Ligue des champions: Sir Alex Ferguson développe l'art de faire tourner

On ne sait pas si les supporteurs de Galatasaray vont en vouloir à Sir Alex Ferguson ou le remercier mais mardi soir dans l’ambiance bouillante du stade Ali Sami Yen, ils ne verront pas Rooney, ni Van Persie, ni Scholes, ni Ferdinand, ni Giggs, ni quelques autres. Comme il a en désormais l’habitude, Sir Alex Ferguson fait tourner. C’est même un euphémisme tellement il le fait. Pis, on pourrait dire qu’il fait tourbillonner. Sept joueurs parmi les 21 présents à Istanbul dans le groupe anglais n’ont jamais joué en Ligue des champions de leur vie. Parfois, on a l’impression que Sir Alex traite la phase de groupe de la plus grande des compétitions de club comme la Coupe de la ligue anglaise, soit une sorte de laboratoire expérimental où il tente des choses, fait des essais, repose des joueurs clés et en relance d’autres.

La saison passée, il avait par exemple effectué six changements entre le 1er match de Ligue des champions à Benfica (1-1) avec le deuxième à domicile face à Bale (3-3). Il avait répété les mêmes choix pour les confrontations suivantes, changeant plusieurs joueurs d’une rencontre de Premier League à une autre de C1 : seulement quatre joueurs ont débuté à Galati (2-0), quatre jours après avoir gagné à Everton (10) et uniquement cinq étaient titulaires à Swansea (1-0) et dans la foulée face à Benfica (2-2). En tout, il a utilisé 24 joueurs différents la saison dernière en Ligue des champions, beaucoup plus que la majeure partie des autres clubs engagés dans la compétition.

Seulement, c’est à double tranchant. L’an dernier, United avait été humilié et reversé en Ligue Europa après avoir été incapable de se qualifier dans un groupe contenant donc Benfica, Bale et Galati. Mais l’équipe réserve des Red Devils n’était pas au niveau et ils étaient restés à la porte. Fergie n’avait pas justifié ses choix (il ne le fait jamais) et encore moins pris la responsabilité de cet échec retentissant. C’est dans ses gênes de toute façon, comme il est dans ses gênes de bon Ecossais têtu de persévérer. Il remet donc ça cette année. Il a déjà fait appel à vingt-deux joueurs différents en quatre rencontres, dans un groupe du même niveau que l’an dernier (Cluj, Braga et Galatasaray). Il répète les même choix et prend les mêmes décisions : nombreux changements d’un match de C1 à un autre, d’une rencontre de championnat à une de Ligue des champions. Mais cette fois, ça a marché, avec un peu de chance et une coupure de courant bien venue à Braga il y a quinze jours. Mais MU est d’ores et déjà qualifié pour les huitièmes de finale et c’est bien tout ce qui intéresse SAF.

Il ne faut pas voir là uniquement de l’arrogance. Bien sur, il y a un peu de ça. Ferguson est convaincu que son équipe bis (Welbeck, Hernandez, Nani, Giggs, Scholes, Anderson notamment…) est assez forte pour passer le premier obstacle. Il considère également que c’est un apprentissage parfait pour certains jeunes joueurs et une plateforme idéale pour retrouver un peu de rythme pour ceux qui jouent moins. Sir Alex manque-t-il de respect à la Ligue des champions? Clairement. La saison dernière, certains de ses choix tactiques pour les matchs européens étaient totalement incompréhensibles. Il a mésestimé Bale et Benfica comme Braga cette saison. Maintenant que la qualification est assurée, il va encore en profiter lors des deux derniers matchs, mardi soir à Galatasaray et à domicile contre Cluj. Les supporters trucs ne verront donc pas les meilleurs mancuniens, ni les plus prestigieux. Mais ils verront des jeunes et auront surement une meilleure chance de l’emporter et continuer de rêver à la qualification. L’occasion ratée de vor certains des meilleurs joueurs du monde à cause du turnover de Ferguson serait compensée par une victoire. Et dans ce cas (presque) tout le monde sera content…