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Les 3 défis que Zidane doit relever pour redresser le Real

François David

Publié 05/01/2016 à 16:15 GMT+1

EUROVISIONS - Même s'il jouit d'une exceptionnelle cote de sympathie au sein du club merengue et auprès de ses socios, le nouvel coach du Real devra remplir plusieurs missions pour être véritablement adoubé et éviter le triste sort de bon nombre de ses prédécesseurs.

Zinédine Zidane lors de son premier entraînement à la tête du Real Madrid, mardi 5 janvier 2016

Crédit: AFP

En nommant Zinédine Zidane à la tête du Real Madrid, Florentino Perez, qui avait jusque là publiquement soutenu Rafael Benitez, s’est offert un parapluie de luxe. Adoré, voire vénéré par les socios du Real, Zizou incarne mieux que personne le style et la tradition de la Maison Blanche. Il en a été l’icone sur le terrain. Les amoureux du Real ont rejeté en bloc la proposition footbalistique de Benitez et sa communication hasardeuse. Benitez a souffert d’un délit de sale gueule, aussi. Technicien compétent mais sans le charisme nécessaire pour guider Cristiano Ronaldo, Benzema et compagnie, doté d’un caractère fuyant inadapté au Real, il a échoué.
Zidane est désormais sur le devant de la scène. Lui est adoré par les joueurs qui, pour les plus jeunes, ont été élevés au rythme de ses acrobaties et de ses roulettes.
Zidane, sous Ancelotti, a eu une relation privilégiée avec CR7, Benzema, Bale, Isco ou Jesé en tant qu’entraîneur des attaquants. S’il parle football, on l’écoute. Et le passé (Del Bosque, Ancelotti) a prouvé qu’un coach n’était absolument pas obligé de jouer les pères fouettards pour faire respecter l’ordre au Real. Accompagner l’équipe, lui montrer la voie, gérer les égos est largement suffisant. Et ça, aujourd’hui, Zizou semble parfaitement capable de le faire malgré une expérience limitée comme entraineur numéro 1.
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Zinedine Zidane junto a Carlo Ancelotti

Crédit: AFP

Mais si ZZ a accepté ce défi, c’est qu’il se sentait prêt. Un peu comme Guardiola avec le Barça en mai 2008, un homme au parcours similaire à celui de l’ex-numéro "5" des Galactiques (légende du club, coach de la réserve, gros bosseur...). Le Barça comme le Real sont des trains qu’on ne peut pas laisser passer si l’occasion de prendre les commandes se présente.
Avec Zidane, Florentino Perez joue en tout cas la dernière carte de son projet (flou). Il joue même sa crédibilité aux yeux des supporters merengue. Lui qui a consommé onze entraîneurs en treize ans de présidence donne les pleins pouvoirs à son chouchou. Et Zizou va devoir faire face à plusieurs défis.

Retrouver de la stabilité

Carlo Ancelotti et Rafael Benitez ont souffert du même problème au Real Madrid. L’effectif actuel est extrêmement brillant, mais manque cruellement d’équilibre. Ce Real ne dispose plus de Xabi Alonso. Il n’a pas non plus un Vidal, un Thiago Motta, un Matic ou, bien évidemment, un Sergio Busquets pour ratisser les ballons et les rendre proprement. Casemiro, volontaire mais un peu tendre, et Kovacic, aussi volontaire mais encore plus tendre, sont les deux joueurs les plus à même d’occuper ce rôle de milieu de terrain défensif qui manque au Real.
Toni Kroos, Luka Modric, Isco et James sont, eux, des joueurs beaucoup plus attirés vers le but. A moins d’un gros renfort au mercato, ZZ va donc devoir trouver la formule magique et le bon équilibre au milieu. Or, Zidane, qui a longtemps eu Claude Makelele comme "garde du corps" au Real et bien sûr en équipe de France, connaît trop l’importance du poste de numéro 6. Sans Makelele, les Merengue se sont écroulés au début des années 2000. Le début de la fin des Galactiques.
A titre personnel, j’en vois un qui serait "disponible". A 30 ans, Lass Diarra est le meilleur milieu défensif du football français. Il connait le Real Madrid comme sa poche et seul un conflit ouvert avec José Mourinho avait provoqué son départ du club merengue. Lass a retrouvé les Bleus où Didier Deschamps en a fait son relais sur le terrain. Deschamps, une référence pour ZZ... Je lis que le joueur de l’OM est suivi intensément par l’Inter. Sans manquer de respect au club italien, le Real, c’est autre chose. Problème, Lass a signé quatre ans à Marseille. Et notre Lass national a l’habitude de faire respecter ses contrats, quitte à aller au clash. Mais il a le profil pour aider Zizou dans sa mission, j’en suis persuadé.
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Lassana Diarra - Real Madrid 2011

Crédit: Imago

Zidane prône un football offensif, porté vers les attaquants. C’est ce qu’il veut voir. Il sait que ce jeu là plait aux exigeants socios. Mais il sait aussi que sans "soutiers" de très haut niveau, il n’ira pas bien loin. Heureusement, le public sera compréhensif avec Zidane qui ne commencera à être vraiment jugé qu’au début de la saison prochaine. Mais le Real, dans cette configuration là, n’a que très peu de chances de remporter un trophée (il est déjà hors course en Coupe du Roi). Car face aux très gros, aux équipes dures, viriles et froides, celles face à qui tout se jouera et face à qui le Real sera jugé, il ne partira pas avec les mêmes armes. Sauf si Madrid passe à l’action au mercato...

Retrouver une identité

Zizou peut s’apparenter à un chercheur. Il n’avait pas de grandes dispositions pour entraîner après 2006, mais après être devenu conseiller de Florentino Perez et relais de José Mourinho à partir de 2011, l’adrénaline lui a manqué. Dès son adolescence, l’enfant de Marseille a été élevé avec la pression et cette petite boule dans la gorge avant un match. C’est cette pression qui l’avait décidé à revenir en équipe de France en 2005, un an après l’avoir quitté.
C’est aussi cette pression qui lui a manqué quand il est devenu un "dirigeant". Zidane a besoin du terrain. Comme Guardiola (encore lui), on peut qualifier Zidane de "voleur d’idées". Aimé Jacquet, Marcelo Lippi, Vicente del Bosque, Carlo Ancelotti, José Mourinho... mais aussi Marcelo Bielsa ou Pep Guardiola, à qui il a rendu visite respectivement à Marseille et à Munich, sont des modèles.
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Marcelo Lippi avec la sélection italienne

Crédit: Other Agency

Etre entraîneur de l’équipe A du Real, Zizou y a pensé. Sans nul doute, il a fait et refait son équipe des dizaines de fois. Le plus important, outre l’équilibre : retrouver une vraie identité. Le Real Madrid a construit son histoire sur le beau jeu, le talent offensif et l’inspiration. Et avec un schéma préférentiel, le 4-4-2. Si, avec la Castilla, le 4-3-3 est régulièrement utilisé, ZZ sait qu’il a tellement de milieux de terrains créatifs dans son effectif qu’il doit les utiliser. Pour marquer des buts, pour gagner et pour plaire.
Récupérer la présence d’un meneur de jeu n’est pas exclue. James, voire Modric ou Isco pourraient retrouver un poste où ils ont leurs habitudes. Mais quid de la BBC ? Benzema et lui sont très liés. Cristiano Ronaldo reste incontournable et est le meilleur buteur du club. Quant à Gareth Bale, Zidane a milité pour sa venue. Difficile à gérer, même si c’est un problème de riches.

Retrouver une sérénité (et préparer le futur)

Selon Bixente Lizarazu, le moment est idéal pour Zidane, un homme qu’il connait parfaitement. Le nouveau coach du Real va pouvoir préparer sereinement son huitième de finale de la Ligue des Champions contre l’AS Roma. Zizou a signé un contrat de deux ans et demi et il est largement écouté par Florentino Perez, qui lui voue une admiration sans bornes. Quand Mourinho commençait à faire des siennes, il s’était logiquement éloigné du technicien portugais. Zidane avait dans la foulée prévenu Perez des dommages collatéraux occasionnés par le Mou.
Obsédé par sa volonté de faire imploser le Barça, Florentino avait pourtant laissé cartes blanches à son coach. Dans son livre "Preparense para perder" ("Préparez-vous à perdre"), le très respecté Diego Torres, qui suit l’actualité du Real Madrid pour El Pais, avait relaté un épisode lors de la troisième année de Mourinho au Real : "J’aurais dû écouter Zizou... Zizou me l’avait dit. Pourquoi je ne suis pas intervenu...", s’était ainsi lamenté Florentino auprès de ses proches.
Zidane devra avoir un plan pour le futur. Il l’a sans doute déjà. Préparer la transition d’une équipe qui peut apparaître en fin de cycle fait partie de ses priorités. Qui seront les sanctionnés ? Les élus ? Les premiers matches du Real, mondialement suivis, donneront une première indication. En attendant, ZZ devra préparer et libérer les âmes. Retrouver de la cohérence et la sérénité qui a manqué durant la courte étape de Rafael Benitez. Un grand défi, à la hauteur de la légende du personnage.
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