Ligue des champions I PSG - Inter Milan (5-0) I Avenir de Simone Inzaghi, fin de cycle, groupe à rajeunir... Pour l'Inter, une claque et le bazar
Pendant que le PSG savoure toujours sa première Ligue des champions, l'Inter Milan, de son côté, peine à se remettre de la claque subie à Munich samedi (5-0). Si l'intersaison s'annonce agitée dans la capitale lombarde, la question autour de l'avenir de Simone Inzaghi s'est résolue mardi avec l'annonce de son départ. Le technicien est resté marqué par l'ampleur du revers bavarois.
"Grande déception, grande amertume, mais grande fierté" : Inzaghi beau joueur
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Tout le monde sait comment va le vainqueur. Mais le vaincu dans tout ça, alors ? Si le Paris Saint-Germain a dignement fêté son premier sacre en Ligue des champions dimanche après-midi, entre une parade impressionnante sur les Champs-Élysées, entourée de 110.000 personnes, et une fête sensationnelle le soir au Parc des Princes animée par DJ Snake, l'Inter Milan est toujours en gueule de bois. Après tout, comment pourrait-il en être autrement ? On aimerait vous y voir, vous, après avoir encaissé cinq buts en finale de la plus grande compétition européenne des clubs. Qui plus est en mondovision. Gonflés à bloc en arrivant à Munich, les Nerazzurri en sont repartis complètement aplatis. Écrasés, écrabouillés, piétinés par cette déferlante parisienne que personne n'attendait côté lombard. Et pourtant...
Persuadée de pouvoir profiter de l'expérience d'Istanbul il y a deux ans, lorsqu'elle s'était déjà inclinée en finale face à Manchester City (1-0) avec des regrets et les honneurs, la bande à Simone Inzaghi est tombée de cinq étages à Munich. À la différence que, cette fois, elle ne ressort pas plus forte de cette finale. "On a gagné en confiance et en estime après celle de 2023", reconnaissait le défenseur Alessandro Bastoni avant le match face au PSG. Là, c'est tout l'inverse et multiplié par mille. Cette claque, ce coup de poing digne d'une bonne droite de Mike Tyson, a mis K.-O. une équipe et un club tout entier. Même si le président Giuseppe Marotta a tenté de tempérer dans la foulée du coup de sifflet final.
"C'est une soirée négative, l'adversaire nous a surclassés dans tous les secteurs. Cela ne doit pas effacer notre parcours et tous les mérites que nous avons d'être arrivés jusqu'ici", rappelait-il le visage fermé. Simone Inzaghi, son entraîneur, ne cachait pas son impuissance après cette folle soirée de fin mai qui a viré du rêve au cauchemar. "Le PSG est une meilleure équipe que nous sur le papier, il fallait qu'on joue beaucoup mieux et on n'y est pas parvenus, regrettait-il. On a mal abordé cette finale en concédant ce premier but et on n'a pas réussi à revenir dans le match, il y avait trop de distances entre les lignes, on a concédé des buts qu'on n'a jamais encaissés cette saison. Ils ont été plus forts que nous dans tous les domaines, ils ont mérité cette victoire, ils la voulaient plus que nous, ils étaient plus déterminés, ils ont été meilleurs sur le plan tactique. Cela gâche notre beau parcours, car on ne se souvient que du dernier match, des victoires et des trophées, mais il n'y avait pas cinq buts de différence entre les deux équipes." Le seul petit problème, c'est que le tableau d'affichage de l'Allianz Arena affichait bien 5-0 samedi soir. Et forcément, ça laisse des traces.
Frattesi demande des comptes, un seul supporter à attendre l'inter
Héros de la demi-finale retour face au Barça (4-3), auteur du quatrième but des siens en prolongations, Davide Frattesi a par exemple demandé des comptes à son entraîneur. "Pourquoi ne suis-je pas rentré ?", aurait-il lancé à son entraîneur dans le vestiaire milanais, comme rapporté par La Gazzetta dello Sport. "J'aurais aimé être là sur le terrain pour combattre avec mes frères, et le fait de ne pas avoir pu le faire me fait mal", reconnaissait-il dimanche sur les réseaux sociaux. Après la rencontre, lui et ses coéquipiers, abattus et sonnés dans les travées de l'Allianz Arena, ont écouté, hagards, les discours de fierté de leurs dirigeants et entraîneur.
"C'est une soirée difficile, mais cela n'enlève en rien ce que nous avons fait jusqu'ici. Vous pouvez être fiers, merci de nous avoir fait rêver pendant toute cette saison", ont-ils pu entendre. Car l'Inter, qui a longtemps rêvé de faire le triplé, a finalement tout perdu. En 42 jours chrono. D'une défaite à Bologne en championnat à cette terrible finale de Munich. De quoi rappeler le Bayer Leverkusen en 2002.
Dans le vol retour, l'humeur était "noire" et "l'incrédulité" régnait selon nos confrères de La Gazzetta dello Sport. "L'équipe est rentrée sur le terrain persuadée de pouvoir gagner, comme il est normal après avoir éliminé le Bayern et le Barça. Mais après seulement quelques minutes, les expressions des visages étaient terrifiées", poursuivait lundi le quotidien aux pages roses.
La veille, il s'était montré sans concession : "Jamais une équipe n’avait encaissé cinq buts en finale européenne. Et il y aurait pu en avoir le double (…) Munich devient la terre de la honte (…) C’est un massacre sportif. Une Waterloo, une Corée, une Mineirazo (…) Personne ne se sauve (…) Heureusement que l’Inter jouait en jaune. Le bleu et le noir n’ont pas été entachés, mais la glorieuse histoire européenne du club, si (…) Une humiliation pareille efface les mérites pour être arrivé jusqu’en finale et mérite des démissions."
Pour accueillir les perdants du soir, un seul tifoso milanais a eu le courage de se présenter à l'aéroport de Malpensa dimanche matin. "Je suis le seul crétin", se définissait-il sévèrement. À 850 kilomètres de là, les nouveaux champions d'Europe étaient accueillis en héros par des supporters parisiens en liesse.
Et maintenant ?
Une fois de retour sur leurs terres, Marcus Thuram et ses coéquipiers n'ont pas trouvé la force de parler. Ni aux médias, ni à ce pauvre supporter bien seul, et presque pas entre eux. De retour à Appiano Gentile, lieu du centre d'entraînement milanais, ils se sont tous séparés. Les internationaux ont pris la route pour leurs sélections. Les autres, contraints de préparer un Mondial des clubs qui approche à grands pas, ont pris la direction de leur domicile.
Fortement marqué par l'ampleur de la défaite, Simone Inzaghi, lui, a décidé de partir. Usé et fatigué par ses quatre ans en Lombardie, le technicien a fini par accepter la proposition richissime d'Al-Hilal, où il touchera 25 millions d'euros... par an. Si tout le board milanais espérait le convaincre de rester, le cadet des Inzaghi réclamait des garanties pour relancer un groupe à bout de souffle (29 ans de moyenne d'âge) et en fin de cycle. Ses joueurs sont arrivés complètement cuits dans le dernier kilomètre de la saison. Et ils ont tout perdu. Le temps des choix forts est venu, avec l'annonce d'un nouvel entraîneur à venir. Avoir des ambitions, c'est bien. Mais avoir les moyens pour les réaliser, c'est mieux. Sinon, autant abaisser la barre fixée tout là-haut. Car l'écart avec le PSG, physique comme technique, a été humiliant pour tout le monde.
Surtout que le fonds américain Oaktree, qui a récupéré le club l'an passé après la mise en retrait forcée du groupe chinois Suning, surveille les comptes et souhaite entamer un nouveau projet. Celui de miser sur des jeunes à fort potentiel, et bien évidemment continuer à les valoriser. Côté mercato, le transfert Luis Henrique a été rapidement bouclé en vue du début du Mondial des clubs. Montant total de l'opération avec l'OM : 25 millions d'euros bonus compris.
L'Inter tourne la page Inzaghi
"Cette finale perdue n’influe pas sur son avenir, prévenait dès samedi Beppe Marotta, qui souhaitait fortement continuer avec un coach qu'il estime beaucoup. Il est encore sous contrat pour une année, mais nous avons convenu de le rencontrer pendant la semaine (...) S'il a la volonté et l'intention de continuer avec nous, nous en serons absolument heureux. L'avenir, c'est la poursuite d'un cycle gagnant pour cette équipe et je n’ai pas l’habitude d’avoir mon entraineur avec son contrat qui arrive à expiration : Nous aimerions continuer avec lui en prolongeant son contrat : le cycle a très bien fonctionné avec des résultats exceptionnels, il n'y aura pas de révolution."
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Pour Paris, est-ce le début d'une dynastie ?
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"Peut-être que vous me connaissez moins bien, mais mon club, heureusement, me connaît bien, répondait Simone Inzaghi avant la finale au sujet de son avenir, lui qui est sous contrat jusqu'en 2026. Chaque année, c'est la même chose, il y a des demandes de clubs italiens, étrangers, saoudiens. Le lendemain de la finale (de la Ligue des champions) ou le surlendemain, on s'assoira avec les dirigeants, on discutera comme on le fait chaque année avec pour seul objectif, penser à ce qui est mieux pour l'Inter. S'il y a tous les éléments et les conditions préalables, nous avancerons comme nous l'avons toujours fait en harmonie ces dernières années. Je suis sous contrat avec l'Inter, je suis très bien ici". Après la finale de samedi, le discours n'était déjà plus vraiment le même : "Je ne sais pas si je serai là pour le Mondial des Clubs (...) On doit laisser passer l’amertume et la déception, puis nous parlerons avec mes dirigeants." Avant, donc, la grande décision.
Depuis son arrivée à Milan, l'ancien attaquant a remporté un titre de champion d'Italie (2024), deux éditions de la Coupe d'Italie (2022, 2023), trois éditions de la Supercoupe d'Italie (2021, 2002, 2023). Pour le remplacer, l'Inter a toutefois déjà noté plusieurs noms pour récupérer le flambeau : de Cesc Fabregas (Côme) à Christian Chivu (Parme) en passant par Roberto De Zerbi (OM), les pistes sont multiples. "Mais la priorité, c'est tout simplement de continuer avec Simone Inzaghi et acter la prolongation de son contrat", espérait-on encore lundi au sein du club. Raté. Une nouvelle qui va accentuer la gueule de bois des Intéristes ? Pas certain. Selon un sondage effectué par Daniele Mari, directeur du site spécialisé FCInter1908.it, sur X (ex-Twitter), auquel ont participé pas moins de 10.000 personnes, 51% d'entre elles ont voté... pour le "non". Au PSG la victoire du "combat", à l'Inter la récupération des "galères". En espérant qu'elle ne dure pas "tant d'années".
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