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Un Barça éthique ? Avec Pogba ou Verratti ? Ce que proposent les candidats à la présidenc

François David

Mis à jour 17/07/2015 à 14:46 GMT+2

Les socios du FC Barcelone choisiront samedi leur président à l'issue d'élections anticipées. Chaque candidat a tenté de se distinguer pendant la campagne. Voici leurs programmes, passés au crible de François David.

Joan Laporta et Eric Abidal, en campagne pour l'élection à la présidence du FC Barcelone

Crédit: AFP

Josep Maria Bartomeu

  • Points forts :
Il est le candidat de la continuité. Auréolé de son "triplete" conquis il y a quelques semaines, Josep Maria Bartomeu veut maintenant enchaîner. L’ancien bras droit de Sandro Rosell a beaucoup d’atouts. En premier lieu, Bartomeu s’est fait un nom. Son visage, plutôt bonhomme, et sa personnalité affable tranchent avec l’austérité de son prédecesseur Rosell. Bartomeu a su se rendre sympathique auprès de beaucoup de socios et surtout auprès des joueurs. Il a aussi le soutien de la classe politique, de la haute bourgeoisie catalane et des fortunes locales, contrairement à son grand rival Joan Laporta. "JMB" représente une forme de consensus quand Laporta s’est fâché avec les élites durant sa courte carrière politique.
Le président sortant s’est surtout avéré être un fin stratège quand il dut assurer la succession de Rosell. Durant l’été 2014, c’est Bartomeu qui a donné l’impulsion pour relancer la machine Barça. Plus de 170 millions d’euros investis pour remanier l’équipe et (presque) aucun accroc. Bartomeu, qui a géré en direct l’arrivée de Luis Suarez, a passé et réussi un test difficile. Il a aussi prouvé ses talents de négociateur en prolongeant Daniel Alvès, Pedro et surtout Luis Enrique, qu’il a su contenter en lui donnant les deux recrues qu’il voulait: Aleix Vidal et Arda Turan. Fait notable, il a normalisé les relations avec Johan Cruyff, qui avait déclaré la guerre à Rosell.
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Arda Turan

Crédit: AFP

Paul Pogba, objectif majeur, serait déjà bloqué après l’Euro 2016. Son bilan financier est impeccable. Le Barça fait des bénéfices. Pour la première fois de son histoire, le champion d’Europe aura un budget supérieur à 600 millions d’euros. 
Le projet Bartomeu est clair: le renforcement de l’équipe première afin qu’elle tende vers "l’invincibilité" comme il l’a rappelé cette semaine et surtout, "l’Espai Barça", projet pharaonique qui comprend la rénovation du Camp Nou et, du Palau Blaugrana (basket, hand, hockey) associée à une restructuration urbaine qui permettra aux socios d’avoir une vraie relation avec le club. Ce projet, qui coutera plus de 600 millions d’euros, a été approuvé à 70% par les socios. Les travaux commenceront en 2017 pour se finir en 2021. Le but: faire du Barça le club le plus populaire du monde et le plus moderne "tous sports confondus" selon Bartomeu. Un directeur sportif de prestige est prévu. Des recrues aussi. Mais Bartomeu veut qu’on le juge "sur ses actes" et non sur des promesses. 
  • Points faibles :
En tant que membre de l’équipe Rosell, Bartomeu est directement lié à deux affaires judiciaires, celle concernant Neymar et celle concernant le transfert de joueurs mineurs. Deux points noirs sur lesquels ses concurrents appuient leurs attaques. Surtout sur Neymar. Si les faits sont là (le Barça a effectivement dépensé beaucoup plus que 57 millions), Bartomeu s’en tient à sa ligne de défense et une "interprétation" différente entre les diverses analyses fiscales. Le Barça a déjà obtenu que l’affaire soit jugée à Barcelone plutôt qu’à Madrid. Une première victoire.
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Josep Maria Bartomeu et Neymar

Crédit: Imago

Mais c’est sur les liens jugés "troubles" entre l’institution Barça et le Qatar que l’avenir de Bartomeu risque de se jouer. Ses rivaux pensent que "JMB" est lié d’un peu trop près au petit Etat du Golfe et que ces accointances porteront préjudice un jour à l’image du Barça. Le Barça B, qui est descendu en troisième division, et les problèmes de la Masia, qui ne fourniraient plus de grands talents, sont aussi un caillou dans la botte du président actuel. 
  • En cas d’élection :
Bartomeu veut asseoir sa propre légitimité. Il a besoin de l’appui des socios, qu’il a convoqué pour les élections, au plus fort de la crise sportive, en janvier dernier. A l’époque, il s’était séparé du directeur sportif Andoni Zubizarreta, qui cristallisait toutes les rancoeurs. Et personne ne donnait cher de sa peau... Mais entre temps, le Barça a réalisé le triplé et Bartomeu s’est imposé comme un dirigeant habile. En cas d’élection, Luis Enrique se verra confier une grande part de la politique sportive. Le coach aura toujours le dernier mot quant au recrutement. L’expansion mondiale du Barça évoluera de manière exponentielle, au grand dam des défenseurs du Barça "aux Catalans". 

Joan Laporta

  • Points forts:
Ancien président du Barça entre 2003 et 2010, Joan Laporta revient sur le devant de la scène après un cuisant échec en politique. Vainqueur du premier triplé de l’histoire du club blaugrana, en 2009, il a prouvé qu’il savait gérer un club de la dimension du Barça. Leader charismatique, très attaché aux "valeurs" du club, cet ancien avocat d’affaires rêve de revenir aux commandes d’une entité qui l’a fait connaître mondialement.
Pour y parvenir, Laporta compte sur son impressionnant réseau, sa poigne de fer, son sourire d’acteur américain et des thèmes connus mais trop oubliés à son goût durant les années Rosell-Bartomeu : la Catalogne, l’Unicef (donc l’anti Qatar) et la Masia, le centre de formation blaugrana. Laporta compte sur le soutien de légendes du club comme Pep Guardiola, Johan Cruyff ou encore Eric Abidal, dont il a confié la future direction sportive s’il est élu. Il assure être capable de mobiliser tout un pool d’entreprises pour remplacer la présence de Qatar Airways sur le maillot. Il prend souvent en exemple la marque Chevrolet qui sponsorise Manchester United pour plus de 60 millions d’euros par an. Un sponsor asiatique est partant pour le rejoindre, affirme-t-il. Laporta assure aussi qu’il fera voter les socios pour le choix du futur maillot. 
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Joan Laporta Pep Guardiola contract sign

Crédit: AFP

Côté sportif, Laporta continuera de s’appuyer sur Luis Enrique s’il est élu. Il assure que Guardiola le rejoindra tôt ou tard pendant son mandat, dans un rôle qui reste flou. Cruyff sera toujours dans l’ombre pour le conseiller. La direction sportive sera surtout composé de deux personnes : lui-même et Eric Abidal, en qui il a toute confiance. Abidal, un homme de réseaux également, a la chance de connaitre une grande partie du groupe actuel et d’avoir une aura exceptionnelle sur la nouvelle génération de footballeurs. Paul Pogba sera son fleuron s’il gagne, un souhait que partage également Bartomeu. Bernardo Silva (Monaco) est ciblé. Pour parvenir à convaincre les meilleurs, Laporta a dans sa manche les deux agents les plus influents du marché, Mino Raiola et Jorge Mendes, deux amis personnels. 
  • Points faibles:
Laporta est un personnage entier. On aime ou on n’aime pas. Il divise plus qu’il ne rassemble. S’il a des soutiens quasi fanatiques, il compte aussi beaucoup de détracteurs qui lui reprochent son côté frimeur, ses frasques extra-sportives, son narcissisme et quelques événements à vite oublier. Comme les investigations sur la vie personnelle de quelques joueurs, dont Gérard Piqué, au cours de son dernier mandat.
S’il a permis au Barça de redevenir l’un des plus grands clubs du monde, Il avait échappé de peu à une motion de censure dans les dernières années de son règne. Les socios sont vraiment partagés sur le financement de sa campagne sans l’apport du Qatar et sur ses relations amicales avec Jorge Mendes, l’agent de Cristiano Ronaldo, star du Real Madrid.
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Mino Raiola

Crédit: AFP

Laporta a surtout peu de soutiens financiers locaux et encore moins de soutiens politiques. Quant aux médias, ils sont majoritairement contre lui. L’homme est jugé trop démago. Se sachant loin dans les sondages, Laporta a déjà demandé à Toni Freixa et Agusti Benedito de se joindre à lui pour battre Bartomeu. 
  • En cas d’élection:
Un retour d’une présidence flamboyante et haute en couleur, voilà ce qui attend le Barça si Laporta gagne. Des mises en scène pour se séparer de la marque "Qatar", le retour d’UNICEF et d’autres associations caritatives, une "catalanisation" extrême du club, des signatures flamboyantes... mais des bourdes, des erreurs de communication et de gestion. Laporta ne regarde jamais la dépense et les finances du club en ont pâti durant sa présidence.
Pogba est déjà ficelé selon son entourage, et il viendra dans les prochaines semaines. Mais à quel prix ? C’est sûr, on ne s’ennuiera pas s’il revient à la tête. Mais son côté "too much" dans beaucoup de domaines fera parfois trembler les murs de la maison blaugrana. Attendez-vous aussi à ce que la hache de guerre soit déterrée avec son meilleur ennemi, Florentino Perez, président du Real Madrid. Dans le domaine des transferts, c’est lui qui aura le dernier mot, pas le coach.

Toni Freixa

  • Points forts:
Ancien porte-parole du club sous Sandro Rosell, brouillé par la suite avec Josep Maria Bartomeu, Toni Freixa connait parfaitement les arcanes du FCB. Grand orateur, Freixa compte aussi sur son sérieux et sa rigueur pour influencer les indécis. L’homme a du caractère, de grandes connexions avec les milieux financiers et politiques locaux et, surtout, une énorme ambition. Il a déjà gagné une première bataille en récoltant un nombre de voix suffisant pour pouvoir entrer dans la bataille finale. Freixa sait qu’il n’a qu’une chance infime de gagner mais, en bon cartésien, il veut surtout engranger de l’expérience pour une prochaine candidature. Plutôt jeune et dynamique, il est un nom à prendre en compte dans les prochaines années. 
Au niveau sportif, le directeur sportif serait Jose Maria Bakero, ex-joueur du Barça "dream team" dans les années 90. Un nom solide, même s’il n’a pas la renommée d’un Cruyff ou d’un Abidal. Le nom de Marco Verratti comme tête d'affiche du recrutement a été évoqué dans l’entourage de Freixa, qui n’a pas confirmé. Au niveau économique, Freixa veut instaurer une certaine forme de rigueur dans la politique salariale du club pour en faire bénéficier le socio, surtout en temps de crise. Des remises sur des abonnements pour les personnes touchées par la crise économique sont prévues. Son service de presse, qui envoie une dizaine de mails par jour, est l’un des plus actifs et efficaces.
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Jose bakero

Crédit: Imago

  • Points faibles:
Freixa n’a pas encore la dimension d’un Bartomeu ou d’un Laporta. Malgré sa parfaite connaissance du club, il manque de réseaux à l’international. Mis à part une vague approche avec l’entourage de Verratti, il n’a aucun nom à donner aux socios. Et malgré une vraie recherche éthique et un positionnement “différent”, il n’a aucune chance de gagner. Le rendez-vous est pris pour les prochaines élections. 
  • En cas d’élection:
Un Barça qui se voudra au-dessus de tout soupçon. Ethiquement irréprochable, le club se voudra un modèle de cohérence avec une vraie main tendue vers les socios. Peut-être dans les prochaines années. Car la candidature Freixa, bien que méritante, ne fait rêver personne. 
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Toni Freixa FOTO: AFP

Crédit: Eurosport

Agusti Benedito

  • Points forts:
Hommes d’affaires respecté en Catalogne, Agusti Benedito est entré au Barça avec Joan Laporta en 2003, avant de démissionner quelques années plus tard. Un homme indépendant, très marqué idéologiquement. Il avait fini deuxième lors des élections présidentielles de 2010, loin derrière Sandro Rosell, mais largement devant Jaume Ferrer, ex-bras droit de Joan Laporta. 
Son plan: faire du Barça un leader dans son domaine en divisant la direction sportive autour de la figure de l’entraîneur. Benedito ne veut pas une personne chargée de décider de tout, mais quatre, pour diviser les responsabilités. Selon lui, la collégialité fera rentrer le Barça "dans le 22e siècle"… Côté joueur, l’obsession de Benedito s’appelle Marco Verratti. Il dit être en contact avancé avec son entourage. En revanche, Benedito a dit non à Paul Pogba qu’il juge "trop cher". Benedito rêverait de voir Monchi, le super directeur sportif de Seville, coordonner les secteurs dits “technique” et “scouting”.
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Marco Verratti

Crédit: AFP

  • Points faibles:
Les socios amenés à voter se méfient des annonces de Benedito. Tout d’abord, le cas Verratti. Si le candidat a déclaré que les discussions sont "bien avancées", ils sont peu à le croire. Ensuite, Monchi : jamais il ne le fera venir en Catalogne. De même, il n’a pas hésité à qualifier le Qatar d’"Etat qui finance les terroristes", une opinion qui a forcément divisé au sein même des socios. Véritable poil à gratter dans la campagne, Benedito a beaucoup de détracteurs et il ne se pose pas en rassembleur. Ses projets de financement sont aussi bien flous. 
  • En cas d’élection:
Un Barça seul contre tous. Voilà ce dont rêve Benedito. Le contrat avec Qatar Airways sera cassé dans la minute. La guerre sportive sera déclaré avec les autres clubs. Un projet manichéen, le gentil Barça contre les méchants ennemis, qui serait suicidaire à terme. Agusti Benedito a déjà déclaré que, quitte à mourir, il voulait le faire avec ses idées. Et qu’il rejetait toute alliance avec Joan Laporta, qu’il a grandement critiqué par le passé. 
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Agusti Benedito, déjà candidat (malheureux) à l'élection à la présidence du Barça en 2010

Crédit: AFP

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