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La prison dorée d’Andrea Pirlo

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 06/12/2018 à 14:01 GMT+1

Désormais retraité, le maestro Andrea Pirlo a eu immédiatement l’occasion de mettre son expérience au service de la sélection, mais il a choisi la télé où il est loin d’exceller.

Andrea Pirlo

Crédit: Getty Images

A l’heure où la France se déchire avec les droits télés des principales compétitions vendus à quatre diffuseurs différents, je peux vous assurer qu'on n’est pas à plaindre en Italie. C’est très simple et pas forcément hors de prix : Sky possède 70% de la Serie A, la Premier League, la Bundesliga et les deux coupes d’Europe, DAZN - plateforme streaming arrivée sur le marché cette année - le reste (30% de la Serie A, Serie B, Liga, Ligue 1).
Concernant la branche italienne du broadcaster anglais, c’est objectivement du service cinq étoiles d’un point de vue esthétique et éditorial au point de faire passer la concurrence pour des amateurs. Les consultants vont de pair, il n’y a pas que les noms, mais aussi la qualité d’analyse, cela va d'Alessandro Del Piero à "Cuchu" Cambiasso en passant par Beppe Bergomi, Fabio Capello, Luca Marchegiani, Lele Adani ou encore Massimo Ambrosini. Ils ont même une appellation : talent (à prononcer à l’anglaise). De quoi passer de beaux week-ends et de belles soirées européennes, mais le nouvel arrivant a gâché un peu ce plaisir.
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Alessandro Del Piero

Crédit: Getty Images

Mancini l'attendait à bras ouverts

Voilà un an qu’Andrea Pirlo est à la retraite depuis la fin de son expérience au New York City FC en MLS. Quelques mois plus tard, en mai, il avait régalé la galerie avec une liste d’invités prestigieux pour son jubilé à San Siro. “Mon futur ? Devenir entraîneur”, avait-il déclaré après cette soirée inoubliable. Chouette !
Équilibré, discret et doté d’une expérience incommensurable, il y avait peu de doute sur ses capacités à devenir un excellent éducateur. Le timing était même parfait pour aider l’Italie à reconstruire son football suite à l'historique non-qualification au dernier Mondial. De fait, à peine nommé à la tête de la sélection, Roberto Mancini a tout de suite pensé à Pirlo pour l’épauler : “Il y a la possibilité de l’insérer dans mon staff, je crois qu’il peut être une bonne solution.”
Ça c’était le 25 Juillet, ça sentait donc plutôt bon, les comparaisons avec Ancelotti fusaient puisque Carletto a démarré sa carrière de coach en tant qu’adjoint d'Arrigo Sacchi en Nazionale entre 1992 et 1995. Puis, à peine deux semaines plus tard : “A la fédération, ils étaient au courant de mes engagements avec mes sponsors et partenaires extra-footballistiques, y compris l'accord que j’étais en train de conclure avec Sky.” Conflit d’intérêts et fin du rêve.

Un poisson hors de l'eau

On l’a donc retrouvé là où il se sent probablement le moins à l’aise : un plateau télé. Certes, il débute et a tout le temps de progresser, mais on pouvait aisément deviner son inadaptation télégénique. Monotone et manquant de rythme, concis même si pas forcément banal, peu expressif, à l’écart des débats et éclipsé par des collègues plus loquaces que sont Capello ou encore Costacurta.
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Andrea Pirlo & Harry Kewell in publication

Crédit: Eurosport

Malgré tout le bien qu’on peut penser de lui, sa présence revêt peu d’intérêt. Il fait acte de présence une fois par semaine européenne, sachant qu’il y en a quinze en tout dans la saison à hauteur de 6 heures par soirée, Pirlo a donc fait l’impasse sur la reconstruction de la Nazionale pour 75 heures de travail qu’on imagine bien rémunérées. Sans tomber dans la démagogie facile, chacun tirera ses propres conclusions sur l'opportunité d'un tel choix. Heureusement, l'Italie est en train de se relancer sans lui avec le très bon travail effectué par le staff de Mancini qui a d’ailleurs été choisi par un autre ancien consultant de Sky.

La même cellule que Costacurta

Alessandro Costacurta. Dois-je le présenter ? Je crains que oui car les années passent. Cet ancien défenseur central fut un incontournable du grand Milan avec qui il a tout gagné pendant vingt ans. Je peux même vous faire une confession, il a été l’une des idoles de ma jeunesse, au point d’hériter son surnom durant mes années fac : Billy. Pourquoi en rafollais-je ? Outre le fait d’être un fidèle joueur de l’ombre, il était une personne intelligente et mesurée et est devenu un très bon consultant depuis près d’une décennie.
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Alessandro Costacurta

Crédit: Getty Images

C’est pour ces qualités que le Comité olympique italien l’a coopté à la tête de cette fédération de foot incapable d’élire un nouveau président en début d'année. De février à octobre, il a ainsi été vice-commissaire de tutelle et donc abandonné temporairement son travail. Rempli de bonnes intentions au départ, il est petit à petit rentré dans le rang devant les nombreuses problématiques insolubles qui ankylosent les institutions du football transalpin.
Plus les mois passaient et plus l’impression était palpable, “Billy” n’attendait qu’une chose, fuir ce bourbier et retrouver son tabouret sous les projecteurs des studios de Milano Rogeredo, bien au chaud avec son ancien coéquipier Andrea Pirlo. Une belle injection de nostalgie pour les milanistes, c’est certain, mais une désagréable impression de désertion.
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