Auxerre crie famine

C'est l'heure de l'autoflagellation en Bourgogne. A moins qu'il ne s'agisse simplement du plus basique des réalismes. Après Benoît Pedretti, affirmant après la défaite à Amsterdam (la troisième en trois matches) que l'AJ Auxerre n'avait pas le coffre pour rivaliser à ce niveau. Maintenant, c'est au tour de Jean Fernandez d'en rajouter une couche. Pour l'entraîneur icaunais, non seulement l'AJA n'a pas le niveau pour briller en Ligue des champions, mais le simple fait d'y participer relève du défi impossible. Nocif, même, au regard des moyens humains mis à sa disposition.

En d'autres termes, Auxerre est en train de payer cher son rêve éveillé du printemps dernier. Troisième du dernier exercice en Ligue 1, le club bourguignon se retrouve projeté dans un monde beaucoup trop grand pour lui. Accaparé par ses travaux d'Hercule, il n'arrive même plus à gérer ses tâches quotidiennes. Jean Fernandez constate les dégâts, impuissant. "Mon plus grand regret, explique-t-il,  c'est de n'avoir pu renforcer notre effectif pour mener les deux fronts. Disputer deux compétitions comme celle-là, c'est difficile avec cet effectif." A l'évidence, l'AJA n'était pas préparée à ce qui lui arrive. Au-delà de son famélique bilan européen, l'inquiétude de Fernandez, aujourd'hui, c'est de ne pas compromettre la saison en Ligue 1.

Or la situation auxerroise n'est pas reluisante. 17e au quart du championnat avant un déplacement au Parc des Princes, l'AJA, sans s'affoler, s'inquiète. Surtout compte tenu des nombreuses absences qui compliquent encore un peu plus la tâche de son entraîneur. "Il nous manque tout de mêmeJelen, notre meilleur buteur, Anthony Le Tallec, Licata qu'on espérait récupérer cette saison, le jeune Sanogo, et plus récemment Steeven Langil et Alain Traoré, tous des joueurs offensifs", rappelle Fernandez. C'est une des explications de l'inefficacité actuelle de son équipe. Mais Fernandez, qui en a connu d'autres, ne tire sur personne. "On a vraiment des difficultés dans le jeu pour mettre des buts, admet-il. Mais nous jouons en fonction de nos possibilités du moment, avec nos moyens actuels. Je n'ai rien à reprocher à mes joueurs. Ils font le maximum."

Devant le côté inextricable de la situation, l'évocation d'un ou plusieurs renforts, tout particulièrement en attaque, semble tout sauf absurde. Jean Fernandez le concède, mais sans attendre de solution externe en guise de remède miracle. "C'est un idée qui suit son cours, avoue le technicien aux 500 matches de L1. Si on ne le fait pas d'ici le mercato hivernal, on le fera alors au mercato. Mais trouver l'attaquant miracle pour marquer des buts aussitôt son arrivée, ce n'est pas évident. Il lui faudra s'adapter vite au jeu de l'équipe. Néanmoins, je pense que le meilleur mercato pour nous sera de retrouver tous nos attaquants absents, en pleine forme."

Malheureusement pour lui, ce n'est pas pour tout de suite, puisque Le Tallec et Jelen manqueront à l'appel jusqu'à la trêve. Comme souvent dans ces cas-là, des noms commencent à circuler. Ceux de Robert Pirès et Jérôme Rothen, deux anciennes gloires disponibles sur le marché, ont été évoqués cette semaine. Fausse piste, rétorque Fernandez, conscient qu'il devra d'abord trouver les solutions en interne. Mais avec un réservoir vide, c'est compliqué. Pour un peu, il en arriverait à souhaiter que cette parenthèse européenne se termine vite. "Ensuite, on pourra se recentrer sur nos vraies priorités." Machine à rêve, la Ligue des champions est aussi une usine à cauchemars pour ceux qui n'y sont pas préparés. Alors, attention. A ce rythme, Auxerre va finir par jouer le maintien. Et ce ne sera même pas de la langue de bois.