Football, Ligue 1 - "Le cas Camara, c'est de l'homophobie assumée purement et simplement"

Y.L. : Alors d'abord, on ne s'interdit pas que le maillot revienne un moment ou un autre. Il reviendra différemment. L'opération est super positive à mes yeux. Le microcosme a compris que c'était la journée de lutte contre l'homophobie. Beaucoup de joueurs qui ne voulaient pas jouer avec le maillot arc-en-ciel ont joué dimanche. D'autres ne veulent toujours pas en revanche.

Y.C. : Avant, les joueurs jouaient sur une forme d'ambiguïté en disant qu'ils ne voulaient pas faire la promotion de l'homosexualité. Ce qui était déjà stupide. Là, le cas Camara qui cache le badge 'homophobie' rayé en rouge, c'est de l’homophobie assumée purement et simplement. On en est sûr. Comment le club a-t-il pu laisser faire ça ? Et l'arbitre ?

Y.L. : On peut demander au club d'agir contre son salarié. La LFP peut agir aussi et faire le nécessaire auprès du club pour le bousculer. Il faut une sanction mais je préfère une sanction intelligente. La LFP peut aussi sanctionner le club. Il faut réfléchir et ne pas s'agiter trop vite à chaud. La LFP étudie sérieusement son cas aujourd'hui, je le sais. C'est en cours de réflexion. Ils prendront une décision. La Ligue n'est pas contente. Cette journée, c'est un gros engagement, un gros travail tout ça pour qu'un mec foute la honte sur le foot français. Ce n'est pas tolérable. Pourquoi on l'a laissé ne pas prendre la photo ? Comment le coach peut accepter ça ? Des comptes doivent être rendus.

Y.L. : Que Mohamed ne veuille pas jouer : c'est le premier punit puisqu'il n'a pas de prime de match et qu'il se met volontairement hors-jeu. C'est déjà un comportement très limite qui n'est pas convenable ni respectueux envers le milieu du foot professionnel et surtout envers ceux qui souffrent, tous les jours, de discriminations à cause de leur orientation sexuelle. Mais il reste chez lui et c'est au club de Nantes de gérer ça, pas à la LFP. Camara, ce n'est pas pareil. Il a foulé la pelouse, enfilé le maillot, joué le match. Il démontre qu'il est homophobe. Il n'y a aucune ambiguïté.

Y.L. : (il coupe) Il faut être naïf pour croire que tous les joueurs sont à l'aise. D'autres ont sans doute simulé des blessures, c'est une évidence. Ce serait mentir de dire qu'il n'y en a qu'un ou deux qui ne sont pas d'accord. Après, ce sont quelques individus sur 900. Mais si j'étais président ou coach de L1 ou de L2 ou un sponsor majeur, je me poserais des questions sérieuses. Si chaque année, les mêmes joueurs posent problème, c'est au président de régler la chose. Est-ce qu'on agirait de la même façon si un joueur avait masqué le badge avec le mot racisme barré en rouge ? Quand j'entends Jimmy Briand nous dire : "Il faut respecter les convictions de chacun…" L'homophobie n'est pas une opinion ou des valeurs, c'est interdit tout simplement.