Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Le plan anti-Barça a fonctionné à plein régime

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 24/04/2013 à 10:55 GMT+2

Dans sa première partie de l'analyse tactique de Bayern - Barça (4-0), Florent Toniutti décrypte le diabolique système de défense collective des Bavarois.

Sur la lancée de sa double démonstration face à la Juventus (0-2, 2-0), le Bayern Munich a infligé mardi une véritable correction à un FC Barcelone incapable de mettre en place son jeu (4-0). Déjà dominés tactiquement, les Catalans ont en plus dû encaisser la supériorité athlétique de leurs adversaires du sort. Plus forts, plus rapides, plus "tout", les Bavarois ont déjà les deux pieds dans l'avion pour Wembley. Ne reste plus qu'à composter le ticket dans une semaine. Cette démonstration de force a été possible, en premier lieu, parce que le Bayern avait la solution pour neutraliser le Barça sur ses points forts sans lui contester la possession pour le "plaisir" de la lui contester.
Mandzukic suspendu, Kroos blessé, Jupp Heynckes devait composer avec une ligne d'attaque à recomposer pour ce match. Remplaçant de Kroos contre la Juventus, Muller s'est retrouvé dans l'axe, en soutien de Gomez. Derrière, c'était du grand classique. Par rapport au quart de finale retour face à la Juve, Boateng faisait son retour en défense centrale aux côtés de Dante (Neuer - Lahm, Boateng, Dante, Alaba - Javi Martinez, Schweinsteiger - Robben, Muller, Ribéry - Gomez). Côté barcelonais, Tito Vilanova conservait les fondations du onze qui avait éliminé le PSG il y a quelques semaines. Bartra et Sanchez remplaçaient numériquement Adriano et Villa. Le plus jeune des deux permutait avec Piqué, axial gauche pour l'occasion (Valdes - Alves, Bartra, Piqué, Alba - Busquets, Xavi, Iniesta - Sanchez, Messi, Pedro).
picture

compos

Crédit: Eurosport

Gomez, Muller, Schweinsteiger et Javi Martinez :
Pas de surprise non plus quant aux systèmes de jeu : le 4-2-3-1 du Bayern faisait face au 4-3-3 du Barça. Dès les premières minutes de la partie, l'une des grandes questions de l'avant-match a trouvé sa réponse : le Bayern n'a pas disputé la possession de ballon sur tout le terrain. Très vite, les Catalans ont mis le pied sur le ballon face à des Bavarois qui ont eu une approche tactique similaire à celle vue lors des deux matchs face à la Juventus. Il faut dire que les Blaugrana partagent avec les Bianconeri la recherche de la possession de balle afin de pouvoir maîtriser le rythme de la partie. Comme lors du tour précédent, le Bayern a accepté de laisser le ballon... pour mieux empêcher son adversaire d'imposer son tempo.
Habituellement, quand il s'agit de décrire une phase de jeu défensive, l'usage veut que l'on commence par décomposer le travail des attaquants. Mais hier soir face au Barça, le Bayern a fait face avec quatre joueurs en première ligne, dans l'axe : Gomez, Muller, Schweinsteiger et Javi Martinez. Une fois les Blaugrana en possession du ballon, ce quatuor avait pour mission de bloquer la transition barcelonaise, celle qui lui permet de passer de la paire Busquets-Xavi à Messi ou Iniesta.
Concrètement, Gomez restait en pointe du bloc bavarois aux alentours du rond central, la plupart du temps pour faire face à Busquets. Juste derrière, Schweinsteiger, Javi Martinez et Muller se déplaçaient en fonction des déplacements de Xavi et Iniesta. A l'instar des milieux du Milan AC lors du match aller à San Siro, les deux premiers sortaient au pressing sur les relayeurs catalans lorsqu'ils décrochaient dans leur propre camp. La présence de Muller en tant que troisième homme offrait un surnombre en faveur des Bavarois, qui permettait à la fois de gérer les changements de zone de Xavi ou Iniesta, la couverture en cas d'élimination d'un joueur sur un dribble et, surtout, les décrochages de Messi depuis sa position d'avant-centre.
En complément de ce travail dans l'axe, le Bayern bloquait les couloirs grâce au bon repli de Robben et Ribéry, qui se retrouvaient parfois à défendre plus bas que leurs axiaux. Les deux hommes coupaient les transmissions entre Jordi Alba, Daniel Alves et leurs ailiers. Derrière eux, Alaba et Lahm devaient suivre les déplacements de Pedro et Sanchez lorsque ces derniers décrochaient au milieu de terrain pour aider à la création. Dans ce cas, les deux ailiers du Bayern devaient surveiller Daniel Alves et Jordi Alba de manière à les empêcher de prendre l'espace laissé libre sur l'aile. A plusieurs reprises, Ribéry a ainsi dû couvrir le couloir gauche pour compenser les sorties d'Alaba au marquage d'un Pedro redescendu au milieu de terrain. Cette bonne entente a permis à Boateng et Dante de rester dans des positions confortables dans leur surface de réparation.
Pression et densité : le Barça encerclé
Souvent sans solution, le Barça était contraint de reculer pour tenter de faire sortir le bloc adverse en espérant que cela lui ouvre quelques espaces. Mais dès que les Catalans jouaient en retrait, le Bayern suivait le mouvement et sortait de sa moitié de terrain. Schweinsteiger pouvait par exemple rester au marquage de Xavi lorsque celui-ci décrochait. Derrière lui, c'est toute la première ligne bavaroise qui se resserrait : Ribéry et Robben laissaient les couloirs de manière à compenser les sorties au pressing de leurs axiaux (Muller, Schweinsteiger ou Javi Martinez). Plus le Bayern pressait haut dans le camp barcelonais, plus l'écart entre Ribéry et Robben se réduisait. Et plus la densité autour du porteur de balle barcelonais (Piqué et Bartra exceptés) était grande.
Comme beaucoup d'adversaires du Barça, les Bavarois n'ont pas hésité à jouer très haut sur les remises en jeu de Victor Valdès, de manière à casser les circuits courts habituels et à forcer les Catalans à allonger en comptant sur la supériorité de leurs défenseurs dans les airs. Pour remonter "proprement" les ballons, les Blaugrana n'avaient d'autre choix que d'utiliser les couloirs. Mais comme face à la Juventus, les hommes de Jupp Heynckes ont parfaitement su contenir les approches adverses dans ses zones. Dès que le Barça choisissait un côté, c'est l'ensemble des milieux et attaquants du Bayern qui se déplaçait vers celui-ci de manière à fermer le couloir tout en mettant la pression sur le porteur.
Côté gauche, Javi Martinez a réalisé une prestation exceptionnelle : il a notamment réussi à contenir Iniesta, capable normalement de déséquilibrer une défense par ses dribbles du côté gauche vers l'axe. Robben et Lahm ont eux su limiter les espaces à Jordi Alba et Sanchez. Côté opposé, Alaba s'est chargé de serrer Pedro de très près ; Ribéry a lui apporté sa puissance physique pour résister aux montées de Daniel Alves ; le Français a aussi été d'une aide bienvenue en cours de deuxième mi-temps lorsque Messi, sevré de ballons dans l'axe, s'est excentré sur cette aile pour trouver des espaces afin de tenter de dribbler.
Ce travail sur les côtés était évidemment complété par les joueurs restés dans l'axe. Au niveau de la ligne médiane, les attaquants refermaient l'étau autour du porteur de balle, le privant de solutions en retrait. Si le ballon était plus loin dans leur camp, ils restaient dans l'axe de manière à se retrouver dans la zone de Busquets ou Xavi au cas où ces derniers devaient hériter du ballon. Au bout de la soirée, le Barça aura tiré quatre fois, dont deux dans le cadre, pour aucun but inscrit. Du grand art.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité