Ligue des champions ou Ligue des cartons ?

Un carton. Une raclée. Une correction. Et une gifle. Le menu du premier tour de la Ligue des champions 2013/2014 est riche. Mais a comme un goût de déjà-vu. Cet automne, les soirées de C1 se suivent et se ressemblent : des buts, du spectacle, des exploits individuels, tout y est. Sauf un ingrédient qui, petit à petit, tend à disparaitre pour ressurgir un peu plus tard dans la saison, une fois que les costauds se retrouvent entre eux et commencent à en découdre pour de vrai. Cet ingrédient s’appelle le suspense et manque cruellement. Parce que s’il n’est pas toujours vrai qu’il faut être deux pour faire un grand match, ça aide. Beaucoup.

Depuis le début de la présente édition, le suspense a souvent déserté les soirées européennes qui accouchent cependant parfois de matches spectaculaires, parce que l’équipe A est souvent trois tons (ou plus) au-dessus de l’équipe B et n’a pas de pitié pour elle. Il y a deux semaines, on en a eu un exemple criant avec le Paris Saint-Germain qui est allé démonter Anderlecht sur ses terres (0-5). Ce soir-là, Zlatan Ibrahimovic en a profité pour mettre quatre buts et devenir le dixième joueur à réussir un quadruplé en C1, le cinquième depuis 2010. Voilà. La même soirée, le Bayern Munich n’a pas fait pas autre chose face au Viktoria Plzen, écrabouillé à l’Allianz-Arena (5-0). On pourrait mettre ça sur le compte du hasard. Sauf qu’il n’a pas vraiment sa place ici et que ces deux cas sont loin d’être isolés. Pas la peine d’aller chercher très loin, il suffit de se pencher sur les résultats des trois premières journées pour s’en persuader.

Depuis le lever de rideau de la C1 2013/2014, sept rencontres se sont conclues par un écart de quatre buts minimum alors qu’on vient d’atteindre la mi-temps du premier tour. C’est déjà plus que durant toute la phase initiale de la dernière Ligue des champions où seuls cinq matches s’étaient terminés par de tels résultats. Ces quinze dernières années, seules les saisons 2000/2001 (12 matches), 2002-2003 (8), 2004-2005 (9), 2010-2011 et 2011-2012 (9) ont été plus "prolifiques" en cartons à quatre buts d’écart minimum. A la vitesse où vont les choses, on peut imaginer que le cru actuel sera un millésime. Et que pour vibrer réellement et voir des matches captivants, il faudra attendre les huitièmes de finale.

Ligue fermée qui ne dit pas son nom, la C1 s’est quelque peu rouverte aux plus modestes depuis l’arrivée de Michel Platini à la tête de l’UEFA. Le président de l’institution, élu en partie par les "petits" pays européens, a souhaité leur rendre la monnaie de leur pièce avec sa réforme et les inviter plus souvent au banquet des cadors du Vieux Continent. Louable ambition, qui a porté ses fruits. Il n’y a qu’à se pencher sur le plateau de la C1 ces dernières années pour s’en persuader. Problème pour les petits et Platini : la consolidation des grandes écuries, toujours plus puissantes financièrement, s’est accélérée dans le même temps. Et celles-ci ont été rejointes par une petite poignée de nouveaux riches, dont le Paris Saint-Germain est sans doute l'exemple le plus accompli. Plus que jamais, cette élite resserrée possède l’essentiel des talents. Si bien qu’une minorité fait la pluie et le beau temps et, en même temps qu'elle détruit ses adversaires, écrase le premier tour puisque les plâtrées de buts inscrits finissent par avoir une incidence sur les classements. La tendance n’est pas partie pour s’inverser. On a rarement été aussi pressé de voir le mois de février arriver.