Youssoufa Moukoko (OGC Nice), la descente aux enfers de l'enfant prodige qui affolait les compteurs et était promis à être le futur de l'Allemagne

Il était le grand espoir de l'Allemagne, affolait tous les compteurs chez les jeunes, puis… le néant. Formé à Dortmund, Youssoufa Moukoko n'a pas encore réussi à encaisser son passage chez les grands. Prêté en Ligue 1 cette saison à l'OGC Nice, l'ancienne pépite allemande n'a convaincu personne sur la Côte d'Azur. Tant et si bien que l'avant-centre ne compte que 199 minutes passées sur le rectangle vert, en onze matches de Ligue 1 et seulement deux titularisations. Il est aussi le symbole de la campagne européenne ratée des Aiglons, puisqu'il profitait des matches de milieu de semaine pour avoir du temps de jeu. Depuis le 8 février, il n'est plus entré en jeu et les Niçois ont d'ores et déjà annoncé qu'ils ne lèveraient pas l'option d'achat du joueur prêté par le BVB, assombrissant encore plus un avenir qui s'annonçait radieux.

Dans la Ruhr, on cherche aussi à se séparer de la pépite qui a grandi chez eux. A 20 ans, l'histoire semble prendre une fin inéluctable, alors qu'il était amené à faire vibrer le mur jaune. De ses 137 buts chez les jeunes (dont 90 chez les U19) et de sa surdomination, il ne reste rien si ce n'est son salaire faramineux. Il signe son premier contrat professionnel en 2020, puis obtient des émoluments s'élevant à 8,5 millions d'euros par an lors de sa prolongation en 2023, l'un des meilleurs salaires du vestiaire. En quatre saisons et 99 matches disputés sous le maillot jaune et noir, le bilan est décevant avec la faible bagatelle de 18 buts inscrits.

Qu'elles sont loin les attentes du joueur qui a débuté en Bundesliga, à tout juste 16 ans. Quatre ans plus tard, il est envoyé en prêt à Nice et ne parvient pas à exister dans l'effectif de Franck Haise. "Au niveau des prestations, c'est insuffisant, nous glisse un journaliste qui suit l'actualité du Gym. Il n'a vraiment rien montré depuis qu'il est arrivé. Que ce soit dans le jeu en remise, le jeu combiné, dans la profondeur, face au but, il n'y a vraiment rien de positif. Il marque deux fois dans un match complètement à part (victoire 8-0 contre Saint-Etienne, NDLR), où je pense que vous et moi aurions marqué. Même s'il a la bonne attitude, c'est beaucoup trop faible pour pouvoir espérer jouer en Ligue 1, tout simplement."

A Nice, forcément, on ne s'étend pas sur les difficultés du joueur de 20 ans d'origine camerounaise. Son entraîneur s'est récemment exprimé sur son cas, en mars dernier. "Nous connaissons aussi sa situation. C’est un joueur prêté avec une option d’achat que le club ne pourra probablement pas activer. Mais son état d’esprit est remarquable", a-t-il expliqué. On n'a pas vraiment d'idée de la valeur de l'option d'achat négocié par Dortmund l'été dernier, mais nul doute qu'elle est prohibitive, sûrement bien trop chère en comparaison du faible rendement du jeune Allemand. D'autant plus que si sur le terrain, ça ne se passe pas bien, en dehors, ce n'est vraiment pas tout rose non plus.

Cette année, des doutes sur son réel âge ont resurgi. Adopté en Allemagne, Moukoko a vu Joseph Moukoko, un homme se présentant comme son père biologique avouer qu'il avait trafiqué l'acte de naissance de son fils dans une interview à la télévision allemande, et qu'il serait en réalité né en 2000. Rien ne l'atteste officiellement - la fédération allemande avait publié un communiqué en 2018 pour certifier l'âge du joueur - mais c'est une autre ombre au tableau déjà bien sombre de l'espoir allemand. "

Je pense que moralement ça ne l'a pas aidé pour son acclimatation à Nice, reprend notre suiveur. Ce qui était un secret de polichinelle jusqu'à présent est sorti au grand jour. J'imagine qu'il a fallu le digérer pour lui, mentalement." Finalement, l'histoire de Youssoufa Moukoko, c'est celle - parmi tant d'autres - d'un joueur qui a affolé le compteur chez les jeunes, puis qui a eu des difficultés à passer le palier lors de son passage chez les pros.

D'autant plus qu'au Cameroun, son pays natal, des luttes d'influence ont lieu entre différentes parties qui veulent toutes récupérer une part du juteux gâteau. Alors qu'il était âgé d'à peine 14 ans, la pépite signait son premier contrat avec Nike. Forcément, un business pareil attire les convoitises et nécessite d'être bien entouré pour bénéficier des meilleurs conseils. Appelé à devenir le futur de la Mannschaft en 2022, en compagnie de Jamal Musiala et Florian Wirtz, il avait été sélectionné pour le Mondial, mais depuis l'arrivée de Julian Nagelsmann sur le banc de la sélection, il n'a plus goûté à l'équipe A.

Pire encore, le sélectionneur des espoirs allemands ne compte pas dans ses plans l'ancien wonderkid allemand pour l'Euro qui aura lieu en juin prochain. "Le facteur décisif sera son état : s'il joue, il est logiquement une option", a récemment déclaré Antonio Di Salvo. Sauf qu'on l'a expliqué, Moukoko ne joue pas sur la Côte d'Azur. Il faudra maintenant laisser derrière lui cette année sombre et trouver où rebondir, même si ça ne s'annonce pas chose aisée.

Les prétendants ne se pressent pas au portillon, sûrement refroidis par le statut du joueur. "Ce n'est pas un joueur qui va signer dans un club pour 100 000 euros par mois, prédit notre suiveur. Ça fait de la peine, parce que des gens ont profité de lui. Il a été pris en otage par rapport à son talent." En Allemagne, on ne dit pas autre chose et l'on pleure même sur la situation d'un homme, puisque c'est un humain avant d'être un joueur, meurtri et en difficulté. Dans la presse, on parle d'un "enfant prodige dans l'impasse". Difficile d'être en désaccord et de ne pas être touché par cette histoire jusqu'ici tragique. Avant que, peut-être, son avenir ne s'éclaircisse, enfin.