"Un très grand coup" : Ruslan Malinovskyi, la nouvelle arme de l'OM

Il y a des joueurs, comme ça, qu'on aime garder sous le coude. Ou dans un coin de la tête, si vous préférez. Depuis l'été dernier, l'OM a toujours maintenu le contact avec Ruslan Malinovskyi et son entourage. A l'époque, les deux parties étaient vraiment très proches, au point que le principal intéressé s'imaginait déjà sur la Canebière. Mais faute d'accord avec l'Atalanta Bergame, cette union n'avait pu se faire. "Question de temps", se disait-on au sein du club marseillais. Car la volonté de recruter le milieu ukrainien était trop forte. Celle d'Igor Tudor en premier lieu. Avant de débarquer en France, l'entraîneur olympien avait pu l'admirer de près en Italie. Sa vision du jeu, sa technique, son pied gauche, sa frappe : Malinovskyi est un joueur qui ne peut laisser indifférent. Tudor le sait bien. Pablo Longoria, qui connaît parfaitement le championnat italien, aussi. Une occasion comme ça, ils voulaient la saisir.

Après avoir manqué le coche lors du mercato estival, les deux hommes se sont promis de retenter le coup cet hiver. Bingo. Cette fois, la Dea a fini par céder. Selon Sky Italia, l'accord est le suivant : un prêt gratuit avec obligation d'achat de 10 millions d'euros + 3 millions de bonus. Avec une précision de taille : l'option se transformera en obligation si l'OM parvient... à se sauver. Autant dire que Malinovskyi ne repartira pas à Bergame et restera à Marseille en fin de saison. De quoi satisfaire tout le monde. Surtout l'Atalanta, qui ne voulait pas le voir dans un autre club italien.

"On le voulait tous, déjà cet été. Il va nous apporter de la qualité dans les 30 derniers mètres, sa vision du jeu, sa belle frappe, sa mentalité", a déclaré lundi l'entraîneur de l'OM, interrogé alors que Malinovskyi passait sa visite médicale. "J'ai joué contre lui en Italie et il est très, très fort. Il frappe notamment très bien. Il peut beaucoup nous aider compte tenu de notre style. Il presse bien, il court beaucoup", a de son côté déclaré le gardien Pau Lopez lors de la même conférence de presse.

Formé au Shakhtar Donetsk, où il n'a jamais joué en équipe première, il s'était révélé au Zorya Luhansk (2014-2016) avant de s'étoffer physiquement et tactiquement lors de son passage réussi à Genk. En trois saisons et demie avec l'Atalanta, qui l'avait recruté pour 14 millions d'euros à l'époque, le gaucher a disputé 143 matches et inscrit 30 buts. L'OM a également rappelé qu'il avait participé trois fois à la Ligue des champions avec le club lombard et qu'il avait fini meilleur passeur de Serie A en 2021.

Mais ce sont bien ses frappes surpuissantes qui ont marqué les esprits, surtout ceux des gardiens. Elles sont pures, sèches et sans aucun artifice. Malinovskyi ne cherche pas forcément les trajectoires les plus complexes pour faire mal. Pour avoir une idée de ce qui attend le Vélodrome, il suffit de regarder le coup franc de 30-35 mètres marqué par l'Ukranien en février dernier face à la Juventus Turin. Entré en jeu peu avant, et bien décalé au moment de s'exécuter, il envoyait une frappe exceptionnelle du gauche (évidemment) pour tromper Wojciech Szczęsny. En juin 2020, son but du 2-2 contre la Lazio était flashé à 106 km/h.

"Son pied gauche est tout simplement incroyable, s'enthousiasme notre confrère de La Gazzetta dello Sport Francesco Pietrella. Pour moi, c'est un très grand coup pour la Ligue 1. Et l'OM se confirme un club capable d'accueillir des joueurs passés par la Serie A, comme Pau Lopez, Alexis Sanchez, Jordan Veretout, Cengiz Under... Malinovskyi est un joueur qui est toujours à son "prime", il n'a "que" 29 ans. Et avec Igor Tudor sur le banc, toujours capable de faire ressortir le meilleur de ses joueurs, cela peut être un déclic pour lui." Il faut dire qu'avec Gian Piero Gasperini, son ancien à l'Atalanta, la relation n'était plus vraiment au beau fixe.

Désireux de rajeunir son attaque, le "Gasp", un technicien réputé mais au caractère bien trempé, avait ainsi réclamé le départ de son joueur l'été dernier malgré l'avis contraire de ses dirigeants, qui ont fini par le suivre, comme souvent. Rapidement mis au courant, le principal concerné n'a pas vraiment apprécié. Les tifosi, qui l'ont toujours apprécié, non plus. Pour se justifier, le technicien bergamasque lâchera en conférence de presse : "Il a fait de très belles choses avec nous, il s'est très vite adapté en faisant de très belles choses. Mais il est normal que l'Atalanta recherche un joueur qui marque plus de six buts." Lors des trois dernières saisons de Serie A, l'international ukrainien a inscrit huit buts en 2019-2020, six buts en 2020-2021 et six buts lors de l'ultime exercice. Avec un total de 24 passes décisives. Visiblement pas assez pour son désormais ex-coach.

"Malinovskyi a eu quelques problèmes avec Gasperini ces derniers temps", nous confirme Francesco Pietrella. Au point que sa femme a décidé de prendre publiquement sa défense en octobre dernier, déclarant que son mari "était dans la meilleure forme possible" et "ne comprenant pas pourquoi il ne jouait pas". "Je me souviens de la belle époque, lorsqu'il jouait 90 minutes deux fois par semaine et qu'il était devenu un champion", regrettait-elle sur Instagram, avant de retirer son message. Trop tard, évidemment. Rien ne s'arrangera par la suite, avec simplement une seule titularisation face à Lecce le 9 novembre. L'occasion de livrer sa dernière passe décisive sous le maillot de la Dea.

"Il a clairement été poussé vers la sortie par Gasperini, il ne serait jamais parti de lui-même. Ruslan était heureux à Bergame, sa femme aussi. Mais il a dû se rendre à l'évidence, son entraîneur n'en voulait plus. La situation était devenue irrémédiable, comme avec d'autres avant lui. Il suffit de penser à la fin du Papu Gomez...", indique un connaisseur du mercato italien. "Son départ est tout simplement le fruit d'une opportunité, s'est justifié Tony D'Amico, le directeur sportif de l'Atalanta, lundi. On le remercie pour tout ce qu'il a fait, mais nous avons décidé de saisir cette possibilité de le vendre. Ruslan joue dans une position sur le terrain où nous avons déjà beaucoup d'éléments."

Après ce premier transfert, l'OM attend encore le renfort d'un autre joueur offensif. Le président Pablo Longoria a évoqué la semaine dernière devant la presse la possibilité de choisir un profil similaire à celui de Malinovskyi, pour évoluer "dans la ligne de deux" du 3-4-2-1 de Tudor. Milieu offensif et vrai créateur, l'Ukrainien peut parfaitement s'intégrer dans le système marseillais, notamment axe droit, puisqu'il affectionne la possibilité de repiquer dans l'axe sur son pied gauche.

Ses autres qualités ? Apport de la verticalité, rapidité à se mettre dans le sens du jeu et capacité à faire des différences ballon au pied. La saison dernière, il ne comptait pas moins de 45 passes clés (passes qui permettent un tir, ndlr) et 48 fautes subies (soit le même total que Dimitri Payet). "C'est un joueur qui joue au poste du 'trequartista', de numéro 10, indique notre confrère. Ce n'est pas vraiment un 'fantasista', mais il sait marquer et faire des différences. Il l'a démontré tout au long de son passage ici. Pour moi, je le répète, c'est vraiment un grand coup pour l'OM."