Ligue des champions I PSG - Inter Milan I "Il n'y a aucun doute" : Pourquoi l'Italie va supporter Paris

Ils seront (presque) tous derrière le Paris Saint-Germain, samedi, en finale de la Ligue des champions. Si les tifosi de l'Inter Milan rêvent de remporter une quatrième Ligue des champions à Munich, la plupart des autres supporters des clubs italiens soutiendront le club de la capitale, et notamment ceux de l'AC Milan, le grand rival, et la Juventus Turin, l'ennemi historique.

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Video credit: Eurosport

"C'est une blague ? Vous êtes vraiment sérieux à me poser la question ?" Au début de notre démarche, nous n'avions pas vraiment prévu de nous "embrouiller" avec ce supporter quadragénaire de l'AC Milan, abonné à San Siro depuis maintenant "deux décennies" qui vient de traverser l'une "de ses pires saisons" avec son club, huitième et qui ne disputera aucune compétition européenne lors de la prochaine. Mais c'est une autre histoire. Notre question était aussi simple qu'un "buongiorno" : "Qui supporterez-vous, samedi prochain, entre le PSG et l'Inter Milan ?" On ne va pas se mentir, on connaissait déjà la réponse. Mais nous voulions en être sûrs, quand même, et cette réponse oscillant entre surprise et agacement a conforté notre avis initial. Là-bas, dans la partie rouge et noire de Milan, tout le monde soutiendra le club de la capitale française samedi. Aucun doute possible.
C'est d'ailleurs comme ça depuis la nuit de temps. Lorsque le septuple vainqueur de la compétition s'en allait aussi en finale, c'est toute la partie nerazzurra de la capitale lombarde qui supportait l'équipe adverse. Et tout le monde se souvient du chambrage XXL reçu par la bande à Paolo Maldini après la finale invraisemblable perdue face à Liverpool en 2005 (de 3-0 à 3-3 en six minutes). "Vous êtes comme des pâtes. On vous cuit en six minutes", ironisaient les tifosi de la Beneamata.
Il y a deux ans, lorsque l'Inter était repartie elle aussi bredouille de sa finale à Istanbul face à Manchester City, l'explosion de joie avait été énorme du côté du grand rival. Au point que les ultras de la Curva Sud décidaient même de créer un chant spécial pour chambrer les "cugini" ("cousins", comme sont surnommés les supporters milanais et interistes). Les paroles récitaient : "Et pour les gens qui disaient 'allons à Istanbul'. Internazionale, ce n'est pas toi qui a levé la coupe. Le stupide de la (curva) Nord ne chante plus".
Du sfottò (chambrage) pur et dur, dans la digne tradition du Calcio et tout son folklore. Sur certains plateaux télé, par exemple celui de la chaîne Telelombardia, les soirs de finale de C1 - avec un club italien - ont toujours été dignes des plus grands shows. Avec, d'un côté, des suiveurs de l'équipe italienne concernée. Et de l'autre, ceux des autres mastodontes transalpins, prêts à exulter au moindre but de l'équipe adverse. Pas de pitié on vous dit. En 2017, alors que la Juve venait de s’effondrer face au Real Madrid (1-4), les tifosi de l'Inter et du Milan, amis d'une soirée, ne se gênaient pas pour piétiner le cadavre de la Vieille Dame.

Donnarumma, le grand pardon ?

"La rivalité est aussi grande qu'historique entre l'Inter et l'AC Milan, il est impossible qu'un supporter de l'un des deux clubs supporte l'autre. Encore moins dans une finale de Ligue des champions, confirme Luca Manninenti, journaliste au sein du site spécialisé SempreMilan.com. Même chose pour un supporter de la Juve. Ils veulent et ils supporteront le PSG samedi. Comme, je présume, que les supporters de l'OM supporteront l'Inter. C'est une question de rivalité historique, sportive et de société. Elle traverse les âges et les générations, c'est ce qui fait aussi la beauté de ce sport. Un journaliste peut dire qu'il espère voir un beau match, une belle finale. Pas un supporter, qui n'est pas objectif... mais subjectif. Il préfère voir son équipe gagner. Il préfère voir son rival tomber plutôt que de lever la coupe. Les supporters du Milan et de la Juve supporteront toujours l'équipe qui joue contre l'Inter. Comme ceux de l'Inter supporteront toujours celle qui joue contre Milan et la Juve." Voilà qui tombe bien, allons prendre le pouls du côté du Piémont.
"Il n'y a aucun doute, les tifosi de la Juventus seront bel et bien du côté du PSG ce samedi, rapporte Elvin de Fazio, journaliste Serie A pour l'Equipe et 90min. Il est hors de question qu'un supporter de la Vieille Dame souhaite un succès de l'Inter et vice-versa, ça aurait été la même chose dans l'autre cas. Oui, en France, ce cas de figure peut surprendre, mais en Italie, c'est comme ça. Il y a une rivalité historique entre les deux clubs, ce sont les deux ennemis jurés, le match le plus attendu de la saison en Serie A, le duel des duels. Historiquement, la rivalité entre les Bianconeri et les Nerazzurri a commencé dans les années 60, jusqu'à avoir été officiellement appelé "Derby d'Italie" par le journaliste Gianni Brera pour incarner au mieux l'histoire sous tension entre ces deux clubs. Une rivalité qui n'a fait que s'accentuer depuis l'épisode Calciopoli en 2006."
Si l'on repart du côté de la Lombardie, on s'aperçoit que les supporters de l'AC Milan sont prêts à tout pour que le rival tombe samedi. Même à pardonner celui qui est régulièrement conspué à son retour à San Siro, et qui a reçu des milliers de billets factices au moment de venir jouer un match de Ligue des champions : Gianluigi Donnarumma. Juste après la qualification du PSG en finale, un supporter milanais publiait même un formulaire solennel à signer en cas de victoire parisienne. En prêtant serment :
  • Je te pardonnerai d'avoir quitté Milan de cette façon
  • Je ne soulignerai plus tes erreurs futures
  • Je ne soulignerai plus tes lacunes dans ton jeu au pied et tes sorties
  • Je ne voudrai aucun autre gardien en sélection que toi
Ami de "Gigio" Donnarumma, Marco Amelia s'est lui aussi déclaré à la douane : son cœur sera parisien samedi. "J'espère qu'il gagnera, a déclaré l'ancien portier de l'AC Milan et de la Nazionale durant un évènement le 19 mai dernier. Il faudrait être derrière l'équipe italienne, mais j'ai joué cinq ans à l'AC Milan et supporter l'Inter, c'est difficile. Et cela n'arrivera pas. Je soutiendrai Donnarumma." De l'autre côté des Alpes, pas de polémique à la Basile Boli.

Et le reste de l'Italie, alors ?

S'il n'y a donc aucun doute sur le soutien à l'armada parisienne des supporters de Milan et de la Juve, quid des autres ? "Presque tous les autres supporters seront derrière le PSG, surtout les 'milanisti' et 'juventini'. Un pourcentage ? Je dirai que 80-90% des tifosi hors Inter préfèrent quand même voir Paris gagner", nous répond-on du côté de Radio Sportiva, première radio de sport dans la Botte. Même si la rivalité avec l'Inter, évidemment, se fait moins ressentir dans les autres villes et les autres clubs hors Milan et Juve.
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"Moi, je supporterai le PSG pour Luis Enrique, nous affirme par exemple Cristian, tifoso quinquagénaire de la Roma et qui garde un bon souvenir du technicien espagnol, passé dans la capitale italienne lors de saison 2011-2012. Tout le monde l'a apprécié. Et puis, on n'oublie pas que l'Inter et la Lazio sont deux clubs jumelés. Lorsqu'ils avaient perdu contre eux en 2010, les supporters de la Lazio avaient déployé une banderole ironique 'Oh noooon' car l'Inter se battait pour le titre avec la Roma. Ici, on supportera aussi Paris samedi." "S'ils doivent vraiment choisir, les tifosi de la Roma supporteront le PSG pour Luis Enrique, confirme Augusto Ciardi, journaliste sur la radio romaine Teleradiostereo. Malgré les turbulences et une saison pas vraiment excellente, il a laissé un excellent souvenir ici. Supporter les autres clubs italiens en Europe ? C'est quelque chose qui n'existe nulle part."
Naples ne supportera pas Paris, mais sera simplement contre l'Inter
"À Naples, la grande majorité ne sera pas pour le PSG. Disons qu'ils seront simplement contre l'Inter, emboîte de son côté Mirko, habitant de la ville parthénopéenne et à peine remis des festivités pour le titre. Il existe une certaine amitié entre une quarantaine de personnes du groupe ultra napolitain "Ultas 72" et le CUP, mais ça ne concerne qu'une centaine d'individus. Je ne pense pas qu'on assistera aux mêmes scènes de 2015 et 2017, lorsque des feux d'artifice avaient été lancés après les deux défaites de la Juve. Si l'on rajoute Milan, Inter, Roma... Ce sont des clubs antipathiques et détestés ici (...) L'Inter l'est aussi depuis des décennies et pour des raisons aussi politiques. La Juve est la plus haïe, mais l'Inter n'est pas loin (...) Le départ de Kvaratskhelia à Paris n'a pas été très apprécié ici, et il a été ressenti comme une véritable trahison. Il suffit de voir les insultes à son égard pendant les festivités du titre... Pour tout cela, Naples ne supportera pas Paris hormis quelques personnes, mais tout le monde sera tout simplement contre l'Inter (...) En Italie, tous les supporters des clubs 'importants' sont contre les autres. Inter, Juve, Milan, Roma, Lazio, Napoli.... En France, il y a certains abonnés à des grands clubs qui n'ont aucun mal à en supporter d'autres au moment des compétitions européennes. C'est inimaginable ici. Le débat n'existe même pas."
Toutefois, nombreux sont les clubs de supporters de l'Inter à travers toute l'Italie. Au total, selon un récent sondage signé StageUp et Ipsos, l'équipe milanaise est la deuxième plus supportée dans la Botte avec 4,1 millions de tifosi, loin derrière la Juventus (8 millions) mais devant l'AC Milan (3,8 millions). Samedi soir, ils seront un peu seuls contre tous.

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