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Ligue des champions - CFC - PSG : Chelsea possède une grande histoire, plus qu'on ne l'imagine

Philippe Auclair

Mis à jour 11/03/2015 à 01:22 GMT+1

Philippe Auclair s’insurge contre l’idée reçue selon laquelle Chelsea serait un club sans histoire européenne et que celle-lui, artificielle, serait née avec l'arrivée de Roman Abramovich. Un non-sens total selon lui, voici pourquoi.

Philippe Auclair - Didier Drogba

Crédit: Eurosport

Cent dix années d’existence n’y changent rien : Chelsea, si l’on écoute les chants des supporters adverses, n’a toujours "pas d’histoire" - survivance d’un temps, d’ailleurs très bref, où les quintuples champions d’Angleterre et septuples vainqueurs de la FA Cup (plus cinq League Cup) étaient ballottés d’une division à l’autre et vivaient à l’ombre des autres clubs londoniens. Lors de la saison 1981-82, quand leur maillot était fabriqué par Le Coq Sportif, Rotherham les devança au classement de la D2 le temps d’une saison. Rotherham avait d’ailleurs gagné 4-1 à Stamford Bridge, devant moins de 12 000 spectateurs, et 6-0 à Millmoor cette année-là. O tempora, etc.
Peut-être aussi que les circonstances dans lesquelles Chelsea était né, lorsque le spéculateur Gus Mears avait été incapable de convaincre Fulham d’emménager au Bridge, avaient troublé l’identité du club dès sa conception. Quand West Ham, Arsenal ou Tottenham pouvaient se dire des émanations de leurs communautés (encore que les Gunners avait fait table rase de leur passé en déménageant de Woolwich à Highbury en 1913), Chelsea n’avait pas d’autre fondation que les intérêts d’un homme d’affaires soucieux de faire fructifier son patrimoine.
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Essien, Kalou, Malouda et Drogba le soir du sacre historique de Chelsea en 2012 en Ligue des champions.

Crédit: Panoramic

De là à dire que les Blues n’ont "pas d’histoire", c’est absurde, de toute évidence. Cette histoire, ils l’ont écrite, parfois brillamment, et pas seulement confinés dans leur ville ou leur pays. Chelsea a l’Europe dans le sang, et pas d’hier. L’ADN européen auquel José Mourinho et beaucoup d’autres se réfèrent souvent n’est pas seulement le produit d’une présence constante dans les compétitions de l’UEFA depuis que le Portugais s’est installé dans les meubles de luxe achetés par Roman Abramovitch. Il s’est constitué plus tôt.
Et si la FA n’avait pas fait preuve de son aveuglement habituel et contraint Chelsea, champion en titre, à renoncer à participer à la toute première Coupe d’Europe, en 1955-56, on parlerait aujourd’hui des Blues comme de pionniers du football international. Leur directoire était enthousiaste à l’idée de rejoindre le Real Madrid, le Stade de Reims et Milan dans le tournoi imaginé par Gabriel Hanot. L’étroitesse d’esprit de quelques administrateurs convaincus de la supériorité factice du football anglais les en empêcha.
Toujours de dignes représentants anglais en Europe
Ce qu’on a oublié, c'est que les Blues, même s’ils ne sont pas parvenus à s’installer durablement au sommet de la vieille Division One (*), ont été de dignes représentants du football anglais en Europe presque chaque fois que l’occasion s’est présentée, avec un quart de finale de la Coupe des Villes de Foire - ancêtre de la Coupe de l’UEFA - en 1960 et une demi-finale de la même compétition six ans plus tard, après avoir éliminé la Roma (avec trois buts de Terry Venables) puis Milan et obligé le Barça à disputer un match d’appui dans le dernier carré. Pour couronner le tout, ils ont remporté deux Coupes des Coupes : en 1971 face au Real Madrid, rien de moins, avec un Peter Osgood au sommet de son art et en 1998. Sans oublier deux demi-finales en 1995 et 1999.
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José Mourinho avec John Terry après une victoire de Chelsea

Crédit: Eurosport

En Ligue des Champions, Chelsea a atteint les quarts en 2000, les demies en 2004, après avoir sorti Arsenal dans un match d’anthologie à Highbury lors du tour précédent. Oh – et la Supercoupe d’Europe de 1998, 1-0, but de Gus Poyet, contre le Real Madrid alors entraîné par Guus Hiddink, celui de Seedorf, Redondo, Roberto Carlos et Raul. Et tout cela, c’était avant Mourinho et les matches à répétition contre le Liverpool de Rafael Benitez. Et oui, Chelsea, "sans histoire", est le seul club anglais à avoir remporté les trois grands tournois de l’UEFA. Comme l'Ajax, la Juventus de Turin et le FC Bayern, et personne d’autre. Et aucun de ces trophées ne fut ajouté au palmarès des Blues quand Mourinho en était le manager.
Quitte à oublier, peut-être devrait-on le faire de l’image qu’on a d’un club sorti du compte en banque de Roman Abramovitch comme Minerve de la cuisse de Jupiter, de la même façon que le passé européen du PSG a des racines plus profondes que les gisements de gaz naturel du Qatar, n’est-ce pas, Antoine Kombouaré et Luis Fernandez? Chelsea, où Raquel Welch prenait sa place dans les tribunes du Bridge en compagnie de de Dickie Attenborough au début des années 1970, a un faible pour les soirées glamours comme celle qui les attend ce mercredi. Si Mourinho a un vécu, et quel vécu, en Europe, les Blues ont aussi le leur, qui n’avait pas attendu sa venue pour trouver des auteurs. Osgood, Zola, Vialli, et même le serial loser Claudio Ranieri en avaient été d’autres. Et s’il est un chapitre qui manque à l’oeuvre du Portugais, c’est précisément celui-là, même si c’est "son" Didier Drogba qui mit le point final à celui de l’Allianz Arena en 2012. L’histoire? Nous sommes en plein dedans, et Chelsea n’en manque pas.
(*) Encore que là encore, on a exagéré leur manque de réussite. Les Blues finirent dans le Top 6 sept fois sur huit entre 1964 et 1971, par exemple, tout comme ils le firent huit saisons de suite avant l’arrivée de Mourinho.
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