Il n'y a pas que les supporters qui vivent mal la crise traversée par l'OM...

"Je suis nul, vraiment nul !" Les cris de Vincent Labrune raisonnent dans les couloirs du Stade Vélodrome. Après la déroute de l'OM face à Rennes (2-5), le président olympien s'emporte… lors d'une partie de billard âprement disputée. Dans les cossus salons de l'enceinte du Boulevard Michelet, Labrune fait équipe avec Luc Laboz, directeur général adjoint du club. Le duo tente d'oublier la soirée cauchemardesque vécue sur le terrain mais surtout dans les tribunes. Les banderoles anti-direction ont fleuri dans les virages. Et les chants réclamant le départ conjugué de Labrune et de Margarita Louis-Dreyfus, la propriétaire du club marseillais, ont rarement résonné aussi fort.

A quelques pas du salon du président où les parties de billard endiablées s'enchainent, les loges du stade se vident peu à peu. Certains de ces espaces VIP sont loués par des sociétés locales désireuses de faire plaisir à leurs clients ou récompenser leurs salariés supporters de l'OM. Ces lieux d'exception dans le nouveau stade Vélodrome offrent toute la panoplie des grandes soirées. Mais les victoires sont trop rares cette saison pour vraiment donner le sourire à ces spectateurs pourtant chouchoutés par le club olympien. En championnat, l'OM n'a gagné que deux fois à domicile. Et le dernier succès remonte au 13 septembre en Ligue 1. Pas de quoi se lever de son confortable siège en tribunes contrairement à la saison dernière où la bande à Bielsa enchantait le Vélodrome.

Si l'incertitude du sport a bien été intégrée par ces grandes boites, le business-model actuel du club olympien reste une énigme pour ces abonnés pas comme les autres. Les entreprises partenaires de l'OM s'interrogent sur la stratégie suivie à court terme. Cette inquiétude touche aussi certains sponsors de l'entité olympienne. Ils n'hésitent pas à questionner leurs différents contacts au sein du club pour s'enquérir des dernières évolutions de la situation à Marseille. Et les salariés de l'OM ne savent pas quoi leur répondre… Le brouillard demeure tellement épais sur les hauteurs de La Commanderie que la visibilité est pratiquement nulle. "On ne sait pas réellement sur quel pied danser, explique un membre du personnel. Ça change tous les jours. On a vraiment du mal à suivre…"

En interne, on a bien compris toutes les difficultés éprouvées par MLD pour vendre le club. Mais malgré les efforts de Labrune pour attirer de nouveaux investisseurs, aucune offre n'a véritablement été étudiée jusqu'ici par la patronne du club olympien. La dernière rumeur en date laisse dubitatif plusieurs salariés. Porté par Pablo Dana, un banquier italien de 49 ans représentant une société financière basée à Dubaï, ce possible projet de rachat demeure volontairement mystérieux. "Moins on parlera de cette offre, plus elle aura de chances d'aboutir, souffle un proche du dossier. La médiatisation ne peut pas avoir d'effet positif à court terme."

Cette approche de Dana pour tenter de trouver de nouveaux partenaires à l'OM reste encore trop opaque pour qu'elle suscite autre chose qu'un scepticisme tout à fait compréhensible. Ce sentiment est d'ailleurs largement répandu chez les salariés depuis le retentissant échec du rachat du club olympien par Jack Kachkar en 2007. "Après cet imposteur, on a eu vent d'un milliardaire russe qui voulait racheter le club, avance un ancien collaborateur de l'OM. Il était très bien implanté sur toute la Côte d'Azur. C'était un an après. Mais je pense que la direction avait été échaudée par le bluff de Kachkar. Et ça n'est pas allé très loin." Depuis, l'OM s'est montré de plus en plus méfiant avec d'éventuels investisseurs voulant se faire de la publicité gratuite sur le dos du club.

Ces atermoiements autour d'une vente de l'OM ont fini par lasser le personnel du club olympien. Aujourd'hui, ceux qui travaillent dans l'ombre dans les bureaux de La Commanderie aspirent à plus de sérénité. Mais ils ont réellement du mal à se projeter. "On vit une saison vraiment difficile, souffle un administratif du club. Mais on ne sait vraiment pas ce qui nous attend demain." Certains craignent ainsi qu'un grand coup de balais ne soit donné par le nouvel investisseur dans l'organigramme actuel. Michel n'est donc pas le seul à vivre dans l'incertitude au sein du club. Et l'avenir en pointillé de l'OM n'incite personne à l'optimisme…