Ligue Europa I Le Celtic va mal, les Rangers aussi : À Glasgow, deux géants en crise
C'est une hégémonie longue de quarante ans qui pourrait se terminer d'ici quelques mois. En Écosse, les deux clubs de Glasgow, qui se partagent tous les titres de Premiership depuis 1985, connaissent chacun de leur côté un début de saison poussif. Pendant que le Celtic fait face à la fronde de ses supporters, les Rangers ont décidé de changer d'entraîneur afin de sauver ce qui peut encore l'être.
James Tavernier et Kieran Tierney lors du match entre les Rangers et le Celtic
Crédit: Getty Images
À toi, à moi, à toi, à moi. Depuis quatre décennies, si le titre du championnat écossais n'a pas changé de localité (Glasgow), il ne cesse de jongler entre les deux clubs rivaux de la ville : le Celtic d'un côté, les Glasgow Rangers de l'autre. Bilan des courses : ils trônent chacun à 55 titres (!) au compteur. Une hégémonie sans fin et qui dure depuis 1985, lorsque le Celtic succédait à Aberdeen au palmarès. Depuis, aucune équipe n'est parvenue à s'immiscer dans cette bataille féroce entre deux géants que tout oppose tant sur le plan sportif que culturel. Mais depuis deux bons mois, ils suivent pourtant une trajectoire commune, celle des résultats et des déboires. Au point que les supporters du Celtic n'osent même plus chambrer ceux des Rangers, et vice-versa.
Pendant ce temps, le Heart of Midlothian FC, inattendu leader de Premiership après huit journées, poursuit son rêve de briser l'emprise hégémonique des deux mastodontes du pays. C'est même plutôt bien parti, en tout cas, avec cinq points d'avance sur le Celtic, son dauphin, qu'il affronte ce week-end à Tynecastle. En cas de victoire, le club basé à Édimbourg en prendrait huit et frapperait un très gros coup. Au classement, déjà, puis sur la tête des hommes de Brendan Rodgers, sans aucun doute.
Battu sur la pelouse du Dundee FC dimanche dernier (0-2), une première depuis 1988, le Celtic peine à sortir la tête de l'eau depuis son échec en qualifications pour la Ligue des champions face au modeste FK Kaïrat Almaty (Kazakhstan). Les "Bhoys" sont même sérieusement contestés par leurs supporters, qui pestent autant pour le rendement de leur équipe que pour un mercato estival jugé grandement insuffisant. Pour faire dans l'originalité, outre des sifflets vus et revus, ils n'ont pas hésité à lancer des balles de tennis et de ping-pong dimanche dernier sur la pelouse de Dens Park, provoquant ainsi l'interruption du début de la rencontre. Puis des chants hostiles ont également été lancés envers les dirigeants du club, les invitant à démissionner et faire leurs valises le plus vite possible.
Un mercato pourri
"Ils ont fait un mercato pourri, déplorait l'ancien attaquant du club Chris Sutton (2000-2006) au micro de Sky Sports après l'ultime défaite de dimanche dernier. Ils n’ont tout simplement pas la qualité. Le Celtic a d’énormes problèmes, ils doivent attendre janvier et rester au contact. C’est une équipe très moyenne et je pense que Brendan (Rodgers) le reconnaît. L'arrivée de Kelechi Iheanacho (en toute fin du mercato estival) résume tout, c'était du désespoir. Je ne dis pas que c'est un mauvais joueur, mais quand on repense à l'époque où le Celtic faisait tourner Giorgos Giakoumakis et Kyogo Furuhashi, cette qualité, c'est toute la différence." Fini, donc, le temps des gloires comme Billy McNeill, Henrik Larsson ou encore Scott Brown ?
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Les supporters du Celtic réclament le départ des dirigeants du club
Crédit: Getty Images
"L'effectif que nous avons, ce sera celui jusqu'à janvier, a prévenu Brendan Rodgers, qui ne se cherche aucune excuse. C'est un véritable défi pour nous, sur tous les matchs que nous avons, et nous devons le relever. C'est ma responsabilité d'essayer de trouver ces solutions (...) C'est un moment difficile pour nous. Nous devons nous améliorer et, en fin de compte, nous devons d'abord et avant tout nous concentrer sur le terrain. La contestation des supporters ? Elle n'a rien à voir avec le fait de défendre sur un corner ou de perdre le ballon en contre. Maintenant, nous devons nous reprendre." Et si possible contre le Sturm Graz, ce jeudi soir (21h), en Ligue Europa.
Car sa position, pour l'heure, demeure fragile. En coulisses, le conseil d'administration du Celtic n'aurait plus vraiment confiance en son entraîneur. Et sa relation avec Paul Tisdale, le responsable de toutes les opérations sportives liées au club, ne serait plus vraiment sereine, notamment après des divergences sur le mercato. Certaines rumeurs indiquent même que plusieurs joueurs auraient carrément été imposés à Rodgers, à son grand regret. Et si sa troisième saison sur le banc des "Bhoys" était celle de trop ?
Chez les Rangers, c'est encore pire
De l'autre côté de la ville, chez les Rangers, la situation n'est guère plus folichonne. Une victoire, une défaite... et six nuls : ils ne pointent qu'à la sixième place de Premiership, relégués à 13 points du leader. Un gouffre. Et en Ligue Europa, le bilan est aussi sans appel : deux défaites en deux matches. Nommé en juin dernier, Russell Martin a rapidement payé les pots cassés en se voyant indiquer la porte de sortie début octobre juste après avoir concédé un nul sur la pelouse de Falkirk (1-1). Son deuxième licenciement en moins d'un an après Southampton. Si l'idée d'un potentiel retour de Steven Gerrard sur le banc a fait son chemin, c'est finalement l’Allemand Danny Röhl qui a reçu les faveurs des "Gers" après un processus de recrutement qui a pris un certain temps.
"Le Rangers Football Club confirme aujourd’hui la nomination de Danny Röhl au poste d’entraîneur-chef de l’équipe première masculine. Röhl était récemment à la tête de Sheffield Wednesday et rejoint désormais les Rangers pour un contrat initial de deux ans et demi", pouvait-on lire dans le communiqué du club écossais, qui a perdu plusieurs éléments lors du dernier mercato, dont Hamza Igamane, parti à Lille pour une dizaine de millions d'euros. Une grosse perte pour les Rangers, puisque l'international marocain avait inscrit 16 buts et 3 passes décisives en 46 matches la saison dernière, ce qui lui avait valu une première sélection avec l'équipe nationale A du Maroc face au Niger en mars 2025.
Finaliste malheureux de la Ligue Europa en mai 2022, l'autre club de Glasgow a vu, non sans mal, son voisin rafler les quatre derniers Championnats. Et même réaliser un treize sur quatorze depuis 2012. C'est sans conteste que le Celtic a récupéré la suprématie de la ville depuis plus d'une bonne décennie maintenant. "Nous traversons une période difficile, a analysé le directeur général Patrick Stewart cette semaine. Les supporters ont été frustrés et déçus par les résultats, tout comme nous. Nous sommes très peinés par notre situation actuelle et par le fait d'avoir déçu les supporters." Mais comment faire, alors, pour redresser un club qui ne cesse de glisser sur une pente dangereuse ?
"Nous devons maintenant nous tourner vers l'avenir, estime Patrick Stewart. La nomination de Danny nous donne l'occasion de repartir de zéro, de nous concentrer sur le fait de gagner des matches, et d'offrir aux supporters une source de fierté. C'est précisément ce sur quoi nous nous concentrons. Nous sommes extrêmement déterminés, d'autant plus que nous savons que le club n'est pas à la hauteur des attentes des supporters (...) Il nous appartient donc de redresser la barre, et nous travaillons d'arrache-pied. Nous sommes déterminés à atteindre nos objectifs, et nous les atteindrons au plus vite. Par ailleurs, nous nous concentrons sur la mise en place de fondations durables pour le club (dont la rénovation du stade, ndlr). Ce travail se poursuit en coulisses, mais nous comprenons que l'essentiel est le présent et qu'il s'agit de gagner match après match." Avec une seule victoire depuis le début de saison entre Premiership et Ligue Europa, ce serait en effet un bon début...
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