Mercato PSG - Kylian Mbappé peut-il vraiment vivre une saison blanche ?

C'est une situation, a priori, inextricable et qui se tend à mesure que l'échéance approche. D'un côté, l'un des tous meilleurs joueurs du monde, Kylian Mbappé, qui refuse de partir cet été et de prolonger son contrat à un an de la fin de son bail. De l'autre, le PSG qui lui promet le placard tant qu'il ne s'engagera pas pour une saison supplémentaire s'il ne quitte pas le navire cet été. La guerre de communication s'est transformée en guerre des nerfs.

Selon L'Equipe, les champions de France ont exposé à leur attaquant les conséquences économiques, qu'ils promettent d'être dramatiques (vague de licenciements, cession massive de joueurs), qu'engendrerait son départ. Alors même que le PSG vient d'investir 140 millions d'euros sur les seuls Gonçalo Ramos et Manuel Ugarte. Ce qui rappelle à la fois que le PSG n'a pas peur de la contradiction (ni du ridicule) et qu'il est prêt à tout pour parvenir à ses fins dans ce dossier ultra-sensible.

Le Real Madrid aurait décidé, lui, de ne pas bouger une oreille tant que Mbappé n'aura pas dévoilé ses envies d'ailleurs. La tendance dessine donc un sérieux statu quo qui mène droit au cul-de-sac. Le champion du monde 2018 a déjà été privé de tournée au Japon, il s'entraîne avec un groupe d'indésirables et ne disputera sans doute aucun match du PSG jusqu'à la fin du mercato. Et après ? Si la situation semble claire, tant les positions restent tranchées, jusqu'au 31 août, qu'en sera-t-il pour la suite ? Le PSG peut-il mettre sa menace à exécution et priver Mbappé de temps de jeu jusqu'à son départ libre le 30 juin prochain ?

Aujourd'hui, Paris est dans les clous tant qu'il respecte l’article 507 de la charte du football professionnel, signée par la FFF, la LFP et l’UNFP. Cet article, qui permet aux clubs de gérer les effectifs pléthoriques durant les périodes de mercato, nous dit que la division de l’effectif en plusieurs groupes ne doit être que temporaire et impose des conditions d’entraînement et de soins médicaux équivalents pour tous. Au 2 septembre, la situation changera et c'est à cette date que la situation pourrait se crisper d'un strict point de vue juridique. Le PSG n'aura plus le droit de mettre à l'écart Mbappé mais, même si l'attaquant est réintégré dans le groupe professionnel, le club pourrait demander à Luis Enrique de ne plus le faire jouer.

Paris pourrait alors se mettre en difficulté d'un strict point de vue juridique, en cas de contentieux futur avec le joueur, mais tiendrait sa ligne de conduite. Ce ne serait absolument pas une situation inédite pour le PSG. En 2017/2018, Hatem Ben Arfa a vécu une saison blanche, loin du groupe professionnel, après une mauvaise blague adressée à l'émir Cheikh Tamin al-Thani et des relations orageuses avec Unai Emery. Avant de partir libre à la Juventus Turin en juin 2018, Adrien Rabiot est, lui, resté six mois au frigo parce qu'il ne voulait pas prolonger son contrat. Si le milieu de terrain n'a pas traîné le PSG devant les tribunaux, Ben Arfa, d'abord débouté par le conseil des prud'hommes, l'a fait condamner pour harcèlement moral par la Cour d'appel de Paris. Mais sa carrière a sérieusement piqué du nez.

Le cas Mbappé est incomparable avec ceux de Rabiot, de Ben Arfa et de tous les autres. Parce qu'il est bien plus qu'un joueur. Comment imaginer le capitaine de l'équipe de France en tribunes durant les 10 mois qui précéderaient l'Euro et les Jeux Olympiques de Paris ? Deux échéances immenses pour lui et pour son pays. Si Paris tient sa position au-delà du 1er septembre, s'il décide, par exemple, de ne pas l'inscrire sur la liste de joueurs sélectionnés pour la prochaine Ligue des champions, l'affaire dépassera largement le cadre du PSG et prendra, à n'en pas douter, une autre tournure. Mbappé est un trésor national et un joueur d'une telle valeur sportive, qui recouvre de tels enjeux nationaux, peut difficilement croupir dans les tribunes du Parc durant une année entière.

Au PSG, le problème peut aussi se poser. Comment réagirait Luis Enrique, entraîneur au fort caractère, s'il est privé de sa meilleure arme ? En termes d'image, sujet majeur pour Doha, le PSG, QSI, le Qatar et Nasser Al-Khelaifi jouent très gros. Refaire jouer Mbappé sous les couleurs du PSG, c'est perdre toute sa crédibilité, fragiliser l'institution et rendre caduque tous les discours de fermeté de ces dernières semaines. Le laisser en tribunes, c'est faire une croix sur les ambitions au moins européennes du club et réduire drastiquement la menace parisienne.

Mais, aujourd'hui, c'est bien le joueur qui a le plus à perdre en cas de saison blanche. A 24 ans, au sommet de son art après une saison exceptionnelle d'un strict point de vue individuel, Mbappé, obsédé par les records et les trophées, est-il prêt à mettre en péril une année complète de sa carrière ? Difficile, là-encore, d'y croire. Alors, dans cette guerre larvée, le bluff est une arme redoutable. Reste à savoir qui, du PSG ou de Mbappé, craquera le premier.