Ligue des champions - Irréel Madrid, improbable héros, incompréhensible décision : les tops et flops de Real - Bayern

18 finales, 14 gagnées, avant la 15e ? Les chiffres sont absolument dingues, quand on sait que le Bayern et l'AC Milan sont les suivants au classement avec... sept finales disputées de moins (11). Le Real Madrid est le plus grand club du monde, c'est indiscutable. Il est, aussi, le plus grand pourvoyeur d'émotions des dernières années.

Les mots manquent pour décrire la force impalpable, presque surnaturelle, qui accompagne les Merengue en Ligue des champions, en particulier au Bernabeu. Paris, Chelsea, Manchester City en avaient été de spectaculaires victimes. Le Bayern en est une de plus. Ce Real est insatiable. Avec Casemiro, Kroos, Modric au milieu ou sans les deux premiers, avec une charnière Militao-Alaba ou Rudiger-Nacho. Avec Karim Benzema... ou Joselu.

27 minutes. C'est le temps de jeu auquel a eu droit Joselu depuis le début des huitièmes de finale de la Ligue des champions. Il ne lui en a fallu que trois, à son entrée en fin de match mercredi, pour relancer son équipe puis anéantir les espoirs bavarois d'un doublé de renard des surfaces. Une formidable histoire pour une recrue moquée l'été dernier, quand son CV semblait bien maigre pour compenser le départ de Karim Benzema. L'attaquant de 34 ans n'était pas le remplaçant du Français, il était le remplaçant tout court cette saison. Mais il a ajouté son nom à la liste des héros du Real Madrid.

Vinicius n'a pas marqué mercredi, mais c'est tout comme. L'ailier brésilien a fait vivre un cauchemar à Joshua Kimmich dans son couloir, en multipliant les dribbles (7 réussis au total), en ne cessant jamais de provoquer, percuter. Longtemps, il a trouvé la forteresse Manuel Neuer sur sa route - ou le poteau. Mais il a fini par faire craquer le portier allemand sur le but de l'égalisation inscrit par Joselu. Unique buteur lors de la dernière victoire madrilène en C1, le joueur de 23 ans est l'incarnation de ces insatiables Merengue.

Eloigné des terrains sur blessure durant neuf mois, impuissant comme le reste de ses coéquipiers face au spectaculaire déclassement de son équipe en Bundesliga cette saison, Manuel Neuer a prouvé qu'il avait, à 38 ans, les ressources pour retrouver son top niveau. Sa première parade devant Rodrygo a donné le ton (13e), la suite fut un festival avec un beau réflexe sur un centre vicieux de Vinicius (40e) et une main droite d'une hallucinante fermeté devant les deux mêmes Brésiliens (59e, 60e).

Puis, la lumière s'est éteinte quand le portier allemand a relâché une frappe de Vinicius qu'il avait tout pour maîtriser, et que Joselu a surgi pour égaliser (88e). Une action madrilène débutée lorsque Neuer, déjà lui, s'était précipité sur une relance risquée à la main alors que son équipe avait justement tout en main...

On joue la... 14e minute de temps additionnel quand le Bayern, abasourdi par le doublé de Joselu en trois minutes, se rue à l'attaque pour une dernière offensive. Sur un long ballon envoyé par Joshua Kimmich dans la surface madrilène à destination de Matthijs De Ligt et Noussair Mazraoui, ce dernier joue un duel aérien avec Ferland Mendy, qui remet le ballon dans l'axe de la tête.

De Ligt reprend d'une demi-volée qui termine au fond, mais l'arbitre a déjà réagi au drapeau levé trop tôt par son assistant en sifflant la fin de l'action. Problème, le Néerlandais ne faisait pas action de jeu sur le duel aérien, et le Marocain semblait bien en position licite. L'exemple-type d'une action qui aurait dû aller à son terme pour être analysée à la vidéo. Mais pourquoi diable l'arbitre de touche s'est-il précipité à lever son drapeau ? Impardonnable et incompréhensible dans le football actuel.

Le Bayern aurait toutefois tort de se réfugier derrière l'arbitrage. La formation de Thomas Tuchel a eu deux balles de break, d'abord sur une frappe du gauche dans le petit filet extérieur de Harry Kane (76e), puis sur une grosse opportunité de contre gâchée (86e). Entre temps, Thomas Tuchel avait fait le choix très surprenant de sortir son attaquant anglais, dont l'expérience et la qualité, tout simplement, n'auraient pas été de trop pour tenter de relever la tête en fin de rencontre. Avant, donc, que Manuel Neuer ne précipite la chute des siens.