L'antisèche : Sorti la tête haute face à la Juventus, Monaco ne doit pas tout regretter… loin de là

On a souvent reproché à l'ASM son manque d'ambition dans le jeu. Personne ne pourra faire un tel reproche à l'équipe de Leonardo Jardim après son match face à la Juve. Dans son habituel 4-3-3, Monaco a pris ses responsabilités en prenant d'assaut le camp turinois. Le pressing et l'impact physique imposés par les joueurs monégasques ont été exemplaires pendant 75 minutes avant de faiblir à cause d'une fatigue grandissante. La seule chose qui aura manqué à l'ASM : c'est un petit peu de réussite dans la surface turinoise et un brin de justesse technique dans le dernier geste.

Côté italien, Massimiliano Allegri avait envoyé un message clair en alignant un 3-5-2 qui n'avait plus été utilisé depuis plusieurs mois. La Juve était venue pour défendre et c'est ce qu'elle a fait. Pas toujours sereinement mais le trio Bonucci – Barzagli – Chiellini n'a pas craqué. Offensivement en revanche, les Bianconeri ont été inexistants. Rien à se mettre sous la dent. Même les quelques contres turinois ont été très mal négociés. La Juve a accepté de subir et au final, elle n'a pas concédé grand-chose à son adversaire du soir.

Si la Juve n'a pas converti ses quelques opportunités, Aymen Abdenour y est aussi pour quelque chose. Comme à l'aller, le défenseur tunisien a maitrisé Morata et s'en est plutôt bien sorti face à Tevez. Dans l'entrejeu, Geoffrey Kondogbia a imposé sa loi. Le milieu de l'ASM a été énorme à la récupération et s'est montré dangereux dans le camp turinois. Déception en revanche pour Yannick Ferreira Carrasco. Le Belge a été trop discret et n'a jamais apporté le surnombre. Ses accélérations ont été trop rares. Côté italien, et malgré une influence réduite, Andrea Pirlo a distillé quelques caviars dont il a le secret et touché le poteau sur un coup-franc somptueux (90e). Bonucci a été solide derrière. Vidal a été fantomatique, le Chilien a tout raté.

Certes, la Juve n'est pas connue pour son jeu léché et ses ambitions offensives débordantes mais de là à ne tenter que deux tirs en 45 minutes. Son co-plus faible total lors d'une première période cette saison. C'est dire si Monaco a pris des initiatives. Pour la première fois de la saison à Louis-II, les Monégasques ont bénéficié de 57 % de possession de balle !

Un petit miracle a eu lieu sur la pelouse du stade Louis-II : Chiellini est resté sur la pelouse pendant les 90 minutes. Et ce n'était pas gagné d'avance. Averti pour une main aussi volontaire que grossière dès les premières secondes de jeu après un dérapage non contrôlé, le défenseur italien a remis ça à la demi-heure de jeu en chatouillant d'un peu trop près les chevilles de Joao Moutinho. Le Portugais est parti se faire soigner, le Transalpin a été légèrement réprimandé. La semelle méritait un deuxième jaune. A 10 contre 11, l'histoire aurait peut-être été différente… ou pas.

Giorgio Chiellini, expert anti-jeu depuis 1984…

Monaco a réussi sa campagne européenne et c'est encourageant pour le futur. Beaucoup ont mis en doute le projet et la capacité de l'ASM à briller sur la scène européenne. Et pourtant, le bilan est plus que positif cette saison. Une première place en phase de groupes, le scalp d'Arsenal en 8es de finale et une élimination en quart contre la Juventus suite à un penalty qui a fait beaucoup parler à l'aller. Pas si mal pour une équipe qui n'avait aucune expérience sur la scène continentale. Pour accéder au dernier carré, il aurait fallu que le club de la Principauté dispose de quelques armes offensives supplémentaires, histoire de donner un petit coup de fouet à son efficacité dans la zone de vérité. Car défensivement et tactiquement, les Monégasques se sont montrés à la hauteur.

Monaco a une marge de progression très intéressante pour les années à venir. Mercredi soir, ils ont pris le jeu à leur compte en tentant des choses afin de percer le verrou turinois. La preuve que l'ASM est capable d'avoir des ambitions offensives quand le besoin s'en fait sentir. Cela doit devenir plus naturel, Monaco y gagnerait. Leonardo Jardim devra trouver un juste milieu entre solidité défensive et mouvement vers l'avant. C'est un axe de travail. Si l'ASM se qualifie de nouveau pour la prochaine édition de la Ligue des champions, elle ne fera plus office de petit poucet. Cette saison, les joueurs monégasques ont fait connaissance avec le très haut niveau. Ils ont beaucoup appris et emmagasiné de l'expérience. C'était une étape incontournable. À eux d'utiliser tous ces éléments positifs à l'avenir. Et tout faire en championnat, où ils sont actuellement 3es, pour tenter d'entendre à nouveau l'hymne de la Ligue des champions à Louis-II la saison prochaine...