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Real - Atlético, le trouble du voisinage

Antoine Donnarieix

Publié 06/04/2018 à 16:29 GMT+2

LIGA - Deux concepts, deux philosophies, deux clans, mais une seule ville. À Madrid, le Real et l’Atlético se tirent dans les pattes dès que l’occasion se présente. Voué à perdurer dans un désir constant de régner sur la capitale espagnole, ce duel fratricide passionne autant qu’il divise.

Atletico Madrid fans sing during the UEFA Champions League Semi Final second leg match between Club Atletico de Madrid and Real Madrid CF at Vicente Calderon Stadium on May 10, 2017 in Madrid, Spain.

Crédit: Getty Images

D’un côté, le blanc, le mauve et la couronne, symboles de pureté, royauté et richesse. De l’autre, des rayures verticales blanches et rouges, du bleu, sept étoiles blanches, un ours et un arbre. Cela fait beaucoup sur un blason, mais l’histoire est ainsi faite : la Grande Ourse se construit en sept points, les matelas fabriqués à Madrid étaient rayés, les ours circulaient jadis aux alentours de la capitale et raffolaient des fruits de l’arbousier, ce qui explique la sculpture géante érigée sur la place de la Puerta Del Sol. De fait, la rivalité hostile entre le Real et son voisin l’Atlético raconte une seule et même chose : l’histoire de Madrid.

David contre Goliath

Les codes des blasons sont aussi révélateurs : avec son diadème comme emblème, le Real Madrid affiche sans complexe ses ambitions de conquêtes, qu’elles soient européennes ou mondiales. Vainqueur de douze finales de C1 sur les quinze jouées dans son histoire, de trois coupes intercontinentales et trois mondiaux des clubs, la Maison Blanche est une institution connue à travers le monde, un club où tous les plus grands joueurs de la planète rêvent d’évoluer un jour (sauf, force identitaire oblige, ceux formés au Barça ou à l’Athletic Club). Bref, le Real est un monstre sanguinaire, une brute avide de succès et de reconnaissance, comme le personnage biblique Goliath.
De son côté, l’Atlético n’est pas aussi conquistador que son voisin, avec trois finales de ligue des champions (dont deux face au Real, en 2014 et 2016) pour autant de défaites. Il n’est pas aussi riche, car les Matelassiers ne peuvent dépenser 45 millions d’euros pour Vinicius Junior, promesse brésilienne de 16 ans venue de Flamengo, considérée comme le prochain Neymar. Mais l’Atlético possède une grande valeur : ce club sait faire des merveilles avec peu à la base, comme le roi David. Comment ? En enseignant à son collectif la culture de l’effort, du sacrifice, de la souffrance et de la fierté, et ce même dans la défaite. Et si, pour beaucoup, ce savoir-faire apparaît comme une philosophie de perdants, celui-ci génère une beauté que le Real ne possède pas.
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Atletico fans

Crédit: Getty Images

La formation, point de divergence

De par son statut de meilleure équipe du monde, le Real Madrid attire les cracks comme Cristiano Ronaldo, Gareth Bale, Karim Benzema, Luka Modric ou Toni Kroos, pour ne citer que les stars issues de pays extérieurs au royaume d’Espagne. Les sommes dépensées sont souvent astronomiques, et incitent la direction merengue à faire jouer ses recrues… au détriment de leurs éléments développés à La Fábrica, le centre de formation des Blancos. Car si Iker Casillas est parvenu à faire une magnifique carrière au Real de ses premiers pas professionnels jusqu’à la saison 2014-2015, son cas personnel constitue bel et bien une exception.
Les autres confirment la règle de la pépite considérée comme second couteau : Àlvaro Morata, Àlvaro Arbeloa ou Esteban Granero sont tous les trois passés par les montagnes russes au Real, tandis que Juan Mata, Marcos Alonso, Kamil Glik et Àlvaro Negredo cumulent à eux quatre… Une seule apparition sous le maillot madrilène malgré une formation effectuée au Real. À l’Atlético, c’est tout le contraire. La formation constitue cette saison la base de l’effectif dirigé par Diego Simeone, avec six joueurs ayant débuté leur carrière professionnelle sous le maillot colchonero : Lucas Hernández, Gabi Fernández, Koke Resurección, Saúl Ñíguez, Thomas Partey et Fernando Torres.
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Simeone et Torres, Atlético Madrid

Crédit: Getty Images

Raúl, la synthèse de la guerre

Confronter le Real Madrid à l’Atlético de Madrid aujourd’hui, c’est se lancer à corps perdu dans un duel déséquilibré d’avance. En confrontations directes, le Real fait valoir son statut d’équipe gagnante avec, en 280 oppositions contre son voisin, 146 victoires, 64 nuls et 70 défaites au compteur. Le Real possède un avantage pécunier et psychologique contre l’Atlético, moins adepte de la gestion des comptes. La crise, c’est d’ailleurs un mot que les Rojiblancos n’apprécient guère : lors de sa dernière instabilité financière en date, l’Atlético avait dû se séparer de son joyau Fernando Torres, transféré à Liverpool pour 36 millions d’euros en 2007.
Un transfert record à l’impact positif pour le club, qui s’est placé sept fois sur dix dans le top 4 national sur les dix dernières saisons. En revanche, la crise de 1994 a laissé davantage de traces dans les esprits de l’Atlético. Suite à la dissolution des jeunes catégories, un certain Raúl González Blanco avait rejoint les rangs du Real Madrid à quinze ans. La suite, c’est trois Ligue des champions soulevées pour El Siete (1998, 2000, 2002). Et pendant ce temps-là, son Atlético formateur subissait une descente en deuxième division nationale… Sans doute la différence entre les grandes équipes espagnoles et les légendes.
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Prodan et Raúl, Atlético-Real Madrid

Crédit: Eurosport

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