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Super League = Super danger

Maxime Dupuis

Mis à jour 07/03/2016 à 14:21 GMT+1

Le spectre d'une compétition européenne fermée et réunissant les plus grandes formations du Vieux Continent a ressurgi la semaine dernière à Londres à l'occasion d'une mystérieuse réunion. Les difficultés actuelles des cadors de Premier League vont-elles changer la face de l'Europe ? Possible. Mais c'est tout sauf souhaitable. Pour le football.

Le Bate Borisov en C1, une image qui vous ne verrez peut-être plus à l'avenir

Crédit: AFP

Un rendez-vous secret. Quelques puissants qui se rencontrent dans un palace londonien à l'est d'Hyde Park. Une poignée de photos volées et une information qui sort dans un tabloïd au cœur de la semaine dernière : l'ancien Big Four (MU, Arsenal, Chelsea et Liverpool) + Manchester City ont répondu à l’invitation d’un milliardaire américain pour discuter de la création d'une nouvelle compétition européenne.
Stephen Ross, l'instigateur de cette petite réunion au coeur de la capitale, n'est pas un inconnu puisque, propriétaire des Miami Dolphins, il est aussi l'organisateur de l'International Champions Cup. ICC pour les avertis. Kezako l'ICC ? C'est la "compétition" estivale qui occupe les géants du continent et se dispute partout où il y a des marchés à conquérir. A savoir : partout sauf sur le sol européen.
Pourquoi cette rencontre a-t-elle mis en émoi l'Angleterre ? Figurez-vous que - selon The Sun - ce petit groupe aurait des envies de sécession. Et le désir de rayer la Ligue des champions de la carte d'Europe pour lui substituer une compétition fermée - type NBA, NFL, etc. - réunissant la "crème de la crème" du football européen qui disposerait, comme le roi de France en d'autres temps reculés, d'un droit divin à disputer une compétition dépourvue de tout sens démocratique.
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Ronaldo et Borini à la lutte

Crédit: Panoramic

Plus de PSV, plus de La Gantoise

Evidemment, tous les clubs ayant pris part à la réunion du 1er mars ont rapidement démenti. Notamment un porte-parole d'Arsenal qui a expliqué que les discussions avaient "surtout porté sur l'International Champions Cup" tout en ajoutant (quand même) qu'il avait été aussi question des "formats de compétitions européennes qui pourraient compléter la Premier League". Pas très claire toute cette affaire. D'autant que la Super League européenne est un serpent de mer qui hante les couloirs de l'UEFA depuis une quinzaine d'années. Le serpent avait pris du recul avec la scission du G14. Mais jamais complètement disparu. Le fantasme est toujours bien réel dans les rangs des géants du Vieux Continent.
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Charlie Stillitano

Crédit: Imago

Charlie Stillitano, président de Revelent Sports (qui organise l'ICC) n'a lui pas caché son intérêt pour - a minima - une restructuration de la Ligue des champions et son désintérêt pour un club comme Leicester : "C'est une merveilleuse histoire mais vous pouvez aussi prendre le point de vue de Manchester United. (…) C'est très spectaculaire, sauf si vous êtes un supporter de Manchester United, de Liverpool… ou de Chelsea." Avant d'ajouter, sur les ondes de SiriusXM : "Cela va vous sembler arrogant mais quand vous voyez les équipes que l'on réunit lors de l'ICC cet été, vous avez envie de secouer la tête et de dire : 'Ce n'est pas la Ligue des champions ? Non, la Ligue des champions, c'est le PSV et La Gantoise'."
Pourquoi une petite équipe comme Leicester fait mieux que nous ?
L'ironie de toute cette histoire est que le spectre de la Super League européenne revient sur le devant de la scène - et par le plus grand des hasards - l'année où la Premier League est plus indécise que jamais et pourrait bien envoyer en C1 quatre équipes nommées Leicester, Tottenham, Arsenal et West Ham. A neuf journées de la fin, c'est tout sauf inimaginable. Et c'est évidemment insupportable pour les richissimes cadors, qui ont de plus en plus de mal à savourer ce qui fait l'essence, la beauté et la richesse du sport dont ils sont censés être les phares : l'incertitude. La glorieuse incertitude du sport, celle qui contrarie leur hégémonie économique, fragilise leurs investissements, et nous offre la formidable aventure de l'année : Leicester City. Manchester United - qui risque de voir les revenus XXL de la C1 lui passer sous le nez pour la 2e fois en trois ans - et les autres géants seraient tellement mieux entre eux, à se partager un gâteau sans qu'une souris ne vienne leur chiper l'une des parts.
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Les joueurs de Manchester United après leur élimination de la Ligue des champions contre Wolfsburg

Crédit: AFP

Interrogé sur le sujet, Claudio Ranieri a été, comme souvent, excellent quand il a dû défendre les Foxes (si tant est qu'il y ait à défendre quoi que ce soit). Et une certaine idée du football.
Je comprends que les grosses équipes soient désireuses d'avoir de l'argent et ne veulent pas vivre une année sans Ligue des champions, mais c'est le sport. La Ligue des champions se mérite. Parce qu'ils n'y parviennent pas une année, il faudrait créer quelque chose de différent ? Je pense que ce n'est pas juste. Si tu as peur, c'est que tu n'es pas fort. Leur idée est peut-être bonne mais ils devraient aussi se poser la question suivante : ‘pourquoi une petite équipe comme Leicester fait mieux que nous ?’
Efficace. Et incontestable. Tout comme cette saillie du nouveau président de la FIFA, Gianni Infantino, très au fait des affaires continentales par son vécu et son ancienne maison : "La Super League existe déjà. Elle s'appelle la Ligue des champions". Apparemment, les gros - anglais en tête - jugent qu'elle n'est plus si super que ça. En 1999, l’UEFA l’avait ouverte à un contingent de quatre clubs par championnat majeur. A l'époque, l'institution européenne avait donné un doigt aux géants du continent. Près de deux décennies plus tard, ils réclament le bras entier.
Le trophée de la Champions League
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