"Ça ne va pas bien finir pour lui" : Comment Enzo Maresca s'est mis en danger tout seul à Chelsea après une déclaration incendiaire

Enzo Maresca navigue en eaux troubles. Alors que ses Blues avaient retrouvé des couleurs samedi en disposant d'Everton à Stamford Bridge (2-0), l'entraîneur italien avait des comptes à régler. Alors, en conférence de presse, alors qu'il était interrogé sur la performance de Malo Gusto, auteur du second but, le manager a fendu l'armure : "Les 48 dernières heures ont été les plus dures depuis que je suis au club parce que tellement de personnes ne m'ont pas soutenu, l'équipe et moi." Un aveu auquel pas grand monde ne s'attendait et qui a provoqué la stupéfaction parmi les suiveurs.

Ce qui a semé la zizanie, c'est le flou entretenu autour de la cible de ce reproche. En voulait-il au public, aux médias, à ses dirigeants ? Interrogé sur ce point, il a juste lâché : "c'est en général." Une sortie accusatrice qu'ont cherché à analyser les médias anglais qui ont cherché à savoir à qui en voulait le Transalpin de 45 ans.

Pour le consultant de la BBC, Alan Shearer, l'intention cachée derrière ce message ne fait aucun doute. "Il n'y a pas de doute sur le fait qu'il s'adressait à ses dirigeants et ses propriétaires. Mon hypothèse est qu'il ne s'est pas senti protégé après la défaite en milieu de semaine, et ça lui a fait mal", a analysé l'ancien attaquant de Newcastle, au même titre que Wayne Rooney qui décèle la même cible.

Chelsea s'est en effet piteusement incliné sur la pelouse de l'Atalanta, en Ligue des Champions, mardi (2-1). Un revers qui est venu s'ajouter à l'enchaînement d'une défaite à Leeds (3-1), puis d'un nul à Bournemouth (0-0), deux équipes qui ne font pas partie des cadors du championnat. Les Blues ont ainsi vu le podium s'échapper à cinq points devant eux et le titre déjà à huit.

Avec son sacre en Coupe du monde des clubs cet été, Enzo Maresca s'est acheté une véritable légitimité. Lui qui est un jeune entraîneur (45 ans) passé très rapidement du rôle d'adjoint de Pep Guardiola sur le banc de Manchester City, au rôle d'entraîneur principal à Leicester.

Le champion d'Angleterre 2016, tout juste rétrogradé en Championship en 2023, voulait absolument retrouver l'Élite. Enzo Maresca y est parvenu en survolant le championnat. Une performance qui a convaincu le consortium BlueCo de lui confier les rênes du club londonien dès l'été 2024. En intégrant l'un des clubs avec le plus gros budget du monde, réalisant des transferts pharaoniques à la pelle, l'Italien a changé de braquet avec tout ce que cela implique. La pression des résultats, les attentes, les regards de tout le monde scrutés sur soi. C'est certainement un trop-plein de tout ça qui a affecté le manager cette semaine. À la grande surprise de l'Angleterre.

L'ancien international Danny Murphy (9 sélections) s'est étonné de voir la réaction de Maresca. "On lui a donné une merveilleuse opportunité de coacher un si grand club. Est-ce qu'il s'attendait à ce qu'on lui octroie tout le contrôle parce qu'il a gagné la Ligue Conférence ?", s'interrogeait-il ironiquement dans l'émission Match of the Day. Dans sa deuxième saison à Chelsea, l'Italien rencontre des soubresauts en étant proche du duo de tête, mais manquant chaque occasion de recoller un peu plus derrière eux. Avec notamment des résultats piteux contre des équipes moins bien classées qui engendrent des mauvaises séries.

Des faux pas qui ne sont pas uniquement dus à ses choix. Malgré son effectif pléthorique, certains joueurs sont difficilement remplaçables, comme il l'a rappelé, samedi. "Peu importe qui joue, l'équipe est fantastique. Avec aujourd'hui (samedi), ça fait cinq matches en douze jours… Bien sûr, vous vous voyez Cole Palmer sur le terrain, on sait que c'est notre meilleur joueur, mais on joue presque toute la saison sans lui."

Ce lundi, il a forcément de nouveau été question de sa sortie énigmatique qui a mis le feu aux poudres. Et il n'a pas retiré un mot de ce qu'il a dit. "On est dans une époque où tout le monde peut dire ce qu'il a envie, je respecte l'avis des gens, je respecte votre avis (les journalistes). (...) Il me semble que quand je veux dire quelque chose, je suis plutôt clair. J'ai déjà réagi après la rencontre, je n'ai pas besoin d'en rajouter", a-t-il balayé. Enzo Maresca souhaite faire partie du gotha des entraîneurs, en témoigne sa signature au sein de l'agence Gestifute du célèbre agent surpuissant, Jorge Mendes.

Néanmoins, ce genre de sortie pourrait lui porter préjudice, comme l'a rappelé Murphy sur la BBC. "Le football est impitoyable. Ce sont des propriétaires multi-milliardaires. S'ils sentent que leur entraîneur leur parle directement via la presse, ça ne va pas bien finir pour lui." Un avertissement confirmé par un écho d'une source anonyme auprès de The Telegraph. "Si Maresca veut la guerre, il n'y aura qu'un vainqueur, et ce ne sera pas lui." 

Dans son podcast, l'ancien milieu de Manchester United, Wayne Rooney ne voit pas vraiment comment la situation pourrait s'apaiser. "Maintenant qu'il a dit ça, je ne pense pas qu'il sera protégé parce que ce sera difficile pour le club de le faire, ce qui est vraiment dommage." Seul contre tous, Enzo Maresca va devoir faire preuve de solidité de caractère. Sinon, comme d'habitude à Chelsea, un autre entraîneur prendra sa place sur le banc.