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Gérone, le couac du football moderne

Antoine Donnarieix

Mis à jour 18/05/2019 à 10:48 GMT+2

Monté en Liga à l’issue de la saison 2016-2017, le FC Gérone devrait, sauf énorme miracle, être relégué en deuxième division espagnole dans les prochains jours. Une mauvaise nouvelle pour la Catalogne qui perd un pensionnaire dans l’élite, mais surtout pour la politique actuelle du club qui se retrouve mise en péril.

Eusebio Sacristan

Crédit: Getty Images

À quoi peut se jouer un maintien sportif en 2019 ? Parfois à pas grand-chose, comme le stade municipal de Montilivi s’en est rendu compte le week-end dernier. Pour la réception de Levante, le FC Gérone était temporairement évacué de la zone de relégation en Liga après un but de l’inévitable Cristhian Stuani trente minutes avant la fin du temps réglementaire. Rejoints au score dans la foulée, les Blanquivermells croyaient même obtenir un penalty et une expulsion adverse dans la dernière ligne droite… mais le VAR déjugeait les deux décisions initiales de l’arbitre. En guise de réponse, Levante inscrivait un but en attaque rapide grâce à Enis Bardhi (86e, 1-2). Défait sur sa pelouse, Gérone prenait alors conscience d’une réalité implacable : à moins d’un incroyable concours de circonstances, le club évoluera la saison prochaine en Liga Adelante.

Malgré Stuani, l’abyssale écart de différence de buts

Les données sont simples : battu à l’Athletic Club (3-1), le Celta Vigo est la seule équipe à pouvoir être dépassée sur le plan comptable par Gérone, dix-huitième avant cette dernière journée. Sur les deux confrontations directes (victoire 3-2 à domicile et défaite 2-1 à Vigo), Gérone fait jeu égal avec les Galiciens. C’est donc en matière de différence de buts générale que les deux équipes peuvent être départagées. Pour voir les Catalans passer devant le Celta, il faut donc cumuler une victoire du Rayo Vallecano (déjà relégué) à Balaídos et une victoire de Gérone sur la pelouse du Deportivo Alavés, le tout avec une différence positive de sept buts en faveur de l’équipe d’Eusebio Sacristán. En clair, le sauvetage de Gérone à la dernière journée apparaît comme l'incarnation d'une utopie.
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Cristhian Stuani

Crédit: Getty Images

Malgré tout, voir le club dans une position aussi défavorable peut susciter de la surprise au moment de se pencher sur ses résultats obtenus en déplacement durant l’exercice 2018-2019. Les faits d’arme ? Un match nul obtenu au Camp Nou (2-2), une victoire dans le Mestalla de Valence (0-1) ou dans le Santiago-Bernabéu de Madrid (1-2), entre autres. Avant la trente-quatrième journée de Liga, Gérone n’avait même jamais occupé la zone de relégation depuis le début de la saison. Une tragédie est donc en train de se produire, d’autant que Stuani était l’homme de la situation pour s'occuper de planter des buts : 19 réalisations en 33 journées de Liga, soit 52,7% du total de buts de Gérone en 37 rencontres. Difficile de faire beaucoup mieux pour celui que l’on surnomme El Matador de Tala.

La fin du deal avec Manchester City ?

Durant ces deux années passées en Liga, Gérone a adopté une philosophie de jeu décalquée sur celle du Manchester City de Pep Guardiola. Club satellite des Citizens où de nombreux jeunes sont prêtés afin de peaufiner leurs capacités à s’incorporer au collectif, Gérone est encore la propriété de Pere Guardiola, grand frère de Pep et directeur général de Media Base Sport, filiale de Mediapro. Ce partenariat laissait donc la possibilité pour Gérone d’acquérir des jeunes comme le prometteur Pablo Maffeo (vendu à Stuttgart l’an passé), Aleix García, Douglas Luiz ou Patrick Roberts. Autant de joueurs qui pourraient ne pas revêtir la tunique rouge et blanche la saison prochaine, manque de compétitivité de l'antichambre de la Liga espagnole oblige.
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Gerone Real madrid

Crédit: Getty Images

Aussi, les tauliers du vestiaire comme Stuani ou Portu ne devraient pas faire de vieux os dans un club proche d’être condamné. Même destin pour les espoirs Pedro Porro, auteur d’une excellente saison, ou l’international colombien Johan Mojica, blessé neuf mois depuis le début de la compétition. "J’ai une immense responsabilité dans l’intégralité des résultats cette saison, assumait la voix larmoyante d’Eusebio Sacristán en conférence de presse. J’ai échoué dans mes objectifs vis-à-vis du club et j’ai trahi la confiance que les dirigeants avaient dans mon travail… La seule chose qu’il me reste à faire, c’est de demander pardon à toutes les personnes liées de près ou de loin au FC Gérone et à la région de la Catalogne." Ancien milieu de terrain du FC Barcelone, le technicien sait lui-même que Gérone possède les deux pieds en deuxième division. Les miracles en Catalogne, seul Lionel Messi semble capable de les réaliser.

Montilivi, Machín et les matches de la peur : les raisons du fiasco

Si Sacristán assume sans détour l’intégralité de cet échec, les torts restent partagés dans la pratique. D’abord, Gérone est détenteur du pire ratio de Liga à domicile avec quinze points empochés dans son enceinte (trois victoires et six matchs nuls en dix-neuf rencontres). Ensuite, l’arrivée d’un nouvel entraîneur adepte du 4-3-3 à la barcelonaise mettait en péril l’instauration du système en 3-5-2 établi depuis quatre ans par l’entraîneur Pablo Machín, parti transmettre sa science tactique au FC Séville. Enfin, si les résultats contre les grosses écuries apparaissent globalement satisfaisants, le bilan de Gérone face aux adversaires directs pour le maintien est négatif : deux victoires, deux nuls et quatre défaites contre Levante, Villarreal, Valladolid et le Celta de Vigo. Ou comment prendre l’habitude de perdre des matches à double conséquence. Sans en être sûr et certain, le modèle de Gérone s'apprête peut-être à jouer le dernier match de son histoire en Liga.
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Portu Gerone

Crédit: Getty Images

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