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Lycéens et champions du monde : la formidable épopée des sport-études du FC Annecy

Paul Citron

Mis à jour 15/08/2023 à 11:09 GMT+2

Une Coupe du monde de football a bien eu lieu cet été : celle des écoles, qui s’est déroulée du 22 au 31 juillet à Rabat, au Maroc. Et comme la dernière "vraie" Coupe du monde d’été en 2018, la France l’a remportée. L’équipe du lycée Charles Baudelaire d’Annecy s’est offert une formidable aventure humaine et sportive, qu’elle raconte à Eurosport.fr.

Les champions du monde de football scolaire sont Français. Crédit : ISF Sports

Crédit: Eurosport

Ils n’ont pas commencé leur carrière professionnelle, et certains ne la commenceront jamais. Pourtant, peu de footballeurs peuvent se targuer d’avoir vécu une aussi belle histoire que celle des lycéens du sport-études d’Annecy. Cette histoire a pris fin le 31 juillet dernier à Rabat avec le trophée de la Coupe du monde entre les mains, et commence au lycée Charles Baudelaire, dans l’ouest du chef-lieu de la Haute-Savoie.
Cette année, comme depuis 30 ans, Julien Pitard, responsable de la section, et Johan Roubault, coach du FC Annecy, ont dirigé en coordination les élèves de la section sport-études du lycée Charles Baudelaire. La structure a fait ses preuves dans le coin, le club local s’appuie depuis plusieurs années sur sa formation. "Les joueurs se connaissent bien : en plus de jouer ensemble avec l’équipe du lycée, ils évoluent tous au FC Annecy en club", détaille Julien Pitard.
On bat Rodez en finale du championnat de France. Si on avait su qu'à la fin de l'année, Annecy et Rodez feraient l'actualité en Ligue 2...
Au début du mois de février, avant les premières épreuves du baccalauréat, les Haut-Savoyards ont ramené un beau trophée à leur établissement : celui de champion de France scolaire, glané après une phase finale disputée dans la lointaine Bretagne. "C’était déjà une première pour Annecy depuis l'ouverture de la section, rappelle-t-il. Et puis, on bat Rodez en finale (0-0, 5-4 T.A.B.). Si on avait su qu’à la fin de l’année, Annecy et Rodez feraient l’actualité en Ligue 2…"

Dix jours pour rêver

Cinq mois plus tard, les Annéciens sont donc partis au Maroc, pour la Coupe du monde de football scolaire, représenter la France. Au milieu du mois de juillet, le lycée est fermé et la saison est finie, alors la préparation n’est pas optimale. "On leur a donné un programme à suivre, et on les a retrouvés au moment de monter dans le bus." Nahil, Wael et leurs coéquipiers prennent alors la direction de Rabat, sans savoir ce qui les attend.
A leur arrivée sur le sol marocain, les jeunes Haut-Savoyards mesurent l’ampleur de l’événement auquel ils vont prendre part. "On avait un bus avec ‘France’ écrit dessus, on avait des maillots avec ‘France’ écrit dessus, une escorte policière", se souvient Nahil, encore impressionné par ce qu’il raconte au téléphone. "Pendant la cérémonie d’ouverture, avec les drapeaux et les équipes qui défilent, je me suis dit : ‘mais c’est une vraie Coupe du monde, en fait'", rejoue Wael.
Les matches de poules débutent. France-Chili, France-Népal, puis France-Ouganda, match à quitte ou double. Les Annéciens sont prévenus, les sélections africaines sont très dangereuses. "Le système scolaire sur le continent africain fait que souvent, dès le lycée, les jeunes de la sélection nationale sont réunis, explique Johan Roubault, coach de l’équipe. En gros, on jouait contre la sélection ougandaise." Ça passe, mais rebelote au tour suivant, en quarts de finale : c’est l’effrayant Bénin qui se présente.

Epopée sportive, aventure humaine

Annecy, enfin la France donc, fait le dos rond, subit, frise l’élimination, mais l’emporte 1-0 au bout du temps réglementaire. "C’est là que je me suis dit : ‘OK, on peut faire quelque chose’", avoue Nahil, qui ne sait pas encore qu’il va marquer la demi-finale contre la Croatie de son empreinte. "C’est mon meilleur souvenir personnel. Je mets un doublé, je fais une passe décisive, devant ma famille et mes amis qui avaient fait le voyage… C’était une immense fierté." 3-2, victoire à l’arraché : les lycéens d’Annecy foncent en finale, face au Maroc hôte, dans le stade Moulay-Abdallah de 45 000 places.
Tout se passe en moins d’une semaine, dans l’effervescence de la capitale marocaine, qui a mis les petits plats dans les grands pour accueillir la fine fleur du football scolaire mondial. "Les terrains, la logistique, le logement : l’organisation était exceptionnelle", tient à faire remarquer Johan Roubault, qui ne tarit pas d’éloges au sujet de l’accueil réservé par les Marocains, et des infrastructures mises à disposition par la Fédération internationale du sport scolaire, l’ISFS.
On a trouvé le juste milieu, entre bonne humeur et compétition
Au succès sportif se conjugue un bouillonnement multiculturel qui ravit aussi bien les coaches que les joueurs. "On mangeait avec des Népalais, on dormait avec des Bulgares, on a rencontré plein de nations, plein de cultures. Et dans tout ça, les garçons ont fait preuve de beaucoup de sérénité. Ils m’ont impressionné", avoue le coach. Wael abonde en riant. "Les autres pays sont à fond sur nous ! Tu passes, on te parle tout de suite de Mbappé… On a compris que la France était un pays renommé. Mais on a trouvé le juste milieu, entre bonne humeur et compétition. Le fait de s’ouvrir, de découvrir plein de choses, c’était génial, mais on est restés concentrés."
On pourrait croire qu’ils en ont vu d’autres, mais justement non. Quand arrive le jour de la grande finale contre le pays hôte, dans le grand stade de Rabat, la pression monte à peine. Même avec l’ambassadeur français au Maroc, Christophe Lecourtier, installé dans les tribunes, après avoir reçu l’équipe la veille dans son bureau. "On avait une telle force collective. J’avais l’impression qu’on était imbattables", avoue Wael. Une impression partagée par tous, et qui prend vie sur la pelouse. Les Bleus souffrent, encore et toujours, mais Wael ne tremble pas, au moment de pousser le ballon dans le but vide marocain après un centre venu de la droite. "J’ai regardé la tribune, j’ai pointé ma famille du doigt. J’étais tellement fier."
La taille du crève-cœur pour les jeunes Marocains est proportionnelle à celle de la joie des Français. "C’était la dernière fois qu’on jouait tous ensemble, en plus, envisage Wael. Comme le sport-études est fini, il y en a plusieurs qui ont dû quitter le club. Finir là-dessus, c’était incroyable." Les cris dans le stade, les confettis au moment de soulever le trophée… La soirée est irréelle. "On me demandait mon maillot, on m'interrogeait sur toutes les chaînes de télé marocaines, il y avait des jeunes et des parents qui me demandaient des autographes…"
Wael n’a pas trop pu profiter de la dernière soirée des nations, organisée après l’événement à la Cité universitaire internationale de Rabat, où chaque délégation tenait un stand avec de la nourriture. "Moi, je voulais garder mon maillot de la finale, mais tout le monde voulait me proposer un échange !" Nahil, lui, en a un peu plus profité. "Il y avait un petit gâteau brésilien, comme un sablé, qui était super bon." L’aventure a duré dix jours à peine, avant le retour à la préparation. Nahil et Wael ont repris le wagon des entraînements avec la réserve du FC Annecy. Et Julien Pitard sait que ni l’un ni l’autre n’ont pris la mesure de leur titre un peu original. "Ils ne se rendent pas compte encore, c’est normal. Mais ils s’en souviendront toute leur vie."
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