La prochaine fois que Kurzawa veut chambrer, il ira prendre conseil auprès des maîtres du genre

Personne ne contestera le savoir-faire de Mario Balotelli en matière de provocation. L’attaquant italien est un habitué du genre. Lors de son premier passage en Angleterre, à Manchester City, SuperMario avait attendu d’affronter le rival United, dans le derby, pour montrer à quel point il était créatif. Après l’ouverture du score, le natif de Palerme avait soulevé son maillot pour dévoiler un tee-shirt phénoménal où l’on pouvait lire : "Why always me ?"(Pourquoi toujours moi ?).

Trois mots et un point d’interrogation pour répondre aux tabloïds anglais et à ses détracteurs qui le critiquaient sans cesse pour ses écarts de conduite en dehors des terrains. Ce jour d’octobre 2011, City avait fait exploser le Manchester United de Sir Alex Ferguson (6-1) à Old Trafford avec une performance sportive et théâtrale de haute-volée signée Balotelli. Par ailleurs, Manchester City avait même commercialisé des tee-shirts  "Why always me ?" sur son site officiel. Un des meilleurs chambrages de la décennie  et lucratif qui plus est. SuperMario est aussi un prodige du marketing.

Didier Drogba n’a joué qu’une petite saison à l’OM mais sa cote de popularité est toujours restée intacte. Avec le maillot olympien, l’attaquant ivoirien a brillé contre quasiment tout le monde, sauf le PSG. L’ancien joueur de l’EAG n’a jamais battu le club de la capitale avec Marseille et n’a inscrit qu’un seul but face au rival parisien lors d’un seizième de finale perdu (1-2) en Coupe de France.

Mais Drogba a rectifié le tir. Quelques semaines après son transfert à Chelsea, l’Ivoirien débarque avec sa nouvelle équipe au Parc des Princes lors de la phase de poule de la Ligue des champions. Le résultat est sans appel, les Blues l’emportent facilement 3-0 avec un doublé de Drogba. Après son second but, un coup-franc magistral, l’ancien chouchou du Vélodrome était venu hurler "Allez l’OM !" sous la tribune Auteuil. Une image forte.

Lorsqu’un Gunner quitte Arsenal pour un autre club de Premier League, les retrouvailles sont parfois très pénibles. Robin van Persie et Samir Nasri ne diront pas le contraire. Insulté et conspué par les fans londoniens après son transfert à Manchester City, Emmanuel Adebayor avait décidé de se faire justice lui-même à l’époque (en 2009). Après avoir marqué, l’attaquant togolais a traversé tout le terrain afin de laisser exploser sa joie devant ses anciens fans pour les narguer. Jamais l’ancien Monégasque n’avait couru aussi vite de sa carrière…

Le geste de l’actuel buteur de Tottenham manquait de classe, c’est certain. Les stadiers du City of Manchester Stadium avaient dû intervenir dans les tribunes pour calmer les supporters d’Arsenal, fous de rage. L’incident aurait pu être dramatique mais "au moins", les Citizens s’étaient imposés 4-2 contre les Gunners et Adebayor avait pu savourer sa revanche.

Robbie Fowler n'aime pas les ragots. En 1999, à l'occasion d'un bouillant derby de la Mersey entre Liverpool et Everton, les supporters des Toffees avaient inventé des rumeurs sur l'attaquant des Reds pour le déstabiliser. Les tabloïds avaient joué le jeu, comme d'habitude, en colportant une présumé addiction de l'Anglais à la drogue. Déchainé le jour du match, Robbie Fowler avait inscrit un but avant de le célébrer en faisant mine de sniffer la ligne blanche le long du terrain devant les supporters d'Everton tel un cocaïnomane avec un rail de coke. Une célébration polémique qui avait coûté une suspension de quatre matches à l'ex-international plus une amende particulièrement salée. "C’était une célébration camerounaise qui consistait à manger la pelouse, Rigobert Song lui a montré récemment.", avait tenté d'expliquer, Gérard Houllier, l'entraîneur de Liverpool après la rencontre. Mais bien sûr...

Talentueux, génial, instable, fou, Paul Gascoigne a fait un peu tout et n'importe quoi durant sa carrière. Souvent, le milieu anglais dépassait les bornes et quand il franchissait la ligne du raisonnable, il ne se fixait aucune limite. Buteur avec les Rangers dans un derby face au Celtic en 1998, "Gazza" fit mine de jouer de la flûte. Quel est le problème ? Au Royaume-Uni, la flûte est considérée comme un symbole de loyauté envers l'Angleterre à majorité protestante. Les supporters du Celtic, traditionnellement catholiques, n'ont pas du tout apprécié. Le joueur anglais affirmera plus tard qu'il ignorait totalement la signification de son geste. On peut en douter. Gascoigne était "cinglé" certes, mais pas stupide.

L'entraîneur portugais est l'un des plus grands techniciens de l'ère moderne. C'est aussi un as de la provocation. Un talent qu'il aime beaucoup exercer contre le FC Barcelone. Coach de l'Inter en 2010, le "Special One" avait fêté comme il se devait la qualification des Nerazzurri pour la finale de la Ligue des champions au détriment du Barça en demi-finale. Le "Mou" était rentré sur la pelouse au coup de sifflet final et s'était offert un sprint majestueux, le doigt levé vers le ciel, sur la pelouse du Camp Nou. Le Lusitanien s'était payé le public catalan avec une insolente désinvolture. Même Victor Valdes, qui avait tenté d'interrompre le show, avait fini par abandonner laissant le Portugais exulté sans retenu au milieu de la pelouse. Une célébration à la mode Mourinho.

Les anecdotes autour de PSG-OM sont diverses et variées. Mais les supporters parisiens en retiennent certaines plus que d'autres. Parmi elles, la fameuse danse de Luis Fernandez contre l'Olympique de Marseille au Parc des Princes en octobre 2002. Emmené par un Ronaldinho au sommet de son art, le PSG avait surclassé Marseille (3-0). Luis Fernandez, excité comme jamais sur son banc, s'était laissé entraîner par la partition irrésistible du Brésilien en offrant au public quelques pas de samba. Un vrai spectacle.

Sabrer le champagne avant la fin d'un match ? L'Italie l'a fait une fois et ne le refera probablement plus jamais. Certains de remporter l'Euro 2000, les Italiens menaient 1-0 contre les Bleus avant que le ciel ne leur tombe sur la tête. Après l'égalisation de Sylvain Wiltord dans les arrêts de jeu, Thierry Henry s'était précipité vers le banc adverse et avait demandé aux Transalpins de se rasseoir. Ces derniers avaient eu la mauvaise idée de fêter leur victoire cinq minutes avant la fin de la rencontre. Une attitude irrespectueuse et pathétique, surtout après le but en or de Trezeguet quelques minutes plus tard. Les chambreurs chambrés. Depuis ce jour, l'Italie a compris qu'un match de football durait 94 ou 95 minutes et non pas 85 ou 89.

Luis Suarez est également un excellent client dans le domaine. Critiqué par David Moyes, alors coach d'Everton en 2013, pour ses multiples simulations, l'attaquant uruguayen avait répondu à l'Ecossais dans son style si particulier. Après avoir marqué contre les Toffees (2-2) à Goodison Park, le joueur sud-américain avait foncé vers le banc de David Moyes avant de plonger ironiquement devant la zone technique du futur entraineur de ManU (à l'époque). 10 sur 10 pour la note artistique.

Francesco Totti déteste la Lazio Rome et il ne s'en est jamais caché. Un soir de derby en 1999, le Romain inscrit le dernier but qui assure la victoire définitive des Giallorossi (3-1) et dégaine un tee-shirt "Vi ho purgato ancora" ("Je vous ai encore purgé" ou "Je vous l'ai mise à l'envers encore une fois"). Un message pour le moins expressif qui avait comblé de joie les supporters romanisti. En revanche, Daniel Osvaldo avait tenté en 2011 de faire comme Totti. Il avait marqué lors du derby, il avait sorti le même tee-shirt "Vi ho purgato anch'io"("Je vous ai purgé moi aussi"). Seulement voilà, Osvaldo avait dévoilé son message dès la 5e minute de jeu et malheureusement pour lui, la Lazio s'était réveillée et avait fini par l'emporter 2-1 en fin de match. En matière de chambrage, le plus important reste le timing. Que certains en prennent de la graine ou s'abstiennent définitivement.