Les deux visages de l'OL

Cette saison, en Ligue des Champions, il y a deux Lyon. Celui qui a encaissé dix buts lors de la phase de poule et celui qui en a inscrit 14. Statistique édifiante : les hommes de Claude Puel présentent ainsi la défense la plus perméable des clubs qualifiés mais également la deuxième attaque (derrière Barcelone). Deuxième de son groupe, l'Olympique Lyonnais a étalé de nombreuses carences défensives mais aussi du panache et un état d'esprit irréprochable. Le match face au Bayern Munich (2-3) est le parfait exemple de cette OL sinusoïdale.

Face au onze bavarois, Lyon a d'abord étalé ses faiblesses du moment notamment défensives. Une arrière-garde, qui manque d'autorité et de maturité, emportée par les vagues successives du Bayern en première période. Les matchs allers face à la Fiorentina ou à Bucarest avaient déjà laissé entrevoir les mêmes failles dans la cuirasse des septuples champions de France. A droite, le jeune Gassama a souffert le martyre face à un Ribéry de classe mondiale. Les blessures de Réveillère et Clerc pèsent lourd. Et difficile de demander plus à un jeune latéral de 19 ans. L'OL se doit de recruter un arrière droit qui sied à ses ambitions européennes.

A gauche, Grosso est coupable sur le troisième but d'un Klose libre de tout marquage. Ce n'est pas la première absence de l'Italien mais si Lyon veut franchir un cap en Europe, le champion du monde devra faire preuve de plus de régularité. Alors oui, sans Cris, la défense lyonnaise n'est pas tout à fait la même mais cette saison le Brésilien n'a pas la même autorité. Lyon a trop souvent été naïf et encaissé beaucoup trop de buts par rapport aux actions concédées. Les Bavarois ont ainsi cadré trois frappes, toutes ont fait mouches.

La défense n'est certainement pas la seule coupable. Le milieu de terrain manque d'impact physique. Même si l'activité d'un Jérémy Toulalan est irremplaçable, le temps des Diarra et autres Essien semble bien loin. Un temps où l'OL se cherchait un avant-centre de classe mondiale. Il l'a désormais trouvé. Meilleur buteur de la Ligue des Champions avec cinq réalisations, Karim Benzema a pris une autre dimension cette saison sur la scène européenne. A l'image de sa seconde période face aux Allemands, il est un poison constant pour l'adversaire : en percussion, sur les frappes de loin, dans le jeu de déviation, dos au but etc. Mercredi, Ederson a fait oublier Juninho dans un rôle de meneur axial où il excelle. Le retour de l'artificier en chef lors des 8es donnera encore un peu plus d'épaisseur une organisation offensive flamboyante et auteure de 13 frappes cadrées face au Bayern !

Le salut de l'OL passera donc forcément par le jeu. Et par un état d'esprit conquérant. Lors de cette phase de poule, les Lyonnais ont démontré une force de caractère déconcertante. Mené de deux buts face à la Fiorentina et au Steaua Bucarest, l'OL est revenu à chaque fois, l'emportant même en Roumanie. Il s'en est fallu de peu pour rééditer la performance contre les Bavarois. Un état d'esprit irréprochable pour un OL qui refuse obstinément d'abdiquer. "Je félicite mes joueurs car rentrer à la mi-temps avec un score de 0-3 et réagir comme ils l'ont fait en seconde période, cela prouve que l'on n'est pas là par hasard, que l'on a du caractère et de la qualité comme nous l'avons démontré depuis le début de la Ligue des Champions", confirme Claude Puel. En huitième, face à un cador du Vieux Continent, à moins qu'un coup de pouce du sort ne lui destine le Panathinaïkos, l'OL a incontestablement les armes pour s'en sortir. Il lui faudra retrouver un bloc plus hermétique sans perdre pour autant ce panache qui pourrait l'amener si loin.