Lille-Dortmund - "Pour nous ce n'est pas une surprise" : Qui est Ayyoub Bouaddi, le crack du LOSC âgé de 17 ans ?

Imaginez. Vous avez 17 ans, vous êtes titulaire au milieu dans une équipe qui joue sa place en quarts de finale, sélectionné en équipe de France espoirs (2 sélections) et, en plus de tout cela, vous suivez des études "pour bonifier le temps libre pour apprendre". Vous n'y croyez pas ? C'est pourtant les quelques lignes du CV déjà bien rempli d'Ayyoub Bouaddi, le milieu de terrain qui crève l'écran depuis le début de la saison à Lille.

"Il n'y a que nous que ça n'étonne pas, commence Sofiane Khair, coordinateur des jeunes de l'AFC Creil, club où Ayyoub a fait ses classes de ses 6 à ses 15 ans. C'est un garçon qui nous a toujours habitué à être très fort sur tous les aspects, que ce soit au niveau du foot ou en dehors du football. On savait que s'il continuait sur cette ligne-là, c'était un gamin qui était prédestiné à sortir tôt, à faire du très haut niveau."

Dès ses 16 ans, le natif de Senlis intègre le LOSC et l'équipe des U19 Nationaux, niveau qu'il fréquentera pendant une saison, pas une de plus. Le staff, à l'époque dirigé par Paulo Fonseca, décide de l'inclure très rapidement au groupe. Il est titulaire dès sa première apparition, à tout juste 16 ans en Ligue Europa Conférence, dans la confidentialité et le climat polaire de Klaksvik en Islande. Le match ne reste pas dans les annales (0-0), mais lance la carrière en professionnel du prodige oisien.

Sa progression est fulgurante. Si la saison passée, il ne dispute que neuf rencontres en championnat, l'arrivée de Bruno Genesio conjuguée à son apprentissage le fait devenir un élément central de l'effectif nordiste. C'est simple, cette saison, il n'a manqué aucun match en Ligue 1, que ce soit sur le banc (10 entrées en jeu) ou sur le terrain (10 titularisations en 25 matches). En Ligue des Champions, il ne sort pas de l'équipe, sauf sur blessure, devenant le talisman de l'ancien coach de Lyon.

Cette précocité, il la cultive depuis ses premiers pas sur les terrains de Creil. "Dès le plus jeune âge, ça crevait les yeux qu'il avait un truc en plus. C'était indéniable. C'est un garçon qui avait déjà beaucoup, beaucoup de maturité par rapport aux autres garçons de son âge", loue Sofiane Khair, qui l'a entraîné en U11. Très vite surclassé, le jeune surdoué ne se repose pas pour autant sur ses lauriers. "Ce n'est pas un tricheur, c'est un bosseur. Il ne dit jamais un mot plus haut que l'autre. Il a toujours été très humble, il bossait quelle que soit la catégorie où on le mettait", ajoute-t-il.

En termes de précocité, il marche dans les pas de Rayan Cherki ou de Warren Zaïre-Emery. Le jour de ses 17 ans, il devient le deuxième plus jeune joueur français à être titularisé en Coupe d'Europe. Et ce, contre le Real Madrid, excusez du peu. L'éclosion d'un talent. Le milieu lillois réalise un match de patron face à la Casa Blanca, à l'occasion de la victoire des Dogues. L'Europe du foot fait connaissance avec un phénomène impressionnant par son calme et sa maîtrise face à des stars telles que Jude Bellingham, Kylian Mbappé ou encore Luka Modric. Les chiffres du natif de Senlis sont ahurissants, 49 ballons touchés, seulement une passe ratée sur les 44 qu'il a tentées. S'il y a un joueur qui a illuminé la rencontre de son talent, c'est bien lui, si complémentaire dans son duo avec Benjamin André, de 17 ans son aîné. 

Ce qui frappe tout le monde, c'est sa maturité et sa prestance sur le terrain. "C'est un garçon de 17 ans qui joue comme quelqu'un de 30 ans. Donc on dirait qu'il a 15 ans d'expérience derrière lui. Tu as l'impression qu'il a toujours joué à ce niveau-là et que c'est une habitude", image son formateur. Ce n'est pas Bafodé Diakité, défenseur lillois qui le contredira. "Il apporte quasiment la même sérénité que Benjamin André, sauf qu’il n’a pas le même âge. On sait qu'on peut lui donner le ballon et se dire qu'il va s'en sortir." 

Ayyoub Bouaddi et son père sont restés très proches du club de ses débuts, où il est très apprécié. "C'est un joueur sobre techniquement, qui ne va pas en faire trop. Il peut aller au charbon, mais quand il a le ballon dans les pieds, il le bonifie sur tout ce qu'il fait, soit par la passe ou par le dribble, des fois", analyse Sofiane Khair, conquis par son ancien joueur.

Son capitaine, Benjamin André, ne tarissait d'ailleurs pas d'éloges à son sujet, avant d'aller affronter le PSG. "Ayyoub est très précoce et très mature dans son jeu. Il apprend très vite et comprend les choses beaucoup plus rapidement que la moyenne." Une compréhension sûrement aussi liée à sa "tête très bien faite", selon Bruno Genesio, l'entraîneur des Dogues. Le jeune milieu suit une licence de mathématiques à distance, dans la lignée de l'éducation qui lui a été donnée.

"Il a la chance d'avoir un entourage excellent avec des parents qui étaient très investis autour de lui qui l'accompagnent encore aujourd'hui." Les maths, ce n'est pas anodin par rapport au football, selon le jeune homme de 17 ans. "Les maths peuvent m'aider à comprendre plus rapidement le jeu, notamment tactiquement", expose le jeune étudiant.

Forcément, le plus dur sera de confirmer. Mais le fait est que tout glisse sur le jeune milieu, qui n'est même pas présent sur les réseaux sociaux. Son entraîneur ne s'inquiétait pas trop pour son protégé après sa performance contre le Real. "Il faut savoir confirmer, mais je pense qu’il n’y a pas trop de souci à se faire de ce côté-là avec lui", rassurait Genesio. A l'évocation de son avenir, personne ne sait trop lui donner de limites. "Intégrer un des plus grands clubs européens, je pense que c'est réalisable", anticipe le dirigeant de Creil, qui voit à son ancien protégé un axe de progression : prendre plus de risques pour amener du danger devant le but. Mais s'il fait tout bien et qu'il ne reste que ça, c'est limite rassurant. Après tout, il n'est même pas majeur et l'avenir lui appartient.