Paris remporte son 11e titre de champion - Ce devait être flamboyant, ce fut éprouvant : Paris, un titre quand même

Ce devait être une grande fête, une célébration sans pareille. Pensez donc, un 11e titre, une performance unique et historique, un PSG tout seul sur son trône dominant désormais l'ensemble du football français. Samedi, à Strasbourg, la Ligue 1 a vécu un vrai moment d'histoire mais il est difficile de l'accueillir avec l'égard que celui-ci mérite. Ce dénouement ne fut pas assez serré pour qu'un quelconque soulagement puisse donner plus de souffle aux célébrations, cette saison ne fut pas assez implacable pour donner de l'éclat à ce 11e couronnement. Le PSG est dans une espèce d'entre-deux tiède.

Les titres couronnent les équipes et les saisons d'exception, celui-ci va marquer la fin d'une séquence plutôt morose. Et au PSG nombreux sont ceux qui avaient hâte de boucler cette saison non pas pour sortir les tambours et les trompettes mais pour tourner la page d'un exercice douloureux. Passer vite à autre chose plutôt que de glorifier cette 11e couronne.

La validation du titre a longtemps retardé les grandes manœuvres. Dès lors, le calendrier devrait s'accélérer et l'équipe se transformer en profondeur comme pour exorciser les cinq derniers mois. L'entraîneur, Christophe Galtier, et Lionel Messi devraient quitter le navire en attendant, peut-être, d'autres (Neymar, Marco Verratti). Un exil qui illustre les difficultés et les limites rencontrées par un PSG si irrégulier depuis le mois d'août dernier.

Alors oui, il est bien difficile de célébrer des Parisiens programmés pour écraser tout le monde et qui ont offert une succession de crises en tout genre. A force de dominer le championnat, 9 titres décernés lors des 11 dernières tentatives, l'exploit perd aussi forcément en saveur. Surtout lorsque Paris aligne le collectif le plus impressionnant de son histoire pour, finalement, battre son record de défaites lors d'une saison de champion (8, saison en cours). Pour le dire différemment, on s'attendait à autre chose.

C'est sans doute injuste mais le gouffre qui sépare Paris du commun des mortels permet d'exiger, a minima, un titre mais aussi une forme de domination incontestable avec des prestations enlevées. On ne peut pas avoir réuni Gianluigi Donnarumma, Sergio Ramos, Lionel Messi, Neymar et Kylian Mbappé pour aligner trois revers de suite au Parc des Princes face à Lyon, Rennes et Lorient. Au-delà des résultats, l'impression dégagée depuis janvier est celle d'un collectif en souffrance sauvé par le talent de Mbappé. Ce devait être flamboyant, ce fut trop souvent éprouvant.

Et pourtant, Paris n'a jamais vraiment tremblé, réussissant l'exploit, là-encore unique, de rester sur le trône de la première à la dernière journée. Grâce, notamment, à un fantastique début de saison plein de promesses. Mais la lecture qui en est faite aujourd'hui l'abîme lui-aussi. Au regard de ce qu'il s'est passé depuis, difficile de ne pas lire ce début d'aventure canon comme la volonté de Neymar et Messi de préparer au mieux la Coupe du monde. L'effondrement au cœur de l'hiver en est le meilleur argument.

Que restera-t-il comme souvenir de ce onzième titre historique ? Que garderons-nous de cette saison ? La toute-puissance de Mbappé, les quelques éclairs de Lionel Messi, la démonstration au Vélodrome (0-3) au moment où le championnat semblait se jouer et, peut-être, ce scénario de zinzin face à Lille (4-3), un après-midi où le stade avait eu du mal à avaler la défaite à l'aller face au Bayern. C'est un peu court pour une équipe de cette trempe, construite pour dévorer le championnat sans faire de sentiment. Et c'est sans doute pour cela, aussi, que ces célébrations manqueront d'un peu d'émotions.