Liga - Auteur d'un triplé contre le Celta Vigo, Antoine Griezmann, une légende madrilène

Si vous vous promenez autour du Cívitas Metropolitano, vous tomberez à coup sûr sur cette statue de bronze et ce bras, entouré les jours de match d'une écharpe de l'Atlético, qui pointe vers l'horizon. En 2021, les Colchoneros ont honoré la mémoire de leur légende Luis Aragones en érigeant un monument à son effigie sur le parvis d'un stade qui se situe Avenida Luis Aragones. Personne ne sait si Antoine Griezmann aura le droit à son nom de rue, à une statue, un nom de tribune ou une plaque commémorative, un jour, quelque part à Madrid, mais il n'est plus qu'à huit buts de devenir le meilleur buteur de l'histoire de l'Atlético Madrid et, donc, de devancer la légende des légendes rojiblanca.

Samedi, en inscrivant le quatrième triplé de sa carrière à Madrid, le Français a non seulement offert la victoire aux siens face au Celta Vigo (3-0) mais il a rappelé, avec force, quelle place il occupait dans l'histoire du club. Griezmann (164 buts avec l'Atlético) est là où il voulait être : sur les traces d'Aragones. C'est pour cet objectif personnel, entre autres, qu'il est resté cet été.

"J'ai dit à ma soeur ‘on bouge pas, on reste ici’. Je vais essayer de casser le record, a confié en septembre celui que l'Arabie Saoudite désirait. Je suis bien à l'Atlético, je profite de mon niveau, de mes coéquipiers, du coach et des supporters. Ça a pris du temps pour que je sois réintégré pour les supporters, ce n'est pas le moment de partir."

Le champion du monde 2018 n'a pas fait deux fois la même erreur. Et s'il n'était pas parti à Barcelone en 2019 pour voir si l'herbe était plus verte en Catalogne, il regarderait déjà Luis Aragones dans le rétro et son image serait restée immaculée auprès des fans de l'Atlético. Au fond de lui, il sait sans doute qu'il a fait une erreur, un péché de gourmandise. Mais Madrid, après des sifflets nourris à son retour, lui a pardonné. Ce qui donne une idée de ses accomplissements et de son importance aujourd'hui à l'Atlético.

Son histoire avec le club n'a pas toujours été simple. Elle a démarré par des détours sur le banc. Piqué par Diego Simeone qui ne le trouvait pas assez mature physiquement, il a dû attendre un 16e de finale de Coupe du Roi en décembre et une entrée en jeu couronnée d'un but… et d'un carton jaune pour définitivement conquérir El Cholo. Du réalisme et de l'impact défensif, Griezmann avait alors saisi ce qui le ferait décoller dans la capitale espagnole.

"Simeone est pour beaucoup dans mon explosion au plus haut niveau, nous confiait-il quelques mois après un Euro 2016 ébouriffant. Il m'a repositionné dans l'axe et je me suis amélioré. Physiquement aussi. Je cours plus, je défends davantage. C'est devenu un plaisir de défendre dans ma surface alors qu'avant, je ne voulais pas le faire. Et cela ne m'empêche pas de marquer plus. Il m'a complètement transformé." Pur produit du "simeonisme", il en est depuis des années désormais l'une des plus belles émanations.

Les deux entités se sont nourries. L'Atlético est rarement passé au travers avec son chef de file, Griezmann est devenu l'un des meilleurs joueurs de son époque sous son maillot. "Il est le meilleur joueur du monde cette saison", s'enthousiasmait même Diego Simeone, en 2018, lui qui n'a jamais cessé de louer son attaquant, même dans les moments les plus sombres. Et quand Griezmann touche les étoiles à Moscou, il n'oublie pas celui auquel il doit tant et il lui envoie une photo de la Coupe du monde : "Regarde comme elle est belle. Si je l’ai fait, c’est aussi grâce à toi. Cette coupe, elle est aussi pour toi."

Il n'a fallu finalement qu'une clause ubuesque obligeant Griezmann a ne pas jouer plus d'une demi-heure par match pour éviter de signer un gros chèque au Barça pour sortir le Français des plans de son coach. Alors Griezmann aura-t-il droit lui aussi à sa statue ? Il n'a remporté qu'une Ligue Europa en huit saisons et expédié ce fichu penalty sur le barre de Keylor Navas en finale de la C1 2016. Et même s'il fut double buteur en finale, son palmarès n'est pas à la hauteur de la trace qu'il laissera. Marquer lui offrira une place de choix, gagner la Liga et, encore plus, la première Ligue des champions du club, lui accordera un rang incontestable.