Ligue 1 - Dernier match d'Alexandre Lacazette avec Lyon - "Au début, ce n’était pas acquis" : Lacazette, histoire d’une loyauté

Attaquant discret devenu symbole de l’OL des années 2010 puis 2020, Alexandre Lacazette disputera ce samedi son 391e et dernier match avec son club formateur. Pour comprendre la trace qu’il laissera, il faut saisir le lien qui l’unit avec son public. Plus que les buts, sa trajectoire et son retour à l’OL en 2022 laisseront un héritage unique dans la grande histoire du club.

Lacazette est-il une légende de l'OL ?

Video credit: Zoom

A l’angle du 49 quai Saint-Vincent et du 2 rue de la Martinière, une peinture murale de 800 m2 dessine la grande histoire de Lyon. Antoine de Saint-Exupéry, Paul Bocuse, Edouard Herriot : la fresque représente 24 personnages de la cité lyonnaise. Quatre nouvelles personnalités seront bientôt dessinées au rez-de-chaussée alors qu’un chantier sera lancé avant la fin de l’année pour rénover une peinture qui date de 1995. Bernard Lacombe est le seul sportif présent sur le mur. Alexandre Lacazette doit-il être le prochain ? La carrière du Gone à Lyon s‘achèvera ce samedi dans un Groupama Stadium qui saura le fêter comme il se doit. Lacazette, c’est 390 matches et 199 buts. Suffisant pour être une légende de l’OL ?
Quelle trace laissera-t-il ? Dans le palmarès, pas grand-chose : une Coupe de France et un Trophée des champions. C’est maigre pour une légende surtout dans un club habitué, avant lui, à amasser les butins nationaux. Face à Juninho, Sidney Govou ou Grégory Coupet, il ne fait pas le poids. Mais la comparaison est-elle justifiée ?
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La fresque des Lyonnais

Crédit: Getty Images

Il est le leader d’un OL que les Lyonnais ont aimé
"Il incarne une nouvelle ère après celle d’un OL qui gagnait tout. Lyon n’avait plus d’argent, il fallait financer le nouveau stade et c’est lui qui a montré à la génération des Clément Grenier, Samuel Umtiti, Corentin Tolisso, Nabil Fekir qu’ils avaient les moyens de prendre les clés du camion, se rappelle Gaël Danic, joueur de 2013 à 2015 qui a accompagné la mise sur orbite de ce nouvel OL. Alexandre était la locomotive et tous ses copains ont suivi sa trajectoire."
Il incarne mieux que personne cet OL moins omnipotent, mais dans lequel le public de Gerland puis du Groupama Stadium, dont il fut le premier buteur, se reconnaissait. Cet OL des purs Gones, pleins de talents et d’enthousiasme. "Il est le leader d’un OL que les Lyonnais ont aimé, explique Frédéric Guerra qui fut agent de quelques-uns des jeunes de l’époque (Umtiti, Gonalons, Grenier). Ça, ça marque. En ce sens, il laissera une trace."
Il a fallu se battre
Pour saisir l’héritage laissé par Lacazette dans son club, il faut comprendre le lien qui l’unit aux supporters. L’oublier, c’est passé à côté de l’essentiel. Au commencement, il est un attaquant réservé, presque empêché. "Je l’attrapais souvent après ses matches de CFA, il n’avait pas une occasion, il ne proposait pas grand-chose, mais il marquait alors il était satisfait, se souvient Claude Puel qui l’a lancé comme tant d’autres dans le grand bain du professionnalisme. Il était réservé, avare d’efforts : tout était centré autour du but. Mais je lui expliquais qu’au plus haut niveau, ce n’était pas possible. Il a fallu se battre."
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Video credit: Eurosport

Moins évident que celui d’un Clément Grenier par exemple, son talent a fini par éclore. Il s’est ouvert, a changé de perspectives sur le terrain pour devenir un leader d’abord technique par le nombre de buts qu’il marquait, mais pas seulement. "C’était le modèle de cette génération, se souvient Danic. On avait l’impression de n’avoir que des Lacazette autour de nous. Quand on avait rendez-vous à 9 heures, les jeunes étaient tous là à 8h30 dans le sillage d’Alexandre. Il est devenu titulaire à 20 ans, mais il pouvait discuter avec les vieux comme moi qui jouais moins. Je ne faisais pas partie des joueurs phares, je ne suis pas resté 10 ans à Lyon, mais il m’a toujours intégré. C’était vraiment appréciable des mecs comme ça."
Être un Lyonnais pure souche aide à se faire aimer par Gerland, mais ça ne suffit pas. Plusieurs bornes vont faire grimper l’admiration et l’amour du public à son égard. Son triplé pour le dernier derby à Gerland a la valeur d’un trophée pour les virages, son but et sa célébration inoubliable face à l’AS Rome restent un souvenir majeur pour la génération actuelle. Mais c’est surtout son retour sur ses terres, après un intermède à Arsenal, qui soigne sa légende.
C’est plus difficile d’avoir cette fidélité quand l’OL ne gagne plus
"Avec Lacazette, la passion s’est construite dans le temps, témoigne Stéphane, supporter de l’OL connu sur X. Ce n’était pas acquis parce qu’il n’a pas une personnalité expansive. Son retour a marqué parce que personne n’y croyait et il a forcé notre admiration. On a un attachement particulier pour ces joueurs qui ont démontré leur amour du club ces dernières années. C’est plus difficile d’avoir cette fidélité quand l’OL ne gagne plus."
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Alexandre Lacazette en 2022 lors de son retour à Lyon

Crédit: Getty Images

Lyon lui a bien sûr déroulé le tapis rouge, il n’était plus vraiment un joueur qui compte à Arsenal, mais encore fallait-il se laisser convaincre par ce qui pouvait être considéré alors comme un retour en arrière. Dès lors, personne ne pouvait douter de son engagement et de son amour pour son club formateur. Capitaine depuis son retour, il incarne aussi, malgré des statistiques encore convaincantes, la lente déliquescence de l’OL et il ne doit pas être absout de ses responsabilités.
"Il a l’amour du maillot, du talent, des stats mais ce n’est pas un leader charismatique à cause de son caractère effacé, continue Guerra. À ce titre, ce n’est pas Juninho. Des échos qui me sont revenus, ce n’est pas un capitaine capable de prendre la parole dans les moments difficiles. L’OL vit une saison pénible et aurait eu besoin d’un conducteur de locomotive capable de descendre du train pour pousser les wagons. Il n’a pas réussi à aider le groupe pour le motiver derrière lui. Et je pense qu’il aurait été bien meilleur s’il n’avait jamais été capitaine."
Ce dernier exercice où ses chiffres ont décliné (17 buts en 41 matches), où son OL risque une relégation administrative, où Georges Mikautadze fut parfois un recours efficace, ne clôture pas comme il se doit une aventure de plus de 10 ans au service de l’OL. Légende ou non, au fond, peu importe pour le Groupama Stadium. Son stade, malgré un contexte collectif bien morose, le fêtera avec majesté pour les souvenirs qu’il a laissés et pour sa fidélité. Parce qu’à Lyon, Lacazette est un peu plus qu’un joueur de football, une certaine idée de la loyauté qui mériterait sans doute une petite place à l’angle du 49 quai Saint-Vincent et du 2 rue de la Martinière.
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Le maillot d'Alexandre Lacazette

Crédit: Getty Images


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