Ligue 1 - RC Lens - Stade Rennais - Wahi, symbole de la nouvelle ère lensoise ?

En Ligue 1, le bonheur dure une saison en tout cas pour ceux qui n'y ont a priori jamais droit. Capitaliser sur un exercice exceptionnel, c'est impossible pour un club qui n'est pas programmé pour les lumières. Montpellier et Lille ont fini dans le confort douillet mais anonyme du ventre mou sitôt après avoir été sacré champion en 2012 et 2021. Même destin pour Nice, troisième surprise en 2017 avant de rentrer dans le rang. Lens, dauphin inattendu des Parisiens en mai dernier, est, de fait, dans une position inconfortable.

Pourquoi les belles surprises n'ont-elles jamais de lendemain en L1 ? Parce qu'un exercice au-delà des attentes suscite l'attention des rapaces qui dépècent la L1 année après année. A Montpellier, l'été 2013 fut terrible avec les pertes d'Olivier Giroud et Mapou Yanga-Mbiwa et le LOSC a à peine eu le temps de fêter son titre que Mike Maignan et Boubakary Soumaré étaient déjà dans l'avion. Arsenal, Newcastle, Leicester et l'AC Milan se sont régalés face à des clubs bien incapables de répondre aux offensives de plus gros et surtout plus riches qu'eux. Lens a pris le même chemin.

Loïs Openda est parti à Leipzig, Seko Fofana en Arabie Saoudite et la fatalité a semblé s'abattre sur des Nordistes incapables de maintenir leurs ambitions au-delà de leur 2e place de l'an passé. Comment faire sans ses deux meilleurs joueurs ? Comment lutter dans une saison où Lens ne pourra plus compter sur l'effet de surprise et où la Ligue des champions finira de siphonner les énergies et les émotions ? Sauf que le RCL ne veut, a priori, pas se résoudre à rentrer dans le rang malgré la défaite inaugurale à Brest.

Les Sang et Or ont quasiment réinvesti l'intégralité du pactole reçu pour leurs deux stars. Angelo Fulgini, Oscar Cortes, Stijn Spierings et Morgan Guilavogui ont débarqué. Lens a aussi séduit Andy Diouf, 20 ans, plus grande promesse du championnat suisse et nouvelle tête d'affiche des Espoirs. Il a fallu débourser 14 millions d'euros, le plus gros montant de l'histoire du club. Le transfert d'Elye Wahi, à hauteur de 35 millions bonus compris, est la preuve la plus éclatante de la volonté profonde des dirigeants de ne pas capituler. Elle permet de mesurer les ambitions du club et agit comme un marqueur fort.

Le destin d'un jeune gamin de 20 ans qui vient de planter 29 buts en Ligue 1 ne s'écrit jamais en France sauf si Paris, Marseille voire Lyon s'intéressent à lui. Mais généralement, c'est en Angleterre et en Allemagne qu'il fonce tête baissée. Tottenham mais surtout Chelsea et Francfort ont essayé d'écrire le même scénario. West Ham a même comblé Montpellier en s'alignant sur les demandes du MHSC (40 millions d'euros). Mais Wahi reste en Ligue 1, à Lens.

Il faut se frotter fort les yeux et se pincer jusqu'au sang pour y croire. Sauf que cette arrivée matérialise aussi le changement de statut des Lensois qui ont les moyens de leurs ambitions. Cet été, un consortium d'investisseurs locaux s'apprête à profiter de l'ouverture du capital du club et va injecter près de 20 millions d'euros dans les caisses. Cet argent sera directement réinvesti pour pérenniser le projet nordiste. Lens ne veut pas être un feu de paille et se donne tous les moyens de ne pas l'être. Et si les Sang et Or finissent sur le podium à la fin de la saison, ce sera tout sauf une surprise.