Xavi et la crème anglaise

"Know your enemy" clamait Rage Against the Machine il y a bientôt vingt ans. Xavi, en mélomane averti, a repris le conseil du groupe de métal à son actif. Arsenal, que Barcelone défiera mercredi en 8e de finale aller de la Ligue des Champions, Xavi connait plutôt bien. Et pas seulement parce que les deux équipes ont déjà croisé le fer la saison dernière en quart de finale de la prestigieuse compétition européenne. Mais parce que le football anglais n'a pas beaucoup de secrets pour Xavi. Et pas seulement celui des Gunners, copie carbone globalement aboutie de celui du Barça.

"C'est une nation de guerriers", lance-t-il un brin admiratif dans une interview accordée au Daily Mail. "Si vous allez à Liverpool, que Carragher balance un grand dégagement dans les tribunes, les fans applaudissent. Au Camp Nou, vous ne seriez jamais applaudi pour cela. C'est un peu le monde à l'envers. C'est une culture différente avec d'autres valeurs (...) même si cela a changé ces dernières années", reconnait le champion du monde.

Avec la philosophie du Barça qui lui a été inculquée tout au long de sa jeunesse, ce football a bercé l'enfance du trentenaire. "J'ai été un grand fan de John Barnes, Chris Waddle et Matt Le Tissier. Et, dans un autre style, j'ai été impressionné par la doublette Paul Ince - Roy Keane à Manchester United. Ç'aurait été mon équipe si j'avais joué en Angleterre." D'autant qu'il aurait côtoyé Paul Scholes, un exemple. Et même un peu plus que ça. "Lors des quinze ou vingt dernières années, c'est le meilleur milieu de terrain qui m'ait été donné de voir jouer. J'ai parlé de lui avec Xabi Alonso plein de fois. Scholes a tout."

Que Xavi se réjouisse. Mercredi, il ne croisera pas l’inoxydable Paul Scholes à l'Emirates Stadium. Mais cette drôle d’équipe d'Arsenal qui est sans doute au monde de ce qui ressemble le plus au Barça. "Regarder Arsenal, c'est quasiment comme regarder jouer le Barça. Tout passe par Cesc et Nasri. Mais la différence est que chaque joueur est un produit de différents centres de formation. Ici, à Barcelone, vous avez des joueurs qui sont là depuis dix ou douze ans. La différence est là." La différence se situe également au niveau du palmarès. Arsenal n'a plus rien gagné depuis six ans. Inimaginable en Catalogne. "Si vous traversez une période de deux ans sans rien gagner, tout va changer. Enfin, les gens... pas la philosophie. La philosophie sera toujours la même. Les supporters ne comprendraient pas que l'on se mette tous derrière et que l'on se contente de contre-attaquer." Les hommes passent, l’esprit reste. En Catalogne comme en Angleterre.