La Croatie a changé

Entre la France et la Croatie, on pourrait faire de nombreux parallèles. Des points communs qui vont bien au-delà de leurs sélectionneurs, Blanc et Bilic, qui se sont déjà croisés sur les terrains - on s'en souvient - en demi-finale de la Coupe du monde 1998. Comme les Bleus, les Croates sont en reconstruction. Une entreprise qui a débuté bien avant le Mondial 2010, date à laquelle les Tricolores ont touché le fond. La sélection au maillot à damier, elle, a échoué avant cela, lors de la campagne de qualification. Un échec douloureux dans un pays qui vit toujours dans la nostalgie de Davor Suker et de la génération 98. Depuis, les Croates ont simplement atteint un quart de finale lors de l'Euro 2008 où ils ont buté face à la Turquie (1-1, 1-3 t.a.b.). "Mon équipe est encore jeune, explique Slaven Bilic. Son objectif, c'est la Coupe du monde 2014. Je ne dis pas ça pour mettre la pression sur le manager qui prendra ma succession après l'Euro 2012. D'ailleurs, à cet Euro, nous pouvons faire de belles choses".

La différence avec l'équipe de France, c'est justement que la qualification pour l'Euro 2012 n'est pas aussi bien engagée. Invaincue jusqu'à samedi, la Croatie a connu son premier revers de la campagne, en s'inclinant 1-0 à Tbilissi face à la Géorgie. Un revers surprenant qui lui a coûté la première place du groupe puisque la Grèce s'est imposée sur le fil à Malte (1-0). Autant dire que le moral des Croates a pris du plomb dans l'aile avant de décoller pour Paris. Mais Bilic veut voir dans ce match amical face à la France une occasion de rêver de remettre les pendules à l'heure. "C'est très intéressant pour moi de venir avec mon équipe ici, jouer contre un adversaire qui est très fort, a-t-il confié lundi. C'est une très belle opportunité pour mon équipe de se relancer et de montrer ce que vaut vraiment cette équipe de Croatie".

Ce qu'elle vaut vraiment, c'est une huitième place au classement FIFA. De son côté, la France émerge seulement au 18e rang. Si elle court toujours après son lustre d'antan, la Croatie n'est donc pas un adversaire à prendre à la légère. Elle compte dans ses rangs quatre représentants de Tottenham (Kranjcar, Modric, Corluka, Pletikosa), encore en lice en quarts de finale de la Ligue des Champions. Elle a surtout connu un net redressement depuis la prise de fonction de Bilic, arrivé à la tête la sélection après une humiliante élimination au 1er tour de la Coupe du monde 2006 par l'Australie (2-2). Depuis, le bilan de l'ancien défenseur central parle de lui-même : 34 victoires, 10 nuls et seulement 5 défaites en 50 matches ! Bilic peut donc se permettre d'adresser ce message aux Bleus : "On n'a peur de personne". "Mais je répète que pour moi, ça reste une des meilleures équipes du monde. En attaque, il y a des joueurs très dangereux comme Benzema, Nasri, Malouda, Gourcuff", précise-t-il néanmoins.

Pour la Croatie, ce match aura valeur de test avant de retrouver les qualifications face à la Géorgie, le 4 juin, et de préparer un choc qui pourrait être décisif en Grèce, le 7 octobre. Mais, une fois n'est pas coutume, Bilic se réjouit d'affronter une formation qui présente le même style de jeu. "On attend avec impatience le match de demain, avoue Bilic. La plupart du temps, on joue contre des équipes qui nous donnent le ballon et qui défendent. On espère qu'on pourra nous aussi être dangereux pour la défense française". Voilà qui changera du Luxembourg. Vedran Runje s'attend donc à un match ouvert et spectaculaire. "On a une équipe qui aime jouer au football, explique le gardien de Lens. On ne ferme pas le jeu. On laisse des espaces à l'adversaire. On l'habitude de construire et pas de jouer en contre-attaque. On a tout pour faire un grand match face à la France". Une équipe qui joue, qui se reconstruit et qui gagne, ça rappeler quelque chose à Laurent Blanc.