Le Graët : N°1 ou rien

Noël Le Graët, en a marre de jouer les faire-valoir. Entouré de ses neuf co-listiers --dont les présidents de club Jacques Rousselot (Nancy) et Alexandre Lacombe (Sochaux)-- dans l'auditorium de la FFF (disponible pour tout candidat), l'actuel vice-président de la FFF est allé droit au but: "je ne veux plus être numéro deux".

Son ambition présidentielle fédérale remonte à "5-6 ans": "mais, avec le système électoral de l'époque --aujourd'hui réformé-- le président du foot amateur était élu par tradition. Escalettes (alors élu), en bonne intelligence, m'avait laissé la partie économique", a développé ce chef d'entreprise de 69 ans, président de Guingamp (National) et grand artisan du juteux contrat décroché pour la Fédération avec Nike. Il y a "4-5 ans", il avait même livré à Fernand Duchaussoy --alors patron du foot amateur, aujourd'hui président et grand rival pour l'élection-- sa vision de la Fédération: "le patron économique doit être le numéro un et le leader amateur le numéro deux, car, même si je ne devrais pas le dire, la FFF c'est une sacrée entreprise".

Soucieux de ne pas effaroucher le foot d'en bas, cet ancien président de la Ligue de football professionnel (LFP, qui se nommait alors LNF) se présente comme un "responsable économique avec une vision amateur". Et de promettre de partager les fruits de la croissance: "je souhaite que toute la ligne économique du foot amateur soit maintenue et améliorée". Mais Noël Le Graët, ancien maire socialiste de Guingamp (1995-2008), entend aussi clairement se démarquer de Duchaussoy, dont il a égratigné, sans le nommer, la communication de crise au début de l'affaire des quotas: "quand on me posera une question, je ne répondrai pas : je ne suis pas au courant".

Ses co-listiers ont dressé le portrait de leur chef de file en homme à poigne idéal pour une Fédération en manque de "crédit et sérénité", selon le trésorier général actuel de la FFF, Bernard Désumer, premier à prendre la parole après Le Graët. "On a besoin d'un patron, c'est une impérieuse nécessité, de nombreux dossiers ont été traités, je ne dirais pas avec légèreté, mais pas comme il le fallait. Ce capitaine d'industrie qu'il fallait, on ne l'a pas eu", a lancé Denis Trossat, président du District du Jura.

"Il faut redonner une bonne image à la Fédération, tout ce qu'on entend dans les clubs, ça ne peut pas continuer comme ça! Il faut un patron", a renchéri Daniel Pecqueur, président de la Ligue Nord-Pas-de-Calais. Conscient que le premier vecteur d'image d'une Fédération est l'équipe nationale, Noël Le Graët, veut, une fois élu, "être très proche du sélectionneur" Laurent Blanc. Mais n'est-ce pas ce qui lui est reproché, d'avoir été trop proche d'un certain Raymond Domenech, notamment après l'échec de l'Euro-2008?

"L'amitié n'est jamais un échec, un entraîneur, on le soutient ou on le vire", a assumé le Breton. "On ne gagne pas tout le temps, mais les amitiés elles aussi comptent, et j'ai peut-être tendance, quelquefois, à soutenir quand la meute est déchaînée. La protection est nécessaire". Protection, mais aussi rationalisation: il veut "faire en sorte que chaque salarié et cadre ait des missions réelles et clairement définies".

Verdict des urnes le 18 juin. Noël Le Graët ne doute pas: "avant, il y avait des scores de 98%, avec nous un 51%-49% serait parfait". Outre sa liste et celle de Fernand Duchaussoy, la course à la présidence concerne aussi l'outsider Eric Thomas, vice-président du club amateur de Montlouis-sur-Loire (Indre-et-Loire) et animateur de l'Association française de football amateur (AFFA).