Liga I Barça - Atlético de Madrid : Derrière, Hansi Flick n’avance pas

L’image a fait le tour du monde. Elle a été captée par les caméras de DAZN peu après la victoire du Barça contre Alavés (3-1) samedi au Camp Nou. Un succès loin d’avoir donné le sourire à Hansi Flick. Tête basse, le regard dans le vide, l’entraîneur barcelonais semblait à la limite de l’abattement total. Voyant son coach désemparé, Raphinha est venu le réconforter. "Il m’a dit la même chose que la dernière fois : 'On va progresser, on sera bien meilleurs les prochains matchs'", racontait le technicien allemand quelques instants plus tard en conférence de presse. S’il a dédramatisé la situation lundi devant les médias, son mal-être n’en semble pas moins profond.

Le constat peut sembler paradoxal alors que le Barça vient tout juste de reprendre la tête de la Liga. Mais cette victoire contre Alavés, sans être illogique, a un côté flatteur. Si Dani Olmo lui a donné de l’ampleur dans le temps additionnel, elle a été longue à se dessiner. Barcelone a été mené dès la 1re minute de jeu. Et il a fallu une parade sensationnelle de Joan Garcia, à l’origine de l’action qui a permis au club catalan de prendre l’avantage (26e), pour qu’il ne le soit pas une deuxième fois dans le match.

Ce succès, acquis trois jours après une débâcle à Chelsea en Ligue des champions (3-0), n’a pas masqué les failles de l’équipe de Flick. Le bât blesse un peu partout mais surtout en défense, et ce n’est pas une nouveauté. C’était déjà le point faible du Barça la saison passée, avec une moyenne de 1,21 but concédé par match entre la Liga et la Ligue des champions. Une lacune illustrée par la défaite contre l’Inter en demi-finale de la C1, avec pas moins de 7 buts encaissés sur la double confrontation (3-3, 4-3 a.p.).

Le mal était identifié. Mais tout le problème de Flick, c’est qu’il est jusqu’ici incapable d’y remédier. Les chiffres défensifs du Barça sont encore pires que la saison dernière : 1,1 but encaissé par match en Liga (contre 1,02 en 2024-25) et 2 en Ligue des champions (contre 1,7 en 2024-25) pour une moyenne de 1,37 but concédé par rencontre sur deux compétitions. C’est son pire ratio sur le XXIe siècle selon Mundo Deportivo. Barcelone n’a par ailleurs réussi que 21% de "clean-sheets" (4 en 19 matches), contre 33% sur l’exercice précédent (17 en 52 matches).

C’est pourtant l’équipe qui concède le moins de tirs en Liga (9 par match). Mais elle est aussi celle qui affiche le ratio le plus important au nombre de buts attendus (xG) par tirs (0,16). Pour résumer, la formation d’Hansi Flick autorise moins de frappes que les autres, mais sa défense haute offre de meilleures positions à l’attaque adverse. Le plus inquiétant, c’est que Joan Garcia n’en était pas à son premier miracle contre Alavés. Le portier barcelonais arrive d’ailleurs en deuxième position parmi les gardiens de Liga au pourcentage de tirs arrêtés (81,8%).

Si Wojciech Szczesny n’a pas eu le même rendement pendant que Garcia était blessé, les difficultés de la défense catalane ne sont pas dues à un problème de gardien. Flick a surtout dû faire face à des circonstances défavorables. À commencer par le départ surprise d’Iñigo Martínez l’été dernier, qui a laissé l’entraîneur barcelonais orphelin de son chef de défense. Une perte mal vécue par l’Allemand selon les indiscrétions de la presse barcelonaise.

Et dont les conséquences sur son équipe sont encore visibles. Le Basque était l’un des garants majeurs de la philosophie de jeu de Flick. Au-delà de ses qualités de relanceur, qui manquent aussi cruellement à l’heure actuelle, il apportait surtout une science du placement essentielle pour permettre à la défense barcelonaise d’évoluer avec une ligne aussi haute. Sans lui, l’arrière-garde du Barça montre des lacunes de positionnement encore plus fréquentes Martínez avait aussi cette faculté à endosser un rôle de leader défensif que personne n’a compensé depuis son départ.

La perte a ainsi laissé un trou béant dans la défense du Barça, qui ne l’a pas compensée lors du dernier mercato estival. Flick cherche encore des solutions pour le remplacer et l’option interne reste privilégiée. Il croit beaucoup en Gerard Martin. "Nous discutions avec le staff technique : nous avons besoin d’un défenseur central gaucher pour la relance, a-t-il reconnu après la victoire contre Alavés. Nous comptons sur Gerard Martín pour ce poste. C’est un grand professionnel et on sait toujours ce qu’il peut faire."

Aligné comme arrière gauche avant d’être repositionné dans l’axe face à l’Athletic Bilbao (4-0), le défenseur de 23 ans montre en effet les signes d’une montée en puissance à ce poste, notamment avec sa qualité de relance. Il lui appartiendra de rester en bonne santé, comme il a su le faire depuis le début de la saison, pour le confirmer. Car le physique est un autre problème majeur rencontré par Flick. Avec les multiples blessures il a ainsi été contraint d’aligner 12 défenses différentes sur les 19 premiers matches de la saison, ce qui est loin de favoriser les automatismes. 

Ce souci ne s’est pas arrêté au secteur défensif. Et si la défense barcelonaise bat de l’aile, ce n’est pas seulement du fait de la ligne arrière. Le plan de jeu de Flick implique un pressing haut et coordonné qui exige aussi une participation active des milieux et des attaquants, eux aussi touchés par les blessures. "Nous n'avons pas le contrôle et l'intensité de l'année dernière, a constaté le coach du Barça samedi. Nous pouvons encore nous améliorer sur beaucoup de choses. Cette saison, nous avons plus de blessés. L'année dernière, tout le monde pouvait jouer au début et nous avions beaucoup progressé."

Mais depuis, Flick n’avance pas, de manière générale et derrière en particulier. Dans des circonstances qui ne doivent pas être négligées, il reste désespérément à la recherche d’un plan B. Et si son équipe est revenue sur les sommets de la Liga, elle va devoir trouver cette solidité pour y rester. Surtout dans les grandes affiches. Les défaites contre le PSG et Chelsea en Ligue des champions, ainsi que celle face au Real en championnat, ont mis en lumière ses lacunes défensives de manière éclatante. La réception de l’Atlético est l’occasion de faire un pas en avant dans ce domaine. Et de redonner le sourire au technicien allemand.