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Matches sans public : avec le Covid-19, le péril est de plus en plus en la demeure

Loris Belin

Mis à jour 22/12/2020 à 09:59 GMT+1

Le Covid-19 contraint le football européen à continuer dans des stades à huis-clos, ou presque. Sans soutien ni chants de supporters, l'ambiance s'en ressent forcément dans les enceintes. Et les premières corrélations se confirment dans les résultats des équipes évoluant à domicile.

Emirates Stadium

Crédit: Getty Images

Peut-on encore parler d'avantage d'être à domicile quand sa maison est vide ? Le coronavirus a fait naître une nouvelle réalité (parmi tant d'autres) : celle des matches de football sans fans, sans kop, sans vie. Pour endiguer la propagation de la pandémie, les mesures sanitaires imposent d'éviter les rassemblements. Le Covid-19 a déjà créé quelques inégalités sportives, avec des effectifs plus ou moins touchés et des calendriers parfois densifiés à l'extrême par les matches reportés. Une autre nouvelle donne tend à se vérifier depuis le début de saison et un échantillon plus large de rencontres : le prétendu avantage à domicile est de moins en moins vrai.
Le week-end dernier en Ligue 1, une seule équipe s'est imposée dans son stade, le FC Metz contre Lens (2-0), contre quatre défaites. Quelques jours plus tôt, le 15e journée s'est conclue sur un rarissime 6/10 pour les équipes évoluant à l'extérieur. L'enchaînement des matches en décembre peut être un ingrédient susceptible de rebattre les cartes. Mais la tendance est bien plus large. Depuis le début de la saison en Ligue 1, on compte presque autant de succès à domicile qu'à l'extérieur (61 contre 59). Avec 37% de succès des visiteurs depuis le début de saison, le championnat de France explose ses compteurs, avec des ratio compris habituellement entre 24 et 29% depuis le début de la décennie.

A Saint-Etienne comme à Strasbourg, les Chaudrons sont éteints

"Il y a le problème d’absence du public qui est important quand on joue à domicile, il pousse derrière son équipe et lui permet d’être plus vaillante, expliquait l'entraîneur Michel Der Zakarian après le revers de Montpellier à la Mosson contre Metz le 16 décembre. Ça peut inhiber aussi l’adversaire par moments mais c’est le football d’aujourd’hui." "Il n’y a pas que nous qui ne gagnons pas à domicile" insistait, à raison, le technicien héraultais.
Sans son bouillant public vert, Saint-Etienne sent peut-être un peu plus la différence qu'ailleurs. Même si l'ASSE peine sur comme en dehors de ses bases (14e dans les deux cas), le silence de Geoffroy-Guichard commence à peser. "On ne s'habitue pas à l'absence de public, appuie le coach Claude Puel. C’est un manque. On fait un métier pour partager des émotions. On a aussi besoin de soutien quand on passe par des moments difficiles. Sentir nos supporters près de nous et les entendre, c’est primordial."
Rennes, et son Roazhon Park en fusion dans les grands rendez-vous, a déjà perdu autant de matches à la maison cette saison qu'au terme de l'exercice précédent (quatre victoires, un nul et trois défaites en 2020-2021, neuf victoires, deux nuls et trois défaites en 2019-2020). Si l'Allianz-Riviera de Nice est moins reconnu pour son volume en décibels, il a toujours garanti au Gym une place dans les six meilleures équipes de Ligue 1 à domicile depuis 2015-2016. Cette saison, les Aiglons sont très loin du compte : 17e bilan, avec cinq revers en huit déceptions. Strasbourg fait encore pire : une seule victoire en huit matches (18e) dans une Meinau éteinte et sans âme, là où le 12e homme alsacien s'est montré si souvent précieux ces dernières années.
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L'Allianz Riviera de Nice sans public durant le match de Ligue 1 Nice - Lens

Crédit: Getty Images

Un mal qui dépasse les frontières

Le constat ne s'arrête pas à l'Hexagone. Si la Bundesliga, plus ouverte, et l'Italie, constante par rapport à la saison dernière déjà exceptionnelle, restent dans les clous, le changement de paradigme se confirme aussi en Angleterre et en Espagne. Et personne n'est épargné, pas même les plus grands. Le Real compte déjà deux défaites en six matches de Liga à Bernabeu. Et il n'a pu faire mieux que 2 matches nuls en trois matches en C1.
La palme du cas le plus spectaculaire revient probablement à Arsenal. Le début de saison totalement raté des Gunners n'a pu être compensé par l'appui de son public. Ces dernières années, pourtant loin d'être enthousiasmantes pour le palmarès du club londonien, avaient pourtant maintenu une vérité presque immuable : les Canonniers restent maîtres en leur forteresse. 2e bilan à domicile en 2017-2018, 3e en 2015-2016, 2016-2017 et 2018-2019, 4e en 2011-2012, 2013-2014 et 2014-2015, 5e en 2010-2011 2012-2013 ou au pire 6e en 2019-2020 (à égalité avec Chelsea, 4e de la saison)… Bien mieux qu'un 16e bilan provisoire indigne de leur rang et de leurs moyens. Autre bastion historique d'Outre-Manche, Manchester United a redoré ses statistiques dimanche grâce à son 6-2 face à Leeds. Avant ce carton, le bilan à Old Trafford des Mancuniens était famélique : une victoire, cinq points et seulement trois buts inscrits en six matches.
A l'image de ces deux cadors, c'est toute la Premier League qui perd ses repères. 41% des rencontres se sont conclues sur une victoire à l'extérieur cette saison, contre 31% en 2019-2020. C'est simple, une équipe visiteuse l'a plus souvent emporté que celle qui recevait (56 contre 50). La Bundesliga prend le même chemin, la Serie A maintient jusqu'alors l'équilibre (46 victoires à domicile comme à l'extérieur) et seule la Liga fait régner l'ordre normalement établi (30% de victoires à l'extérieur, 41 succès contre 54 à domicile). Le "football d'aujourd'hui" comme le dit Michel Der Zakarian ne manque décidément pas de surprises.
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