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Bleus - Dider Deschamps, la leçon de Lisbonne

Martin Mosnier

Mis à jour 16/11/2020 à 13:14 GMT+1

LIGUE DES NATIONS – Face au Portugal (0-1), Didier Deschamps a donné une leçon de management. Comme depuis le début de son mandat, il a renouvelé la confiance en ses cadres malmenés - qui la lui ont bien rendue - et a rattrapé par le col les brebis égarées d'hier. Une façon paradoxale de sécuriser son noyau tout en l'ouvrant.

Didier Deschamps à Lisbonne

Crédit: Getty Images

Quatre-vingt dix minutes comme un parfait condensé de la méthode Didier Deschamps. Depuis 2012 et sa prise en main de la sélection, le sélectionneur opère ses choix, trace des directions et construit ses groupes en suivant les mêmes principes. Les résultats l'ont conforté dans ses orientations et le match contre le Portugal nous a rappelé les fondamentaux du sélectionneur.
Le premier d'entre eux, qui lui est si souvent reproché : la confiance, sinon aveugle et au moins sans faille, en ses cadres. Sous sa direction, l'équipe de France est davantage un club qu'une sélection. On y retrouve très souvent les mêmes et les éléments extérieurs (formes en clubs, critiques des observateurs, matches ratés en Bleu) ont très peu de prise sur les choix du sélectionneur face aux accomplissements de ses cadres, sous le maillot de la sélection.
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Kimpembe-Rabiot et les messages sans équivoque de Deschamps

Comment peut-on les remettre en cause ?
Avant le périlleux déplacement à Lisbonne, trois hommes, à la peine dans leur club, étaient dans le viseur : Raphaël Varane, Paul Pogba et Antoine Griezmann. Sans surprise, Deschamps leur a maintenu sa confiance. Surtout à Pogba, en perdition face à la Finlande trois jours plus tôt. C'est une façon pour le sélectionneur de leur transmettre un message limpide : en sélection, ils sont en famille. Ils peuvent jouer libérés dans une équipe dont ils maîtrisent l'environnement, contrairement à leur club.
Koeman et Solskjaer ont déjà sévèrement remis en cause les statuts de Griezmann et Pogba à Barcelone et Manchester, mais Deschamps est hermétique à ce genre de poussée de fièvre. Parce qu'il connaît leur valeur et sait les mettre dans les conditions idéales. Ce qui signifie, pour Pogba, l'associer à un N'Golo Kanté qui le libère d'une partie des basses besognes et, pour Griezmann, le placer au cœur du jeu en soutien de l'attaquant. Et le trio a parfaitement répondu aux attentes en rappelant à tous quels formidables joueurs ils demeuraient quand on leur donnait les clés.
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Didier Deschamps et Antoine Griezmann en pleine discussion lors d'un entraînement à Clairefontaine

Crédit: Getty Images

"Même si certains peuvent être en difficulté ponctuellement dans leurs clubs, comment peut-on remettre en cause les cadres que j'ai à disposition ?", s'est-il emporté au micro de la chaîne L'Equipe après la rencontre. Avant d'énumérer son cinq majeur d'intouchables : "Que ce soit Hugo (Lloris), Antoine (Griezmann), Paul (Pogba), NG (Kanté) ou Raphaël (Varane)." A savoir la base sur laquelle s'appuient les Bleus depuis cinq ans.

Fidèle mais pas borné

Deschamps défendra toujours becs et ongles ceux qui ont rendu service à l'équipe de France et il ne discutera jamais leur fiabilité. Qu'importent les secousses en club. Un principe qui s'est appliqué aux membres fondateurs de la première partie de son mandat : Laurent Koscielny, Mamadou Sakho et Karim Benzema ont connu des soubresauts à Arsenal, Liverpool et en équipe de France. Ils ont conservé la confiance de Deschamps jusqu'à ce que les blessures, une suspension injuste pour dopage et une affaire extra-sportive finissent par les éloigner du groupe.
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Didier Deschamps et Paul Pogba

Crédit: Getty Images

Ce qui valait pour eux hier vaut aujourd'hui pour Pogba, Varane, Griezmann mais aussi Hugo Lloris, très critiqué avant le Mondial russe, Benjamin Pavard, en difficulté après le sacre de 2018, Blaise Matuidi, qui a goûté le banc de touche à son arrivée à la Juventus, ou, bien sûr, Olivier Giroud. Le cas du deuxième meilleur buteur de l'histoire des Bleus est symptomatique. Parce que cette victoire au Portugal montre aussi que la confiance de Deschamps n'est pas une assurance tout risque. S'il trouve une solution, DD peut trancher et il n'a pas fait de sentiment au moment de choisir Martial plutôt que Giroud avant de le mettre devant ses responsabilités après le match. Comme il l'a fait avec Matuidi, boudé depuis son départ aux Etats-Unis.

Rabiot, Martial : qui aurait pu les imaginer il y a un an ?

Deschamps est fidèle mais pas borné, pragmatique comme on aime le caricaturer. Le onze aligné face au Portugal l'a prouvé une ultime fois. Qui aurait pu imaginer il y a un an voir démarrer Adrien Rabiot et Anthony Martial auprès de huit champions du monde pour le match le plus important de l'année ? Personne. Sauf Deschamps sans doute. Le sélectionneur a rattrapé par le col deux brebis égarées.
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Martial-Giroud, le duel que l'on n'attendait pas

Deux joueurs dont il avait très vite décelé le potentiel avant de s'en éloigner. Martial et Rabiot ont laissé passer leur première chance en Bleu. L'Euro 2016 raté du Mancunien a franchement contrarié son sélectionneur et que dire du refus du Turinois de figurer parmi la liste des suppléants pour le Mondial 2018 ? Mais Deschamps, pas si conservateur que cela, a fini par les rappeler. Là-encore, les deux hommes le lui ont bien rendu à Lisbonne. La France a signé son succès le plus convaincant depuis la Russie. Et encore une fois, il porte la marque de son sélectionneur.
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