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Entretien Eurosport - Ligue 1 / Edmilson : "Aulas devrait laisser sa chance à Textor"

Maxime Aubin

Mis à jour 17/09/2023 à 10:04 GMT+2

De passage à New York mi-septembre, Edmilson, l’ancien défenseur brésilien de l’Olympique Lyonnais (2000 à 2004), a accordé un entretien à Eurosport pour évoquer la situation de son ancien club. Il se dit surpris de voir à la dérive, après avoir tutoyé les sommets européens il y a quelques années.

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Toujours affûté à 47 ans, en plus d’avoir gardé ce même sourire communicatif, Edmilson a fait le déplacement du Brésil pour soutenir un projet qui lui tient à cœur, le Veteran World Cup Championship (VCWC), un tournoi qui réunira 150 anciennes gloires du foot au Rwanda l’année prochaine. Hyperactif, Edmilson dirige aujourd’hui cinq entreprises, une fondation qui aide 800 jeunes brésiliens à sortir de la misère, et aussi un club de foot, le SKA Brasil, qu’il vient de faire monter en quatrième division nationale.
"Jean-Michel Aulas m’a beaucoup appris dans la gestion d’un club et d’une entreprise", explique le champion du monde 2002 avec le Brésil, qui a gardé un bon contact avec le désormais ex-président de l’OL, même s’il estime aujourd’hui qu’il devrait se mettre en retrait et laisser travailler le nouveau propriétaire, l’Américain John Textor.
Vous êtes l’un des premiers Brésiliens à avoir rejoint l’Olympique Lyonnais en 2000, un an après votre compatriote Sonny Anderson, à une époque où le club commençait à gagner ses premiers titres en France, et s’affirmait sur la scène européenne. Comment expliquez-vous le déclin progressif de l’OL à partir des années 2010 ?
Edmilson : Jean-Michel Aulas et Bernard Lacombe ont fait un excellent travail à l’époque, pour aller dénicher des joueurs brésiliens et ouvrir cette filière. Il ne faut pas oublier que le club était très jeune, qu’il avait connu la Ligue 2 seulement quelques années auparavant. Ensuite, c’est vrai que l’OL n’a pas réussi à devenir un très grand club européen. Il manque cette Ligue des champions qui aurait peut-être tout changé. Je crois aussi que l’OL a beaucoup évolué par rapport à mon époque. Il y a eu de moins en moins de joueurs techniques et créateurs comme Juninho pouvait l’être. C’est à l’image du foot en général, il n’y a plus de numéro 10 aujourd’hui, on ne forme plus que des ailiers et des joueurs physiques.
En 2016, vous aviez accordé une interview au site de L’Équipe, expliquant que Lyon était devenu ennuyeux à voir jouer, et que vous ne compreniez plus la stratégie de Jean-Michel Aulas. Huit ans plus tard, le club traverse une crise sans précédent, entre le manque de résultats sportifs et la guerre ouverte entre Jean-Michel Aulas et John Textor. Quelle est votre opinion sur la situation du club ?
E. : Je ne veux pas critiquer gratuitement, car je ne suis pas là au quotidien au sein de l’OL, et je ne veux pas que mes propos soient mal interprétés, comme ça a pu être le cas auparavant. Ce que je sais, c’est qu’Aulas a été un grand président pendant longtemps, et ce n’est pas facile pour lui de laisser son fils, son bébé. Après, un président ou un joueur ne devrait jamais être plus grand que son club. Et dans les guerres, il y a toujours un perdant. Malheureusement, c’est la marque Olympique Lyonnais qui souffre aujourd’hui.
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Florent Malouda, Edmilson et Giovane Elber (OL)

Crédit: Imago

En février dernier, plusieurs médias ont indiqué que l’Olympique Lyonnais vous avait sondé pour un poste de conseiller sportif. Est-ce vrai, et aimeriez-vous reprendre du service au club un jour ?
E. : Non, j’ai seulement eu des discussions avec mon ami Claudio Caçapa (ancien joueur devenu entraîneur adjoint de l’OL et coach de Molenbeek en Belgique depuis cet été, ndlr). Je ne veux pas quitter mon club au Brésil maintenant alors qu’il commence à marcher, ni ma famille, et encore moins pour de l’argent. Mais un jour peut-être, pourquoi pas. Après, je sais que certains clubs comme l’OL peuvent être très politiques. Je n’aimerais pas me retrouver dans une situation comme celle qu’a connue Juninho (directeur sportif de l’OL de 2018 à 2021, ndlr), à être manipulé par deux, trois, voire dix personnes différentes.
Vous qui vivez au Brésil et suivez attentivement les championnats locaux, quelle est la réputation de John Textor là-bas, qui a repris le club de Botafogo l’année dernière ?
E. : Écoutez, personne n’aurait imaginé ça, mais Textor fait du très bon travail avec un super entraîneur portugais (Bruno Lage, un temps évoqué pour remplacer Laurent Blanc à Lyon, ndlr). L'équipe est première du championnat devant des grandes équipes avec dix fois plus de moyens. À Lyon, peut-être que Jean-Michel Aulas devrait se mettre en retrait et laisser sa chance à Textor.
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Le très haut niveau, c’est la guerre. Les joueurs actuels préfèrent se teindre les cheveux, danser et être entre amis en sélection
Vous êtes très engagé dans le développement du football brésilien, puisque vous avez bâti un club professionnel sur place, mais aussi un centre de formation avec différentes catégories de jeunes. Quelles sont les lacunes du système de formation là-bas ?
E. : C’est simple, l’équipe nationale n’a plus gagné la Coupe du monde depuis 24 ans (le dernier titre brésilien remonte à 2002, et la prochaine compétition aura lieu en 2026, ndlr). Pourquoi ? Car ils ne sont pas prêts mentalement à partir à la guerre. Le très haut niveau, c’est la guerre. Les joueurs actuels préfèrent se teindre les cheveux, danser et être entre amis en sélection. Ce n'est pas comme ça qu’on gagne un titre. Au sein de mon club, on insiste vraiment sur la dimension cognitive, psychologique pour développer un joueur. Je vois un centre de formation comme une université où tu dois passer tes examens, bénéficier d’un enseignement varié mais qui suit à la fois un fil conducteur. Et à la fin, si tu décroches ton diplôme, c’est que tu es prêt pour jouer au meilleur niveau.
Beaucoup de joueurs brésiliens se sont succédé à l’OL, de Sonny Anderson à Cris, en passant par Juninho, Fred et plus récemment Paqueta et Guimaraes. Lequel était le plus fort selon vous ?
E. : Celui qui a changé les mentalités, c’était Sonny. Il arrive du Barça en 1999 et il professionnalise le club. Je me souviens qu’il allait dans les bureaux de Gerland après les entraînements, et qu’il leur disait tout ce qu’il pensait (rires). Et après lui, il y a eu Juni’ bien sûr, qui est venu avec cette soif de gagner, gagner, gagner. Et qui a marqué aussi beaucoup de buts.
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Edmilson (OL)

Crédit: Getty Images

Vous avez gagné trois championnats de France avec Lyon en 2002, 2003 et 2004, ainsi qu’une Coupe de la Ligue en 2001. Quel est votre meilleur souvenir en tant que joueur au sein du club ?
E. : Le plus beau souvenir, c’était Lyon-Monaco au Parc des Princes, avec ce but de Patrick Müller à la 118ème minute. (victoire 2-1 de l’OL en finale de la Coupe de la Ligue, ndlr). C’était la première fois que j’étais champion en France. On est arrivé à Lyon à la gare Part-Dieu en TGV, des milliers de supporters nous attendaient, tout le monde buvait du champagne. C’était comme si on avait gagné la Coupe du monde.
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