'en dire tout le temps, même dans ma vie privée. J'essaie d'imager en réalité.
Mais comment vous vienne ces phrases en plein direct ? On imagine que ce n'est pas préparé…
ODF : Déjà, c'est l'émotion du moment qui prime. Ensuite, il faut dire que je viens d'une culture de la radio. J'ai toujours écouté les matches de foot à la radio. Je viens d'une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître où il n'y avait pas de télévision. Jusqu'à mes 15 ans, j'ai grandi sans ça, sans l'image. Je viens d'une famille nombreuse et mon grand-père, les jours de matches, mettait la radio au milieu de la table. Et on "regardait" la radio. Le commentateur, José María Muñoz, était quelqu'un de très imagé. Il disait "le gros nez" ou les "grandes oreilles" pour parler des joueurs. "Aujourd'hui, il s'est coiffé à l'envers", ce genre de phrases. Il te sortait de ces trucs : tu rigolais forcément, tu passais un bon moment. Et, au final, on reconnaissait les joueurs juste grâce à ses descriptions. J'ai toujours aimé ça, j'adore les proverbes, j'adore lire. Parfois, ça me fait dire des phrases philosophiques que personne ne comprend mais ça me va.
Il y a un joueur qui a eu le plus droit à ces phrases-là, c'est évidemment Lionel Messi. Il représente quoi pour vous ?
ODF : C'est celui qu'on a tous voulu être au moment de la récré à l'école. C'est celui qui déroge à ce football méthodique et discipliné. C'est un élu. C'est même une icône mais avec un caractère complètement tiède. Par rapport à Maradona, à Ronaldo, à Ronaldinho, son charisme ne met pas en avant le côté pur talent technique. Intrinsèquement, il fait partie d'un cercle très très très fermé. Et puis, il y a la longévité, de presque 15 ans. J'ai eu le privilège de commenter le duel Ronaldo-Messi. Malgré mes préférences, trahies par mon accent, j'ai profité de cette dualité-là. Je ne suis qu'un accompagnateur d'un jeu que j'aime beaucoup.
Vous parliez de son manque de charisme…
ODF : Je continue de dire que si j'ai le choix, je préfère partir en vacances avec Maradona. Mais Messi est un leader sur un terrain de football. Ce n'est pas Che Guevara, ce n'est pas Mandela mais il est le représentant de ce football le plus pur.
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L'année passée, lors de la conférence de presse de présentation de Lionel Messi au PSG, votre attitude avait dérangé certains journalistes. Vous trouvez que la France manque parfois d'émotions quand on parle football ?
ODF : Non, pas un manque d'émotions. Mais, en France, je trouve que parfois, on est trop souvent sur la retenue. On est mesquin dans l'émotion, on a du mal à l'exprimer. Et, à l'inverse, parfois certains croient avoir le monopole de cette émotion. Quand des journalistes continuent de dire qu'il faut être neutre… C'est archi-faux. Personne ne peut être neutre. Ici, on a du mal à faire la nuance entre être fanatique et avoir des préférences. La préférence, c'est d'aimer une couleur, une chanson, un style. Et ça, il faut pouvoir le dire. Ici, on veut encore faire propre, être carré. Et moi, ça m'énerve, surtout en sport. C'est tout sauf ça le sport, c'est une récréation existentielle, c'est le moment où on se laisse emporter par des moments irrationnels. L'engagement émotionnel, je veux continuer à mettre cela en avant. La vie doit être un jeu.
Ce même jour, vous lui aviez donné votre numéro et vous aviez discuté ensemble. Il vous a contacté depuis ?
ODF : Je l'ai croisé deux, trois fois. Mais je ne suis pas un ami. Je l'avais déjà côtoyé quand il était à Barcelone, je connais un peu son papa. Il sait que je suis plus qu'un fervent admirateur. Mais on appartient à un autre monde, nous tous. Messi est d'un autre monde, lui. Je le croise de temps en temps mais ce n'est pas un proche. Je continue quand même à l'admirer. Je continue de dire aussi qu'il vieillit et que le jour où il va arrêter de jouer au foot, les poteaux de corner, les ballons et surtout moi, on va tous pleurer.
La saison passée, on n'a pas reconnu Messi. Cette année, celui qui régale avec le PSG, c'est le même que celui que vous avez vu au Barça ?
ODF : Oui et non. J'arrive à 'accepter' - c'est un mot qu'on utilise quand on est en plein désarroi - le fait qu'il a perdu quelque chose. Avant, quand Messi avait la balle, il faisait "tic-tic-tic-tic". Maintenant, il fait "tic-tic". Le temps s'est écoulé et ça se fait sentir sur son corps. Il aura toujours son toucher, sa vision, sa patte gauche. Mais d'un point de vue purement physique, purement humain… Ce sont les aiguilles de la montre, tout simplement. Ensuite, on parle de l'environnement, de l'acclimatation etc… Mais avant ma mort, j'espère que le football pourra lui offrir un dernier cadeau. Il a déjà la Copa America mais sans public… Je voudrais qu'il soit récompensé d'une autre victoire.
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Lionel Messi

Crédit: Getty Images

On pense évidemment à la Coupe du monde. Il a besoin de ce titre pour devenir le plus grand à vos yeux ?
ODF : Pour moi, non. Ce n'est pas la gagne qui sera l'aboutissement de ce monsieur-là. Son football est rationnel et pourtant, il y a de l'irrationnel. En le regardant, parfois, tu te dis 'merde, mais comment il a fait ça ?!'. Il restera comme un joueur unique, qui a marqué plus d'une décennie de football. Il faut le mettre à part. Donc qu'il ne la gagne pas ne changera rien pour moi. Après, il y a toujours ce discours : 'Quand tu gagnes, tu as raison. Quand tu perds, tu n'as rien à dire'. Lui, même en perdant, il aura marqué d'une certaine manière la façon de jouer à ce jeu magnifique qu'est le football.
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