Joli coup de l'Angleterre

Fabio Capello n'est pas Italien pour rien. Dominée de bout en bout dans la rencontre amicale de gala organisée samedi à Wembley, son Angleterre est tout de même parvenue à infliger aux champions du monde espagnols leur quatrième défaite (Après celles face à l'Argentine, le Portugal et l'Italie) depuis leur sacre sud-africain (1-0). Comment? En s'accrochant comme des damnés en défense et en ouvrant le score sur leur première et dernière occasion du match. Sur un coup franc excentré de James Milner à 35 mètres des cages de Pepe Reina - qui venait de remplacer Casillas à la mi-temps - Daren Bent, de la tête, trouvait le poteau. Mais, opportuniste, Frank Lampard n'avait plus qu'à pousser la balle de la tête dans le but vide (48e). Sur cette ouverture du score, le capitaine d'un soir a fait coup double: il a offert une victoire de prestige à son équipe tout en sauvant sa prestation personnelle, jusque là médiocre. A huit mois de l'Euro, Capello peut se féliciter de la solidarité affichée par sa défense. L'Espagne, de son côté, doit s'interroger sur ses problèmes de réalisme.

Emmenés par David Silva, l'homme qui survole la Premier League cette saison, les champions du mondes ont pourtant d'entrée de jeu imposé leur rythme et leurs mouvements habituels. Combatifs et concentrés en défense, les Anglais ont eu alors beaucoup de mal à ressortir proprement le ballon. Face au pressing très haut de Busquets et Xabi Alonso, les hommes de Fabio Capello ont peiné à aligner trois passes consécutives. Trop juste techniquement, Parker, Jones et Lampard ne sont jamais parvenus à trouver Bent et Walcott dans la profondeur. Titularisé dans le couloir gauche, James Milner a très peu combiné avec Ashley Cole. Incapable de faire la différence sur Arbeloa, le milieu offensif de City a constamment mis son équipe sur le reculoir en multipliant les passes en retrait.  Résultat, les Anglais ont très vite été étouffés dans leur camp, subissant l'habituelle passe à dix des ibériques, sans se rebeller. Heureusement pour eux, les Espagnols affichaient trop de déchets dans la dernière passe pour s’offrir des occasions franches.

L'ouverture du score de Lampard (49e), dès le retour des vestiaires, n'a pas changé grand-chose au scénario. Asphyxiés, les Three Lions n'arrivaient même pas à profiter, en contre, des espaces énormes laissés dans leur dos par les latéraux de la Roja. Capello a eu beau exhorter ses joueurs à sortir de leurs trente derniers mètres, rien n'y a fait. Au contraire, la domination des coéquipiers de Xavi est devenue encore plus pressante lors de la dernière demi-heure. Une domination territoriale qui restait toutefois stérile, car malgré son monopole sur le ballon, l'Espagne a peiné à se créer des occasions franches. Entré à la 65e minute en remplacement de Busquets, Fernando Torres  a toutefois donné un autre visage à la partie. Sans briller lui-même, l'attaquant de Chelsea a ouvert des brèches énormes à ses partenaires.

Une frappe enveloppée de Villa sur le poteau (73e), un centre vicieux de Mata dans les six mètres de Joe Hart qui ne trouvait pas preneur et, surtout, une frappe en pivot au ras du poteau de Fabregas (89e) auraient pu donner une dimension plus juste au score. Mais à l'image d'une charnière centrale Jagielka-Lescott exemplaire, les coéquipiers d'Ashley Cole n'ont rien lâché. Ultra-réaliste, combative et solidaire, l'Angleterre peut savourer une victoire qui peut la pousser à huit mois de l'Euro. Une nouvelle fois battue par une grande nation, l'Espagne doit, elle, retrouver cette agressivité devant le but qui l'a mené sur le toit du monde il y a un an et demi.