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"Il voulait aller au bout"

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 12/09/2010 à 19:08 GMT+2

Suspendu cinq matches par la FFF (confirmation en appel jeudi), Patrice Evra a bien été un leader actif de la grève des Bleus le 20 juin à Knysna. C'est l'éclairage que nous apporte l'auteur du Livre Noir des Bleus, Vincent Duluc, que nous avons chroniqué à sa parution.

FOOTBALL France coach Raymond Domenech and captain Patrice Evra argue during a suspended training session at the World Cup

Crédit: AFP

En dehors d'Anelka, Evra aura été l'international le plus sévèrement sanctionné par les deux commissions de la Fédération. A vous lire, la théorie de la décision commune ayant déclenché la grève est une imposture et Evra a été un authentique leader de la fronde, un vrai "dissimulateur d'informations"... Expliquez nous.
V. D. : Certains joueurs restés impunis, comme Gallas, Henry et Abidal, l’ont joyeusement poussé et aidé à aller dans le mur. Je ne dis pas que la décision commune est une imposture, mais elle n’aurait pas été la même, peut-être, si les joueurs avaient eu toutes les informations en main. Et Evra fait partie de ceux qui n’ont pas livré toutes ces informations, notamment sur l’attitude d’Anelka refusant de s’excuser auprès de Domenech, puis l’acceptant, mais refusant des excuses publiques. Dans l’avion vers Bloemfontein, le lendemain de la grève, des joueurs lui ont demandé de s’excuser au nom du groupe et il a refusé, il voulait aller au bout des choses. Il a fallu organiser un vote dans l’avion pour le contraindre. A l’arrivée, de toute façon, Domenech l’a semé pour l’empêcher d’aller en conférence de presse avec lui…Etre capitaine de cette équipe n’était pas un cadeau, mais c’était trop grand pour lui.
Selon votre enquête, qui étaient les leaders et qui a pu subir ce qui s'est passé ?
V. D. : On aimerait qu’il soit plus facile de séparer les bons et les méchants. Ça ne l’est pas forcément. Il n’y a pas beaucoup de joueurs qui aient eu constamment un rôle positif. Mais certains ont vraiment subi. Paradoxalement, aujourd’hui, ils préfèrent que ça ne se sache pas. Quel est l’intérêt pour Gourcuff que l’on sache qu’il voulait s’entraîner ce jour-là ? Vis-à-vis des autres, ça ne l’arrange pas…
Laquelle de ces deux propositions est la plus juste à vos yeux ? La première : la FFF a sanctionné Anelka, Evra, Ribéry et Toulalan pour donner des gages et "faire de la comm'". La seconde : la FFF a jugé en parfaite connaissance de cause, totalement informée de la teneur des événements.
V. D. : Les deux, mon capitaine. Il a fallu envoyer un message vers le monde amateur, qui élit, et le public, qui paie. Je pense que la FFF sait à peu près ce qui s'est passé. C’est aussi pour cette raison que le conseil fédéral n’a pas suivi les conclusions de la mission d’information et a envoyé cinq joueurs en commission de discipline.
Comment expliquez-vous que ce groupe ait pu être si solidaire, même en apparence, dans ces circonstances grotesques, alors que, pour le reste, il n'a fonctionné que comme un conglomérat d'egos hypertrophiés concernant leur "coeur de métier" : le terrain ?
V. D. : Toute la question est là. Les joueurs ont oublié ce qu’était une équipe : ils ont été solidaires en dehors sur la base d’une grève organisée par les joueurs qui avaient un statut, capitaine, vice-capitaine, ancien capitaine, ancien tout court, et qui avaient plus de chance de peser dans la coulisse que sur le terrain. En fait, on ne peut pas trop tricher en dehors du terrain : on est pour ou contre une grève, on descend ou on ne descend pas du bus, on prend la parole ou on se tait. Suivre le groupe est la voie la plus facile à assumer. Sur le terrain, on peut être plus tordu, jouer pour sa gueule sans trop le montrer, faire semblant de faire les efforts, ignorer le partenaire mieux placé parce qu’il a une belle gueule qui plait aux médias.
- Vous étiez dans le Pezula Hôtel quatre heures avant la mutinerie, pour l'émission Téléfoot. Que vous a appris sur cette journée particulière votre présence dans ces lieux ?
V. D. : Que tout ce monde là était complètement perdu. Voir Ribéry s’inviter en pleine émission pour pleurer et venir faire pleurer, promettre au peuple français de tout faire alors qu’il avait déjà voté la grève, donne une mesure de la cohérence et de l’intelligence de ces joueurs-là. Il n’était plus question de jeu, de Coupe du monde dans la coulisse. C’était juste avant la grève, il restait un match à jouer mais il était déjà trop tard.
- Vous délivrez, sur les insultes de Nicolas Anelka, un récit qui confirme à 100% les informations de L'Equipe.
V. D. Bien sûr. (Depuis l'assignation en justice de L'Equipe par Nicolas Anelka, le quotidien dit réserver toutes ses communications à la justice. Vincent Duluc n'en dira pas plus.)
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