Matuidi, homme élastique

Pour son deuxième match de suite avec l'équipe de France, Blaise Matuidi a rendu une copie qui met en lumière ses qualités, au regard du niveau de l'opposition. Utile à une équipe, le milieu parisien montre une progression fulgurante depuis l'arrivée d'Ancelotti.

Au premier coup d’œil, ça ne donne pas l’envie d’y remettre un regard. Les spécialistes font même souvent une moue dubitative, la première fois. La technique de balle semble incertaine, chaque passe s’accompagne d’une grimace et de mains en forme de vagues, alors que le corps bascule en arrière lorsqu'il frappe de l’intérieur du pied gauche. Le farceur n’apparaît pourtant pas au casting du prochain spectacle d’Arlette Gruss, il est titulaire indiscutable au Paris Saint-Germain, en passe de le devenir chez les Bleus, et on n’y voit même pas de supercherie. C’est qu’il a pris du galon, Blaise. Impérial à la récupération face aux stratèges espagnols, deux semaines après avoir été le meilleur parisien à Porto - où tout le monde a sombré - cela ne peut plus être un hasard, alors que l’on promettait l’enfer aux ouailles de Deschamps sans Diaby et Mavuba.

« On peut dire qu'on manque d'expérience internationale. Mais regardez Matuidi qui n'a pas beaucoup d'expérience…» Le sélectionneur tricolore était aux premières loges d’Espagne-France, mardi soir, et il a vu la même chose que tout le monde : dix interceptions à lui seul, l’ancien stéphanois a crevé l’écran pour sa grande première chez les Bleus, alliant les qualités qu’on lui connaît – vaillance, intelligence, agressivité, endurance. Et si Benzema n’avait pas tardé, sa passe en fin de match aurait même pu être décisive. Plus que de marquer des points, le Parisien confirme une montée en puissance qui a débuté sous l’ère Ancelotti. « Matuidi progresse très vite » affirmait le Mister le mois dernier, qui lui a fixé des axes de progression à l’entraînement, pour améliorer son jeu vers l’avant.

Buteur contre Bastia (4-0), « l’homme élastique » confirme au fil des semaines son amélioration dans la première prise de balle et le bon signe, pour lui, reste sa capacité à s’améliorer chaque jour davantage, les grandes compétitions qu’il découvre l’aidant à réaliser ses objectifs. Si sa palette défensive l’a toujours rendu précieux pour une équipe qui recherche l’équilibre, sa lecture du jeu nouvelle lui offre de nouvelles perspectives. Samedi, contre Reims, Matuidi sera le premier nom qu’accouchera Ancelotti sur sa feuille de match (Thiago Motta et Chantôme sont blessés, Verratti suspendu) et vu la fortune dépensée par le PSG depuis seize mois, cela démontre en quelque sorte le chemin parcouru par un joueur qui ne déclenche plus les ricanements. Pas chez les champions du monde espagnols, en tout cas.