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Avant PSG - Barcelone | Au Barça, quelle trace a laissé la remontada ?

Antoine Donnarieix

Mis à jour 10/04/2024 à 11:17 GMT+2

Dans la rivalité instaurée ces dernières années entre le Paris Saint-Germain et le FC Barcelone, plusieurs souvenirs ressurgissent pour illustrer les précédents affrontements des deux équipes. Parmi eux, il y a l’inoubliable remontada subie par le Paris Saint-Germain au Camp Nou (6-1), le 8 mars 2017. Mais dans les faits, cette date est-elle toujours bien ancrée dans l’esprit du Barça ?

Lui aussi a ses traumatismes : le Barça entre peur et insouciance

.En France, le tirage au sort des quarts de finale de la Ligue des champions 2023-2024 n’a laissé aucun fan de football indifférent. Depuis Nyon, la cérémonie toujours très protocolaire a eu le mérite de répondre à la grande question de l’Hexagone : quel adversaire pour le Paris Saint-Germain ? Au moment où les boules de l’UEFA ont désigné le FC Barcelone, les premières attentions médiatiques se sont logiquement portées vers Luis Enrique. Vainqueur de la C1 aux commandes du Barça en 2014-2015 (où l’Asturien avait notamment dompté le PSG, déjà au stade des quarts de finale), le coach du PSG s’était illustré en 2016-2017 lors de la célèbre remontada contre son actuel employeur.
Interrogé sur ses retrouvailles à venir avec le Barça en conférence de presse, l’homme de 53 ans a fait preuve de pragmatisme pour répondre si, oui ou non, la remontada était le moment le plus fort de sa carrière d’entraîneur. "Non. Non, parce que ça n'a servi à rien, malheureusement. Cette remontada n'a pas servi à gagner la C1, on a été éliminé par la Juventus [3-0 à Turin, puis 0-0 à Barcelone, NDLR]. Il est vrai que ce match était spécial, mais ce n’était pas le plus important de ma carrière en tant qu'entraîneur." Passée la magie de l’instant, ce large succès contre un adversaire en totale perdition serait donc une simple péripétie supplémentaire à accrocher au curriculum vitae de Luis Enrique.
Ce n’est pas l’un des plus beaux jours du Barça
Sept ans plus tard, ce sentiment est-il aussi valable depuis Barcelone ? "La remontada a marqué l’histoire du Barça, tempère Bruno Alemany, journaliste pour la Cadena SER locale. Chaque club construit son histoire à travers des événements historiques. Le Real Madrid se sert des titres européens, et comme le Barça en a gagné moins, il passe à travers le jeu produit par Cruyff, Guardiola… Ce sont grâce à ces anciennes gloires que des joueurs souhaitent encore aujourd’hui jouer au Barça. En cela, le 6-1 est l’une des pages marquantes du club. Cela ne vaut pas une équipe légendaire sur plusieurs saisons comme celle de Guardiola, mais cela reste dans l’esprit."
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Un absent derrière, un doute devant : quelle compo pour le PSG ?

"C’est une nuit que le Barça garde en mémoire sans que cela soit fantastique pour autant, considère de son côté Sergi Solé, rédacteur en chef pour le quotidien sportif Mundo Deportivo. Ce match n’a, par exemple, clairement pas le même impact dans l’histoire du Barça que le but d’Andrés Iniesta à Stamford Bridge en 2009. Cette saison-là, ce but avait participé à la victoire finale du Barça en Ligue des champions. En cela, la remontada n’est pas l’un des plus beaux jours du Barça puisqu’elle n’a pas servi à gagner un trophée." À vrai dire, le soir du 8 mars 2017 résonnait même comme le dernier grand coup d’éclat du Barça sur le Vieux Continent avant une progressive décrépitude.
Dans ce scénario pas comme les autres, un membre de la MSN porte en particulier le flambeau de la remontada : Neymar. Suite à un magnifique coup franc puis un penalty transformé avec sang-froid, la star brésilienne inscrit deux buts entre la 88e (4-1) et la 91e minute (5-1) pour croire en l’impossible, puis adresse une passe décisive millimétrée à destination de Sergi Roberto au bout du temps additionnel (6-1). Le Camp Nou entre dans une euphorie rarement atteinte. En Europe, c’est même du jamais-vu. Aucun club n’était parvenu à remonter quatre buts en match retour dans l’histoire de la Ligue des champions ? Le Barça l’a fait. Le temps d’une soirée, Barcelone est propulsé dans les étoiles tandis que Paris devient ‘Inqualifiable’ comme le souligne la Une du quotidien L’Equipe dans son édition du lendemain.

La photo de la discorde

Si en quatre jours, les réseaux sociaux du club azulgrana explosent avec 750000 followers supplémentaires, certains effets secondaires de la remontada s’annoncent bien moins radieux pour l’avenir du Barça. "La photo la plus emblématique de ce match reste celle de Leo Messi debout sur la rambarde avec les supporters à ses pieds, rembobine Solé. En constatant cela, Neymar a compris qu’il ne serait jamais le roi à Barcelone, qu’il ne gagnerait jamais le Ballon d’or en restant là-bas. Les socios souhaitaient qu’il devienne l’héritier de Messi, mais Neymar a décidé de s’en aller." Le cliché de Santiago Garcés, photographe du Barça, atteint 80 millions d’impressions sur les différentes plateformes et se retrouve exposé à l’entrée du Camp Nou avec un message sans équivoque en anglais : ‘Welcome to the Camp Nou, history happens here.’ Le Barça ne croit pas si bien dire…
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Les supporters barcelonais aux pieds de Lionel Messi lors du huitième de finale retour de Ligue des champions, le 8 mars 2017 face au PSG

Crédit: Getty Images

Pour être accomplie, une remontada implique inévitablement un match aller perdu dans les grandes largeurs. Dès lors, au soir de la Saint-Valentin 2017, les premiers symptômes d’une équipe malade ont commencé à apparaître pour le Barça lors de la gifle reçue au Parc des Princes (4-0). La qualification in extremis acquise avec orgueil depuis la Catalogne n’est pas parvenue à masquer une scission collective qui s’empire sur le terrain comme en coulisses. "Deux éléments ont entraîné l’arrivée de Neymar à Paris, affirme Solé. D’une part, Nasser Al-Khelaïfi s’est rendu compte que Neymar était capable de réaliser des choses exceptionnelles en s’illustrant davantage que Messi lors de la remontada. D’autre part, Paris proposait à Neymar ce que le Barça ne pouvait pas lui offrir : être la superstar du club avec un salaire astronomique."
L’été suivant, le Paris Saint-Germain esquive les négociations avec le Barça pour le transfert de Neymar et s’offre, via un montage financier en lien avec le Qatar, le prodige brésilien en qualité de joueur libre. En contrepartie, un chèque de 222 millions d’euros, envoyé par les avocats du footballeur, équivaut au montant de sa clause libératoire fixée au préalable par le FC Barcelone. Au-delà de l’effervescence médiatique, cette remontada barcelonaise et la vente de Ney qui en découle a entraîné un deal perdant-perdant pour les deux clubs sur le long terme. Paris pensait conquérir la C1 avec le numéro 10 brésilien dans ses rangs, cela s’est terminé en eau de boudin, malgré une finale en 2020 et une demie l'année suivante. Le club catalan, lui, a troqué son costume de bourreau contre celui de victime en matière de remontadas.
Nous n’avons pas peur mais nous respectons Luis Enrique
Néanmoins, les traces de la remontada semblent avoir fait leur temps. À Barcelone comme à Paris, tout le monde souhaite laisser ce souvenir dans les livres d’histoire. De cette nuit du 8 mars 2017, seuls quatre protagonistes seront encore présents en 2024 : Marc-André Ter Stegen et Sergi Roberto du côté du Barça, Marquinhos et Luis Enrique pour Paris. Face à son ancien entraîneur, le collectif blaugrana devra faire fi des souvenirs, bons comme mauvais, d’une époque révolue. "En vérité, peu de monde ici pense que le Barça peut aller au-delà des quarts de finale, tempère Alemany. Le minimum syndical est atteint avec cette qualification contre Naples, le reste apparaît comme du bonus. En revanche, une lourde défaite subie contre Paris changerait le sentiment collectif sur cette saison et ferait rougir le Barça."
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Lewandowski ou pas, Ter Stegen ou Donnarumma : on a mélangé les onze

"À Barcelone, nous n’avons pas peur mais nous respectons Luis Enrique, conclut Solé. Quand il dirige une équipe, il en est le commandant et ses joueurs sont ses soldats, prêts à agir comme un seul homme. Mbappé est peut-être le seul qui peut se permettre de la légèreté sur le plan défensif, mais le reste de l’effectif s’engage avec lui jusqu’à la mort, ce sont des avions sur le terrain. Luis Enrique est l’un des entraîneurs les plus compétents dans le panorama actuel. Si le Barça devait choisir un entraîneur pour remplacer Xavi la saison prochaine, ce serait le deuxième choix après Guardiola." Et si, en fin de compte, la remontada était davantage à mettre au crédit de l’actuel coach du PSG ?
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