Rodriguez, le guide

Au baromètre très fluctuant de la défense marseillaise, Julien Rodriguez est plutôt orienté tendance beau fixe, après deux matches plein de hargne qui pourraient enfin lancer une saison régulièrement minée par les blessures. A Nancy mercredi, l'ex-Monégasque s'est ainsi transformé en passeur décisif, offrant d'une remise de la tête dans la surface de réparation lorraine la balle de but à Nasri, au bout d'un match viril. Quatre jours plus tôt au Vélodrome face à Valenciennes, c'est encore sa tête haute qui lui valut les honneurs, lorsqu'il doubla la mise sur un corner de Benoît Cheyrou.

A croire que Rodriguez se serait transformé en attaquant... Avec trois buts à son actif, il est de fait le troisième meilleur buteur du club cette saison. Une relative incongruité, due à l'absence de relais offensif dans cette équipe lorsque Mamadou Niang (10 buts) et Djibril Cissé (5 buts) passent au travers. L'intéressé en rigole d'abord. "A ce rythme, je vais peut-être concurrencer les attaquants!" Et de se souvenir que, lorsqu'il jouait en National à Istres, avant son arrivée à Monaco en 1998, il pouvait marquer "5-6 buts par saison". Bien loin, cependant, des défenseurs-buteurs que l'OM connut dans un passé récent, comme Daniel van Buyten (8 buts en 2002/2003) et Laurent Blanc (11 buts en 1997/1998).

Fidèle à sa réputation de modeste, il tempère aussi immédiatement la portée de ses deux gestes. "A Nancy, je bénéficie d'un super ballon de Bolo Zenden, et contre Valenciennes d'une erreur de marquage assortie d'un corner très bien tiré". Sa performance défensive à Nancy ne doit en revanche rien au hasard. Notamment sur ce tacle aussi spectaculaire qu'efficace sur Marc-Antoine Fortuné dans la surface marseillaise, qui a sans doute privé les Lorrains d'un but destructeur pour l'OM.

Le Biterrois, 29 ans, était pourtant loin de son meilleur niveau physique, aux prises avec une fin de bronchite sous l'emprise de laquelle il a disputé le match samedi "vraiment fatigué". D'autant plus qu'il sortait d'un mois de décembre quasiment blanc, en raison d'une entorse à l'orteil contractée lors du match cauchemardesque contre Liverpool en Ligue des Champions au Vélodrome (0-4). Son retour à la mi-temps du match à Rennes, à la reprise, était aussi précipité. "Après un mois sans entraînement, c'était difficile à digérer". Mais l'absence sur blessures d'autres défenseurs (N'Diaye, Zubar, Faty) l'ont imposé.

Du coup, l'entraîneur marseillais Eric Gerets, prompt à saluer ces joueurs qui "savent mordre sur leur chique", n'est pas avare de compliments à son égard. Depuis son arrivée à l'hiver 2007 en provenance des Glasgow Rangers, "il a prouvé qu'il était un exemple. C'est un vieux guerrier, apprécié de tous. Ce n'est pas quelqu'un qui gueule dans le vestiaire, il n'a pas besoin de beaucoup de mots pour se faire respecter", affirme-t-il. Les performances de Rodriguez n'échappent pas non plus au capitaine Lorik Cana, autre combattant: "Je ne connais pas beaucoup de joueurs qui auraient joué dans son état. Avec lui, on peut aller au bout du monde sans problème..."